Malgré la fin du monopole américain sur la gestion des noms de domaines, l’émancipation du net reste à conquérir.
L’effet Barack Obama va-t-il libérer le web ? Premier geste : fin septembre, les Etats-Unis ont décidé de ne plus contrôler à 100% la gestion des noms de domaines, ces fameux .fr, .com, .org… Jusqu’à présent, ce rôle clé dans le développement du web était assuré par l’Icann (Internet Corporation for Assigned Names and Numbers). Petit souci : cette société californienne de droit privé était liée, par contrat, depuis 1998 avec le département américain du Commerce. De quoi frustrer de nombreux pays qui voulaient que soit reconnue leur existence avec des noms de domaines particuliers. Désormais, quatre comités internationaux d’audit évalueront les actions de l’Icann.
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Deuxième geste : le 26 octobre, lors de sa conférence à Séoul, l’Icann a annoncé que les adresses internet pourraient être ouvertes aux caractères non romains. Jusqu’à présent, il fallait mélanger, pour que l’adresse d’un site ait à la fois des mots en anglais et d’autres dans la langue du pays. L’intégralité d’un nom de domaine pourra donc être dorénavant en coréen ou en arabe. De quoi satisfaire la moitié des internautes du monde entier (sur 1,6 milliard) dont l’écriture n’est pas en caractères romains.
Mais cette évolution de la politique américaine ne signifie pas que l’Icann soit devenue indépendante. Une autre nomination importante confirme cette volonté américaine de contrôler la toile : en juillet dernier, Rod Beckström a été nommé par la Maison Blanche à la tête de l’Icann. Or cet homme était auparavant directeur du NCSC, le Centre national pour la cybersécurité. Une nomination qui satisfera les partisans d’un réseau sous surveillance, comme le sénateur Terry Lee qui a déclaré qu’il fallait “garder le contrôle de l’internet car c’est devenu un enjeu de sécurité nationale”.
“Mais la décision prise en septembre par le gouvernement américain ne concerne pas un autre contrat qui est plus important et qui encadre la gestion de la racine, c’està- dire la fonction IANA (l’Internet Assigned Numbers Authority). Il s’agit de la capacité d’ajouter, de supprimer ou de mettre à jour des extensions de premier niveau sur internet, ce qui crée une dépendance au minimum technique de tous les pays à l’égard des Etats-Unis !”, note Loïc Damilaville, adjoint au directeur général de l’Afnic (Association française pour le nommage internet en coopération).
Reste à connaître le comportement des gouvernements et de la communauté internet. “Il y a un point important qui n’a pas été assez précisé dans le nouveau contrat. Il concerne la liste des membres des comités d’audit. De par leurs fonctions, le président de l’Icann et le président du Comité consultatif des gouvernements (GAC) feront partie de ces comités mais il va aussi y avoir ce que l’Icann appelle des “volontaires issus de la communauté” (“volunteer community members”). Il pourra s’agir d’experts et de représentants des entreprises”, indique Loïc Damilaville. La composition de ces comités, qui doit être validée par le président du GAC et par celui de l’Icann, fera l’objet d’âpres négociations lors du prochain grand rendez-vous international, la réunion du Forum pour la gouvernance d’internet (FGI) qui se tiendra en Egypte à la mi-novembre.
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