Mais que sont devenus les anciens transfuges socialistes ? La reconversion et le retour dans les bonnes grâces s’annoncent plus difficiles que prévu.
Eric Besson: une place chez Lagardère ou à la tête d’un club de foot?
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Le ministre de l’Industrie, de l’Energie et de l’Economie numérique semble préparer sa reconversion depuis quelques mois déjà, même si rien n’est encore très clair. Seule certitude : Eric Besson arrêtera la politique. Comme il a brusquement fermé son compte Twitter ce lundi, au lendemain de la défaite de Sarkozy, sans donner plus d’explications.
En décembre, Le Monde révèle qu’Eric Besson n’a « plus très envie de faire de la politique, préférant le football« . Une piste sérieusement étudiée, et de longue date, par ce passionné. « Je n’ai plus d’ambition strictement personnelle en politique« , avait assuré Eric Besson le 27 novembre sur France 5.
La piste la plus probable reste toutefois une reconversion dans le privé. Il pourrait trouver une place au sein du groupe Lagardère, d’après Le Point.
Frédéric Mitterand retournera peut-être à la télé
Même si le neveu de François Mitterrand ne s’est jamais déclaré socialiste, il avait adhéré aux Radicaux de gauche en 1993. L’avenir de cette belle prise du sarkozysme est encore incertain. Dans un entretien au Parisien du 2 avril, Frédéric Mitterrand confiait à demi-mot son envie de garder son poste si Sarkozy était réélu :
« Ce qui est important au ministère de la Culture, c’est d’avoir du temps, d’inscrire son action dans la durée comme a pu le faire Jack Lang. Il y a des réformes importantes à mener rue de Valois.»
En cas de défaite par contre, les perspectives étaient plus floues :
« Je vais avoir 65 ans. Je me donne dix ans pour tout faire : écriture, cinéma, télévision. Peut-être y en a-t-il à gauche qui voudront se venger ? Qui me rendront la vie difficile. On verra bien. »
Pour compléter un mandat fade, au bilan largement contesté, un de ses derniers gestes aura été de sacrer Marie France et Hélène Segara Chevalier des Arts et des Lettres vendredi 4 mai.
Fadela Amara engluée aux affaires sociales
Elle est l’une des personnalités, avec Martin Hirsch, contre qui François Hollande s’est montré le moins sévère, soulignant le fait qu’ils avaient quitté le gouvernement relativement tôt dans le quinquennat.
Le récent ralliement à François Hollande de Fadela Amara, une des figures emblématiques de la politique d’ouverture de Nicolas Sarkozy, a beaucoup fait jaser, et de manière souvent peu élogieuse. Ainsi Franck Staub, chef de cabinet adjoint de Nadine Morano, a dû s’excuser après s’être permis un tweet d’une élégance rare: « Fadela, ni pute ni soumise… mais un peu quand même ! » Quant à Christine Boutin, certainement sa plus grande fan au gouvernement, elle s’était contentée d’un modeste: « Tu me fais honte.»
Bernard Kouchner, disparu de la vie politique
En 2007, Bernard Kouchner était sans conteste l’un des plus beaux trophées du sarkozysme. Lors de son entrée au gouvernement, le co-fondateur de Médecins sans Frontières (MSF) figurait au sommet du classement des personnalistes politiques préférées des Français. Un ralliement qui avait provoqué la colère de François Hollande, alors Premier secrétaire, qui avait annoncé dans la foulée son exclusion du parti.
Mais les divergences entre Bernard Kouchner et Nicolas Sarkozy étaient trop fortes. Excédé par l’orientation sécuritaire du gouvernement, et la polémique sur le sort réservé aux Roms, le ministre des Affaires étrangères avoue en septembre 2010 avoir songé à démissionner pendant l’été. Il aura finalement attendu le mois de novembre, et le premier remaniement ministériel, pour passer le relai à Michèle Alliot-Marie.
Deux ans plus tard, Bernard Kouchner a pris ses distances avec la politique. Il a créé son entreprise privée, No Borders Consultants, afin de s’investir dans « le conseil en développement durable, la santé, les relations internationales, et toutes les prestations de services se rapportant à cet objet ». Son retour aux plus hautes fonctions, sous l’étiquette socialiste, paraît donc invraisemblable. Interrogé sur le cas Kouchner le mois dernier, lors d’une réunion avec les salariés de Still, dans l’Oise, François Hollande a déclaré sèchement :
« Je ne cherche personne, c’est à eux, à travers leur conscience, de savoir ce qu’ils ont à faire, et certains n’ont même plus de conscience… ».
Kouchner passe désormais une bonne partie de son temps en Guinée à conseiller « un ami de longue date », le président Alpha Condé.
Jean-Pierre Jouyet: un poste de premier plan en perspective
« J’ai une relation d’amitié avec Jean-Pierre Jouyet, qui a quitté le gouvernement au bout d’un an. Il pourrait être utile à des missions. Mais n’entreront au gouvernement que ceux qui ont été dans l’opposition à Sarkozy« , avait déclaré François Hollande dans un entretien au Parisien paru le 28 avril 2012.
Pas de ministère, donc, pour Jean-Pierre Jouyet, qui paie ainsi sa trahison, mais un probable poste à l’Elysée. Selon le site d’information Atlantico, il pourrait même devenir « l’homme fort » du nouveau président : secrétaire général de l’Elysée ou conseiller spécial.
En mai 2007, Jean-Pierre Jouyet avait accepté le poste de secrétaire d’Etat chargé des Affaires européennes auprès de Bernard Kouchner. En novembre 2008, il est nommé par Nicolas Sarkozy à la tête de l’Autorité des marchés financiers (AMF). Ami de longue date de François Hollande – il sont tous deux issus de la promotion Voltaire de l’ENA -, ce dernier a mis fin à leurs échanges quand Jouyet est entré au gouvernement Fillon. Ils ont cependant repris contact par la suite.
Jean-Marie Bockel vise un rassemblement au centre
« Est-ce le moment de reconstruire quelque chose au centre ? s’est interrogé Jean-Marie Bockel à la Mutualité dès le soir du second tour, avant même l’annonce des résultats. Je lance un appel. » Le sénateur souhaite un rassemblement des centristes, de préférence hors de l’UMP :
« Nous avons échoué. Il faut que nous, les centristes, nous nous retrouvions. Et ne pas passer par les chefs, qui ont failli. Jean-Louis Borloo, je l’aime, mais je ne pense pas qu’il faille passer par lui. »
Suite à l’élection de Nicolas Sarkozy, Bockel avait accepté de devenir secrétaire d’Etat chargé de la Coopération et de la Francophonie auprès de Bernard Kouchner. Ce qui avait entraîné son exclusion du PS, après 34 ans au parti. Il avait alors fondé le mouvement La Gauche moderne au sein de la majorité présidentielle.
Martin Hirsch veut poursuivre son action sociale avec la gauche
« Une conversation avec Sarkozy commence par dix minutes de monologue, une discussion avec Hollande débute par des questions. » Niveau tempérament, Martin Hirsch se retrouve plus dans le président élu que dans l’hyperactif Nicolas Sarkozy. Dans les idées aussi. Au moment du scrutin présidentiel, il a porté son choix sur le candidat socialiste, provoquant quelques réactions indignées à droite.
Depuis un an, il conseille François Hollande, lui donne son avis sur leurs préoccupations communes : la jeunesse, la pauvreté, la lutte contre les conflits d’intérêts, la régulation des hauts revenus et une croissance accélérée du service civique.
Peu rancunier, le nouveau président ne semble pas lui tenir rigueur de l’action qu’il a menée pour le gouvernement UMP, rappelant, pour se justifier, qu’il « est parti au bout de deux ou trois ans ». Souvent taxé d’opportunisme, Martin Hirsch se défend pourtant d’espérer toute contrepartie de son soutien:
« J’aspire seulement à ce que soient poursuivis les chantiers sur lesquels je travaille depuis longtemps, et que je puisse continuer à m’y engager pleinement, avec la même indépendance d’esprit.»
Séduit en 2007 par l’appel de Nicolas Sarkozy, il avait démissionné de son poste de président d’Emmaüs France pour intégrer le gouvernement de François Fillon. Véritable électron libre, il souhaitait à l’époque « sortir de la dichotomie entre une gauche qui défendrait l’assistanat et une droite qui s’est arrogé le monopole de l’effort ». Le 22 mars 2010, au lendemain des élections régionales, il quitte le gouvernement pour l’Agence du service civique, qu’il a instauré, tout en continuant la promotion du RSA qu’il désire améliorer.
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