Magnétique dans le téléfilm d’Anne Villacèque, « Deux », Bastien Bouillon s’affirme peu à peu dans le paysage des comédiens de sa génération.
A son corps défendant, Bastien Bouillon traîne depuis plusieurs films l’image figée du trentenaire parisien cool qu’il semble être dans la vie, comme si peu de choses le séparaient de ses rôles. A la fois juvénile, comme sa bouille pimpante en porte les traces, et mature, dans sa façon d’affirmer en douce un caractère trempé, son aura encore discrète reste accolée à d’autres acteurs en vue de sa génération. Proche de Jérémie Elkaïm, qu’il a rencontré sur le tournage d’un téléfilm d’Ivan Calbérac pour France 2, Simple, et avec lequel il a ensuite joué sous la direction de Valérie Donzelli (La guerre est déclarée, Main dans la main, le prochain Marguerite et Julien), il s’est aussi acoquiné à Vincent Macaigne dans le film de Sébastien Betbeder 2 automnes 3 hivers.
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Un appétit insatiable et des envies infinies
Sa notoriété peine encore à s’épanouir pleinement, surtout si on la compare à celle de jeunes acteurs comme Pierre Niney. Il s’en amuse, de manière détachée et lucide : “Lui joue Un homme idéal, et moi, je suis dans Indésirables !” (le nouveau film de Philippe Barassat). De film en film, de seconds rôles en premiers rôles trop rares, comme dans Le Beau Monde de Julie Lopes-Curval ou le joli téléfilm d’Anne Villacèque, Deux, diffusé cette semaine sur Arte, sa présence discrète s’affermit avec le temps. Son jeu mûrit en même temps que son visage, aux faux airs de Stanislas Merhar, s’affine. Plein de vitalité, comme il le prouve dans le rôle d’un jeune bourgeois parisien de l’entre-deux-guerres oscillant entre les cœurs de deux sœurs (une adaptation subtile du roman d’Irène Némirovsky, avec Lola Créton), Bastien Bouillon ne semble jamais aussi à l’aise que dans la peau de personnages en quête de liberté perpétuelle et de mélancolie joyeuse. Lui-même se dit rétif aux contraintes des institutions, au point d’avoir par exemple quitté le Conservatoire huit mois après son entrée en 2009.
Indocile, mais curieux et soucieux d’apprendre, il se dit prêt à tout jouer, “un soldat, un poète ou un soldat-poète”. S’il se sent bien dans l’univers de femmes cinéastes qui ont repéré sa douce fantaisie (Valérie Donzelli, Anne Villacèque, Danielle Arbid), il s’intéresse aussi à des cinéastes un peu marginaux, comme “Jean-Charles Hue, Damien Odoul ou Roland Edzard, dont j’ai adoré le dernier film, La Fin du silence”. Comme son personnage scindé dans Deux, on devine son appétit insatiable, ses envies infinies, ses désirs de jeu parvenus à un moment d’accélération : la fin de son silence, le début de sa gloire.
Deux, téléfilm d’Anne Villacèque. Vendredi 27, 20 h 50, Arte
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