Queen B, enceinte, remporte la palme de la photo la plus likée du réseau social.
Trois cœurs
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Alors que les artistes du monde entier se mobilisaient contre le “Muslim ban” de Trump (bloqué depuis par la justice), Beyoncé annonçait être enceinte de jumeaux en postant, le 1er février sur Instagram, une photo d’elle ventre apparent et légende explicite. Avec plus de sept millions de clics en 24 heures, l’image devenait la plus likée du réseau social, détrônant un post de Selena Gomez sponsorisé par Coca-Cola. Plutôt du genre menu XXL, Queen Bey recouvrait dès le lendemain son site officiel de photos toutes plus improbables les unes que les autres, assorties de poèmes pseudo-philosophiques de l’Anglo-Somalienne Warsan Shire, ainsi que de la punchline “I have three hearts” (“j’ai trois cœurs”). Plus kitsch, tu meurs.
De Botticelli à LaChapelle
L’image convoque La Naissance de Vénus de Botticelli comme la flamboyance des mises en scène de Pierre et Gilles, David LaChapelle ou Jeff Koons période Cicciolina, et s’inscrit dans une esthétique pop faite de croisements et de mixages. Posant sur un trône de fleurs et de feuillages, les mains sur le ventre, Beyoncé incarne l’Amour maternel, la Vie, le Bien dans une lecture dichotomique et starwarsienne d’un monde où Donald Trump serait le Mal. Si son voile évoque mariage et chasteté, sa transparence révèle un corps érotisé par la présence de sous-vêtements rappel de la Culture (pop) dans cette représentation de la Nature. Sur un autre cliché, la star rejoue la pose de la Vénus du Titien, dont la nudité épanouie transpire pureté et séduction. Ailleurs, la voici avec le fameux buste de Nefertiti, reine égyptienne réputée pour son pouvoir et sa beauté.
Vénus noire
En exposant son corps quasi nu au monde entier, l’ex-Destiny’s Child, modèle et commanditaire, en fait un objet de culte divin. Depuis plusieurs années, sa stratégie consiste à embrasser le storytelling le plus outrancier afin d’asseoir un statut de femme forte et puissante, mariée, mère et pourtant indépendante. Le résultat est si calculé, démesuré et premier degré qu’il en est fascinant. En se couronnant Reine (de tout et de rien, on ne sait plus très bien), dont la vie privée concernerait ses sujets, Beyoncé s’inscrit dans une démarche performative s’appropriant le “Yes we can” de son pote Obama tel un mantra ou le mythe US du self made-(wo)man, pour bâtir son propre trône. Et si – derrière les considérations médiatico-people –, cette Vénus noire devenue sujet, porteuse d’Amour et de Vie, constituait un message de rébellion anti-Trump ?
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