Des chercheurs de Pittsburgh vont essayer de refroidir le corps de patients grièvement blessés en remplaçant leur sang par une solution saline. Un pas de plus vers la cryogénisation ?
Quelle déception. Ainsi, tous les rêves s’envolent, la magie disparaît. D’après les sérieuses recherches menées dans le cadre de cette rubrique, nous apprenons que Walt Disney n’a pas été cryogénisé après sa mort pour être ressuscité le jour où l’on sera capable de le soigner.
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C’est une légende urbaine. Ah, vous devez bien ricaner, vous qui saviez et vous gaussez à chaque évocation de ce bruit qui court depuis trop longtemps. Nous rejoignons les rieurs, maintenant. Non, Disney a choisi la méthode inverse d’une certaine manière : ses cendres sont au cimetière de Los Angeles. La technique de cryogénisation n’est de toute façon pas encore au point. Jusqu’à récemment, la seule méthode connue, à peu de choses près, la voici : ouvrir la porte du congélateur, y entrer, refermer, terminé. Et attendre quelques siècles que les magiciens du futur nous raniment. Un coup de froid qui achève le mort, rien de plus.
Mais la recherche progresse. Avec leur nouvelle technique, les chercheurs du Presbyterian Hospital de Pittsburgh ont réussi à maintenir au frais (10°C) les corps de porcs encore vivants le temps d’intervenir sur leurs blessures en remplaçant le sang par une solution saline. Ils viennent d’obtenir l’autorisation de tester l’opération sur des humains. Intéressant. Mais on est encore loin de la cryogénisation. Cet état hypothermique salvateur ne peut durer plus de deux ou trois heures. Mais les rêves vont plus vite que la science. Des entreprises, tel le Cryonics Institute aux Etats-Unis, proposent déjà une « vitrification » post mortem, c’est-à-dire une congélation à l’azote liquide à – 196°C, pour une centaine de milliers de dollars. La technique a l’avantage de ne pas abîmer les tissus, mais ne donne pas le mode d’emploi pour le réveil. Il faudra attendre qu’on ait trouvé la solution.
La cryogénisation, c’est le pari de Pascal : « Si vous gagnez, vous gagnez tout ; si vous perdez, vous ne perdez rien. » Mais c’est reculer pour mieux sauter. Admettons que l’on ressuscite les cryogénisés d’aujourd’hui dans trois siècles. Et ensuite ? Seront-ils à l’abri de la mort dans leur nouvelle existence ? Le froid conserve en l’état mais ne rajeunit pas. Au bout de quelques années, il faudra se faire à nouveau cryogéniser. Et puis à nouveau, etc. Le combat est perdu d’avance.
Rien d’étonnant à ce qu’on ait voulu voir le créateur de Disney refroidi, au sens propre. La cryogénisation, c’est l’happy end en suspens, un espoir possible, comme dans un bon vieux dessin animé, une confiance optimiste en l’avenir. Mais c’est aussi oublier un peu rapidement la menace du réchauffement climatique.
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