Une enquête du très sérieux « New York Times » montre la dépendance que peut engendrer la prise d’antidépresseurs. Notamment en cas d’utilisation à long terme.
Si peu d’études ont été menées sur le sujet, la dépendance aux antidépresseurs et aux anxiolytiques demeure un problème de société majeur. Comme le montre cette enquête parue dans le New York Times, de nombreuses personnes ayant recours à ces médicaments subissent des effets secondaires importants.
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Impossible d’arrêter de fumer avec des antidépresseurs
Confusion, perte d’équilibre, étourdissements, fatigue, irritabilité… Autant de symptômes trop souvent ignorés que subissent les patients lorsqu’ils sont en phase de sevrage. Des désagréments qui viennent s’ajouter aux effets secondaires liés à la prise initiale d’antidépresseurs: engourdissement émotionnel, problèmes de libido, et prise de poids. De plus, après avoir pris ces médicaments, il devient quasiment impossible pour les patients concernés d’arrêter de fumer. Et ce alors que les médecins ne donnent quasiment aucune information sur les effets du sevrage…
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Selon les données fédérales américaines, l’utilisation à long terme d’antidépresseurs est en plein essor aux États-Unis. Près de 15,5 millions d’Américains en prendraient depuis au moins cinq ans. Un taux qui a doublé depuis 2010, et triplé depuis 2000. Pas moins de 25 millions d’adultes outre-Atlantique prendraient des antidépresseurs depuis au moins deux ans, soit une augmentation de 60% depuis 2010.
« Des raisons de commodité »
En cause ? Des ordonnances distribuées à la pelle (comme en France), une fois que le patient est accoutumé, ou pour traiter des problèmes mineurs – dans la plupart des cas – lorsque le traitement commence. L’utilisation optimale des antidépresseurs doit comporter une prise entre six et neuf mois. Or la médecine propose très peu d’alternatives après un traitement trop long pour rendre le sevrage plus supportable.
« Certaines personnes poursuivent le traitement de ces médicaments pour des raisons de commodité, car il est difficile de s’attaquer à la question du sevrage », déclare Anthony Kendrick, professeur à l’université de Southampton, en Grande-Bretagne. Car nos voisins outre-Manche sont également concernés par ce phénomène; le taux de prescription d’antidépresseurs a doublé au cours de la dernière décennie en Grande-Bretagne.
Le « microtapering »
« La probabilité de développer un syndrome de sevrage varie selon les individus, le traitement et la posologie prescrite », se défend de son côté Thomas Biegi, un porte-parole de Pfizer, fabricant d’antidépresseurs.
Alors pour se débarrasser de la dépendance aux médicaments, les patients concernés ont recours à une méthode nommée « microtapering »: faire de petites réductions de dose, sur une longue période, pour atténuer les effets du sevrage. Et en finir graduellement avec la dépendance.
« Nous sommes arrivés à un stade où il semble que chaque personne soit déprimée et sous médication », déplore Edward Shorter, historien de la psychiatrie à l’université de Toronto, au New York Times. « Nous devons nous demander ce que cela reflète de notre culture. »
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