Jeudi soir, un président des États-Unis en exercice a pour la première fois participé a un talk-show, une émission plutôt détente dont le monde ne retiendra que la blague sur les handicapés lâchée en mode aléatoire à la fin. Et c’est bien dommage.
Jeudi 19 mars, Jay Leno, présentateur du <a href="Tonight Show diffusée par la chaîne NBC, accueillait Barack Obama, président des Etats-Unis. Événement historique pour un talk-show, ces émissions enregistrées devant un public, et un choix loin d’être innocent à l’heure où Obama était venu défendre la politique économique du gouvernement et rassurer les Américains.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
[attachment id=298]
A l’image de la couverture du New York Post, l’entretien s’est logiquement orienté vers le thème des bonus indécents réservés à certains salariés de la compagnie d’assurance AIG et la réaction du gouvernement face à cette polémique. Après quelques mondanités, Leno est rentré dans le vif du sujet, l’actualité économique d’un pays encore meurtri.
Devant un public majoritairement composé de cheerleaders surexcitées, si l’on se fie au fond sonore, Barack Obama confie qu’il n’est plus le même homme. Depuis son élection, les services secrets ne le laissent pas faire des trajets de cinq minutes à pied sans qu’il soit accompagné d’un médecin armé d’un défibrillateur cardiaque. Après une dernière blagounette sur la taille des cortèges accompagnant les déplacements présidentiels « Il y a l’ambulance, le traineau à chien, le sous-marin…« , les deux hommes s’attaquent à l’actualité.
Jay Leno : « Depuis maintenant 59 jours, vos moindres mouvements sont scrutés. Serait-il injuste de juger vos actions pendant ce laps de temps particulièrement court ? »
Barack Obama : « Nous traversons une période difficile. Nous avons mis beaucoup de temps à nous mettre dans le pétrin dans lequel nous sommes. Nous en mettrons autant à en sortir. Je n’ai pas peur des difficultés à venir. Mais Washington ressemble parfois à American Idol (équivalent outre-atlantique de La Nouvelle Star). Chacun défend sa propre opinion de la situation ce qui est le jeu de la démocratie. Le peuple américain a compris qu’on allait avoir besoin de temps pour se sortir de ce bourbier. Je compte sur leur confiance pour parvenir à régler les problèmes qui les touchent quotidiennement, la santé, l’énergie… Nous y arriverons étape par étape. »
S’ensuit une longue discussion sur les bonus accordés à AIG.
Jay Leno : « Vous êtes choqué par ces bonus… »
Barack Obama : « C’est le mot. Mais la compagnie d’assurance AIG aurait pu entraîner tout le système financier avec elle. Il était dans notre intérêt d’intervenir au plus vite, pour éviter que la théorie du château de cartes se produise. Nous devons revenir à une attitude en adéquation avec les valeurs qui ont permis à l’Amérique d’être ce qu’elle est aujourd’hui. Et raffermir le sens des responsabilités. »
Obama parlait déjà de confiance et du peuple américain. C’était au printemps 2007. Sur le plateau de… Jay Leno.
Jay Leno : « Moi, je suis particulièrement étonné que les mecs qui ont reçu des bonus se mettent à dire ‘on va vous rendre la moitié’. C’est comme si des voleurs se présentaient devant le juge après un cambriolage et, pour se faire pardonner, déclaraient ‘On est sympa, on laisse la moitié’.
Barack Obama : « Ça ne peut marcher qu’à Hollywood… »
Obama aliment un best of fourni en métaphores ou exemples déclenchant l’hilarité :
« Il faut fermer la porte de l’écurie avant que le cheval ne se sauve. »
« Quand vous achetez un toaster, s’il vous explose à la figure, il y a une loi qui vous protège. C’est différent avec les cartes bleues. »
Le président s’est longuement appliqué à rassurer le peuple américain. Entre deux coupures publicitaires, il a insisté sur la nécessité d’une plus grand régulation des marchés financiers. « Le réel problème, ce n’est pas les trois derniers mois que nous venons de vivre. Mais les quatre années précédentes, jalonnées par des prises de risque insensées. Il faut absolument mettre des barrières, empêcher ces actes qui ne sont pas illégaux dans le texte, de se reproduire. Si les banques sont les piliers de notre système, il faut que la loi soit plus stricte au niveau de leur régulation. » Avant d’assener une dernière fois : « Ne mettez pas votre argent sous les matelas. Les banques restent sûres. » Toujours aussi détendus, Leno et Obama concluent l’interview par quelques généralités :
Jay Leno : « Est ce que c’est cool de voler en Air Force One ?«
Barack Obama : » Carrément. »
JL : « Quand est ce que vous allez enfin acheter un chien ? »
BO : « Après la réunion à l’OTAN.«
En tentant de faire une blagounette après avoir énoncé son piètre score au bowling, Obama s’accorde une sortie sur les Jeux Paralympiques. On aurait préféré une citation de The Big Lebowski.
[attachment id=298]
{"type":"Banniere-Basse"}