La toute neuve marque Béton Ciré revisite des accessoires phares du vestiaire marin et les urbanise. Le styliste de 32 ans Mario Faundez l’a crée avec son amie Amélie Le Roux. Le mélange des genres explique le nom évocateur, Beton Ciré en référence à la fois au cirée jaune local et au « bitume » urbain de […]
La toute neuve marque Béton Ciré revisite des accessoires phares du vestiaire marin et les urbanise. Le styliste de 32 ans Mario Faundez l’a crée avec son amie Amélie Le Roux. Le mélange des genres explique le nom évocateur, Beton Ciré en référence à la fois au cirée jaune local et au « bitume » urbain de la culture street. Rencontre.
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Dans quel esprit est né Béton Ciré ?
Mario Faundez: L’idée nous est venue quand, suite à un week-end en Bretagne, Amélie m’a ramené un chapeau breton « miki » qui appartenait à son grand-père. Cet accessoire nous a tout de suite plu, il lui allait aussi bien à elle qu’à moi, son côté unisexe était séduisant. Amélie est d’origine bretonne, sa connexion avec la mer peut s’expliquer. Quant à moi, ce projet m’a beaucoup parlé parce que mon père a été marin dans sa jeunesse et qu’il a passé plusieurs mois à naviguer sur un grand voilier de la marine chilienne. Mes parents on traversé l’océan pour venir en Europe, la mer symbolise à la fois la séparation entre les deux continents et mon lien avec mon pays d’origine. Je pense que c’est lié à tout ça si je me suis lancé dans ce projet.
Quel a été ton parcours ?
J’ai fait mes études à l’atelier Chardon Savard et c’est là que j’ai rencontré Amélie. J’ai ensuite travaillé pour le WAD et rédigé mes premiers éditos mode. En parallèle, je dessinais des costumes pour des compagnies de danse hip-hop. Nous avons finalement déposé la marque Béton Ciré en juin 2013 et présenté notre première collection au salon Woman en septembre.
Comment avez vous repensé le « miki » ?
C’est un peu notre pièce iconique. Il s’agit d’un chapeau entre la casquette et le bonnet. Nous avons retravaillé la forme pour le rendre plus urbain. Il était essentiel pour nous de le faire en France. Le produit a commencé à très bien marcher à l’étranger, en Corée du Sud et à Londres avant de devenir un bestseller en France. Ce bonnet va à tout le monde, il n’est pas trop hip-hop mais trop hipster non plus.
T’étais-tu inspiré du fameux bonnet rouge du commandant Cousteau ou encore des images de marins qui peuplent l’imaginaire collectif, comme celles de Jean Genet par exemple ?
J’avais plutôt en tête l’image d’un vieux loup de mer dans un paysage venteux avec son caban. Je pensais aussi un peu à Corto Maltese. Je n’ai pas pensé tout de suite à Cousteau. Nous n’avons cependant pas cherché à revendiquer un héritage mais plutôt à récréer une identité propre, influencée à la fois par la mer et la ville. L’important, c’était surtout la réinterprétation urbaine de cet accessoire.
Comment expliques-tu ce regain d’intérêt pour le bonnet marin, la casquette ou le chapeau en général ?
Je crois que plusieurs paramètres sont à prendre en compte. La casquette a connu un boum il y a quelques années notamment à cause du monde de la musique, des rappeurs qui s’amusent à la porter de différentes façons. D’une manière générale, je pense que le chapeau est un moyen de faire twister son look en l’affirmant de manière assez directe. C’est également un moyen de marquer son appartenance à un groupe ou au contraire, de marquer sa différence. On peut dire que la mode masculine a connu une grosse évolution ces dernières années par rapport à la mode féminine. Le chapeau, c’est l’accessoire parfait pour apporter un peu d’originalité à son style sans forcément bousculer radicalement un certain classicisme du vestiaire masculin. Quant à la tendance marine, elle est présente depuis déjà plusieurs saisons.
Tu parles beaucoup du mélange entre art et mode. Dans ton travail, une des deux disciplines précède-t-elle l’autre ?
Quand j’étais à Chardon Savard, je dessinais beaucoup de personnages. Je m’inspirais de mangas, de films… Pour raconter un personnage, son histoire, je devais passer par l’apparence, donc par la mode. J’utilisais aussi le son, le mouvement. Hors, dans la mode, il faut souvent entrer dans telle ou telle case pour avancer. En plus, moi je n’étais pas dans une démarche industrielle, mais dans une démarche d’introspection. En rencontrant d’autres artistes, des sculpteurs par exemple, cela s’est fait naturellement.
Comment se fait-on une place en tant que jeune créateur ?
Il faut croire en son projet et s’entourer de bonnes personnes capables de le faire évoluer. Il doit évidemment être le mieux ficelé possible. Il ne fait pas se décourager même si l’on passe plusieurs nuits blanches à broder des perles et que l’on voit le lendemain une pièce entièrement brodée de perles vendue 10 euros chez H&M made in Bangladesh !
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