Il y a six mois naissaient en France, Balance Ton Porc et Me Too, à la suite de l’affaire Weinstein. Des mots repris par des centaines de milliers de femmes qui ont dénoncé les violences dont elles étaient victimes. Un mouvement de libération de la parole sans précédent. Pourtant, les femmes dites de « quartiers populaires » n’ont pas eu l’impression de bénéficier de ce haut-parleur. Précarité, poids du quartier, difficulté à porter plainte, elles racontent leur silence aux Inrocks.
Il y a quelques années, son mari la frappe pour la énième fois. Ce jour là, il tente de l’étrangler. Gabrielle réalise que sa vie est en danger et trouve le courage d’appeler la police. Encore aujourd’hui, la réponse qui claque dans le combiné courrouce ses yeux en amandes. « Madame, on en a marre de vos histoires d’Africains. »
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« Je n’ai pas réagi, j’avais mon fils à gérer derrière, murmure-t-elle estomaquée. J’avais l’impression que c’était moi la coupable. » Malgré cela, la jeune femme de 31 ans ne se décourage pas et saisit les institutions. Avec son enfant de 7 ans, elle réussit finalement à quitter son mari et sa cité compliquée de Seine-Saint-Denis.
Gabrielle a eu la force de parler. De dénoncer son calvaire, de faire face au silence coupable des institutions pour sortir de l’engrenage. « Mais combien de femmes de quartier ne peuvent pas parler ? » s’interroge-t-elle aujourd’hui, alors que la parole de milliers de victimes s’est libérée à la suite de l’affaire Weinstein.
Gabrielle hausse les épaules. Elle voit ce mouvement d’un oeil mitigé. « Balance Ton Porc ou MeToo, on en parle parce que ce sont des personnes connues avec les moyens de se faire entendre, estime-t-elle. Quand on vient d’un milieu compliqué, c’est plus difficile. Dans les quartiers, on a d’autres problèmes. »
« Les femmes de quartier, qui les écoute ? »
Cela fait six mois que le hashtag #BalanceTonPorc, émule français du planétaire #MeToo, est apparu sur les réseaux sociaux à la suite de l’affaire Harvey Weinstein. Depuis, près de 850 000 messages ont été postés sur les différentes plateformes, dénonçant de façon quasi-cathartique toutes les violences faites aux femmes.
Tous ne sont pas le fait de personnes connues. Pour preuve, le ricochet concret de ce mouvement viral : les plaintes pour violences sexuelles sont en hausse à travers l’hexagone. Bref, de l’avis général, la parole s’est globalement libérée.
« Mais pas partout ni pour toutes, répète Gabrielle. Bien sûr, c’est positif. Cela nous fait comprendre que nous ne sommes pas seules, que les violences faites aux femmes arrivent à tout le monde. Ça prouve que quelque chose est pourri. C’est bien que les langues se délient. Mais ce n’est pas tellement le cas chez nous. Parce qu’on ne peut pas. Les femmes de quartier, qui les écoute ? »
Précarité financière
De fait, l’immense majorité de femmes dites « de quartiers populaires » ayant accepté de parler aux Inrocks n’ont pas l’impression que l’impact de « Balance Ton Porc » ou « MeToo » ait été significatif dans leur environnement social.
Selon elles, un cumul de problèmes du quotidien bloquent ce mouvement aux portes des milieux populaires. Pour toutes, la précarité financière qui touche un grand nombre de femmes de quartiers paupérisés est l’un des premiers freins à la libération de leur parole.
Nadia Remadna est la présidente de la Brigade des Mères, une association implantée dans les quartiers populaires qui vient en aide aux femmes victimes de violences. Elle n’a noté aucun changement à la hausse depuis le début de l’affaire Weinstein, fin octobre 2017. « Cela n’a pas libéré la parole de celles qui ont peur de parler, tranche cette femme qui a vécu des années à Sevran. Quand ce sont des stars de cinéma, tout le monde en parle mais les femmes de quartier, tout le monde s’en fout. »
Forte de son expérience, elle l’assure, pour dénoncer il faut argent et stabilité financière. Outre les frais de justice et le temps des procédures, une femme qui porte plainte contre son employeur ou un collègue risque de perdre son emploi.
« On doit prioriser »
Sabira, une habitante de Créteil (Val-de-Marne) a cette formule. « On doit prioriser. Il y a d’autres soucis, détaille-t-elle en comptant sur ses doigts. Ne pas se faire virer de son boulot, nourrir les gosses, faire bonne figure à leur école. Tout ça fait qu’on est dans la crainte de s’exprimer. »
Quant à dénoncer un mari violent ? Même tarif. Car il est rare que l’on soit relogée tout de suite. Il faut donc rester avec son agresseur jusqu’à ce que l’on réussisse à le faire partir où que l’on quitte soit même le domicile conjugal pour un foyer ou un autre logement.
Gabrielle hoche la tête. « Balance Ton Porc est un mouvement pour l’élite, lâche-t-elle en soupirant. Le harcèlement et les violences existent dans tous les milieux. Mais les femmes de banlieue ont déjà tout à perdre. Alors avec tous nos problèmes, on ne va pas se rajouter ça. »
Pour sa part, elle estime avoir eu « de la chance ». Travaillant à l’époque, elle a pu bénéficier du pourcent patronal et trouver rapidement un logement. « Mais tout le monde ne l’a pas. Alors on va absorber, fermer notre bouche et essayer de vivre. » Elle précise. « Essayer seulement, parce que le harcèlement et la violence, ça détruit. »
Ce constat n’étonne pas Geneviève Fraisse, philosophe et historienne de la pensée féministe. « Pour parler, il faut une indépendance financière, résume-t-elle. C’était vrai pour le féminisme des années 70, c’est toujours vrai aujourd’hui. » Pour la chercheuse, si « c’est une réalité dans tous les milieux » ça l’est « encore plus dans les milieux populaires » par définition défavorisés.
Le « poids du quartier »
A cette précarité économique s’ajoute une pression sociale qui, si elle touche toutes les classes sociales, prend une forme particulière dans les quartiers. Pour beaucoup de femmes, le « poids du quartier » est un autre frein à une potentielle libération de la parole. « Il y a toute une question de réputation, explique Gabrielle. Il faut faire attention à ce que l’on dit et à ce que l’on fait, ça n’aide pas. Si on parle, qu’est-ce qu’on va dire de nous ? »
Cette dernière a très mal vécu ses années en cité HLM. Active et fêtarde, elle sort souvent. Un soir qu’elle rentre un peu tard, un jeune de son quartier l’arrête dans la rue. « Hé cousine, qu’est-ce que tu fais dehors à cette heure-ci ? » Son sang ne fait qu’un tour. Elle remballe sèchement l’impertinent. « Mais c’est quand même terrible. Tu rentres tard le soir et on te considère comme une pute ? Dans ce cas forcément, certaines femmes ne disent rien pour vivre en paix. »
Sabira, qui habite Créteil, assure que pour sa part, elle n’a pas de souci et peut rentrer à n’importe quelle heure. Son amie Hasna ajoute même se sentir « presque plus en sécurité dans le quartier » où elle connait tout le monde.
Mais les deux quadragénaires admettent néanmoins qu’elles ne s’habillent pas de la même façon « au quartier » ou à Paris. « Ici c’est comme ça, explique simplement Sabira. Jogging, baskets. C’est un peu une question de sécurité. La réputation va très vite. On peut vite passer pour la fille facile du quartier. » Les deux femmes ont conscience que ce n’est pas tout à fait normal. « Il y a des codes, c’est sûr, concède Sabira. Mais quand t’as dix mecs en bas de ton immeuble, tu vas pas descendre en bikini. »
« On les autorise, mais elles ne se permettent pas »
Pour Hasna et Sabira, c’est surtout la situation de leurs filles et nièces adolescentes qui leur posent question. « D’elles-mêmes, elles se mettent des barrières, pensent-elles. On les autorise, mais elles ne se permettent pas. » Sabira a mise sa plus grande dans le meilleur lycée d’une ville à côté, loin du quartier. « Maintenant elle met des robes », souffle-t-elle un peu effarée.
Hasna qui travaille dans un centre de loisirs pense qu’il y a « une terrible image de la femme » chez les plus jeunes garçons. La femme est dénigrée dans son ensemble. « Quand une petite fille met un jean serré et qu’on la traite de pute, il y a un vrai problème, s’énerve-t-elle. L’école ne fait plus son boulot. »
« C’est quelque chose qui parait assez inexistant »
A l’école justement, il semble que les ados des quartiers ont, eux-aussi, d’autres préoccupations qui prennent le pas sur la question des violences faites aux femmes. Une professeure de SVT dans un lycée de Drancy raconte qu’elle n’a pas entendu parler de Balance Ton Porc. « C’est quelque chose qui parait assez inexistant, soit très peu visible chez mes élèves. »
Une autre, jeune professeure d’histoire-géo à Aulnay-Sous-Bois, explique que dans sa classe, il ne lui semble pas y avoir de méfiance ou de défiance entre les élèves filles et garçons. « Ils sont nettement plus concernés et beaucoup plus indignés par le racisme que le sexisme par exemple. » Cette témoin privilégiée de la jeunesse des quartiers pense qu’ils y sont « beaucoup plus confrontés ».
Là aussi, une sorte de hiérarchie dans les problèmes et les discriminations du quotidien. Et là non plus, cela ne surprend pas Geneviève Fraisse. « C’est l’idée du contre-temps historique, explique la philosophe. D’abord le problème du racisme, ensuite celui du sexisme. Le racisme a un temps d’avance, il est organisé et exprimé depuis plus longtemps. Ce n’est pas le cas de l’égalité des sexes. »
« Parcours du combattant »
Que ça soit Gabrielle, Nadia, Hasna ou Sabira, toutes tiennent à le répéter, il n’y a pas plus de harcèlements ou de violences sexuelles chez elles. Elles assurent qu’on les emmerde autant si ce n’est plus dans le métro ou les rues parisiennes. Que « les porcs » existent partout. Mais dans les quartiers populaires, les soucis de la vie couplés aux multiples pressions bâillonnent une parole qu’il est de base compliqué à libérer.
Et porter plainte dans ces conditions relèvent du parcours du combattant encore plus qu’ailleurs. Quand on voit la réponse que lui a fait le commissariat quand elle les a appelés, on comprend que Gabrielle n’ait « plus vraiment confiance » dans les institutions. « Ça a beau être nous les victimes, il faut toujours prouver ce qu’il nous arrive. Moi par exemple, j’ai la peau noire. Je ne marque pas. Comment je prouve qu’on me frappe ? Il faudrait que je saigne ? »
« Même dans la douleur, même dans le viol, on ne traite pas de la même façon une femme qui parle bien, qui a de l’argent et une femme qui vient des quartiers », déplore Nadia Remadna de la Brigade des mères.
Cette dernière explique par ailleurs qu’il y a toujours une conséquence à la plainte, ici encore plus qu’autre part. « Dans la majorité des cas, l’agresseur ne fait même pas de garde-à-vue, s’enerve-t-elle. On fait quoi de la femme qui a porté plainte contre un gars du quartier ? » Pour elle, dans ces milieux où tout le monde se connait, la confidentialité est un des axes primordiaux de la lutte contre les violences faites aux femmes. « Dans Balance Ton Porc, il n’y en a pas. Moi je déconseillerai aux femmes de le faire. On ne sait pas ce qu’il peut se passer. »
« Résultat, c’est le silence »
Selon Gabrielle à la violence sociale du quartier, s’ajoute un verrou familial et culturel. « Dans notre culture, on porte encore moins plainte qu’ailleurs contre son mari ou un membre de la famille. Si on le fait, la famille se retourne contre nous. Résultat c’est le silence. »
Hasna ou Sabira ne décolèrent pas en parlant de l’évolution des quartiers périphériques. « Ici il n’y a plus que les Noirs et les Arabes, ce sont des ghettos. Avant on était mélangés, maintenant il y a une non-mixité quasi prônée par l’école. C’est de l’entre-soi culturel. Tout cela entrave la libération de la parole. »
« Les déboires des actrices ne touchent pas vraiment ces femmes »
A la Maison des Femmes de Saint-Denis (MdF), on n’a pas noté de changement ou de hausses des signalements depuis le mouvement BalanceTonPorc. Chaque jour, une quarantaine de femmes franchissent la porte de cette structure dédiées aux femmes victimes de violences sexuelles. Un public, dans l’immense majorité, en situation très précaire. « Les déboires des actrices ne touchent pas vraiment ces femmes », confirme le Docteur Ghada Hatem.
Une seule fois, l’une des patientes en a parlé en consultation à la MdF de Saint-Denis. « Le mouvement Balance Ton Porc me met mal à l’aise », annonce la jeune femme sans qu’on lui ai posé de question. La médecin qui l’examine hausse un sourcil. Formée à au questionnement systématique comme l’ensemble du personnel de la MdF, la praticienne tire les fils de cette parole qui veut sortir.
La patiente confie alors qu’elle a été victime d’agressions sexuelles toute son enfance par un membre de sa famille. Qu’elle n’en a jamais parlé à personne. Que cet homme, toute le monde l’adore dans sa famille. Et surtout, elle rapporte les paroles de sa mère lorsque celle-ci prend connaissance du mouvement Balance Ton Porc. « Elles pourraient quand même les laisser tranquille ces vieux. »
« Balance Ton Porc lui a permis de parler, résume la médecin. Mais je ne pense pas que ces femmes ne viendraient que pour ça. Mais elles en parleraient plus facilement en consultation. »
Structures dédiées
Pour Ghana Hatem, dès lors qu’une structure est identifiée la parole se libère plus facilement. « Pour ces femmes, c’est impossible d’en parler dans leur entourage, qu’il soit familial ou géographique, analyse-t-elle. Mais elles parleront plus facilement dans une structure dédiée. Elles ont moins d’image sociale à préserver. »
Hasna et Sabira, les deux copines de Créteil pensent la même chose. « On parle bien plus dans des cellules dédiées. On a plus de facilité à exprimer notre parole entre nous ou avec des gens qui nous comprennent. »
Depuis le début de l’affaire Weinstein, le Collectif Féministe Contre le Viol (CFCV) a mesuré un bond de 30 % des appels reçus sur l’ensemble du territoire français, quartiers populaires compris.
C’est la seule association ayant répondu aux Inrocks qui a recensé une telle ascension « sur toute la France, même dans les départements plus populaires comme la Seine-Saint-Denis », selon Emmanuelle Piet, la présidente du CFCV. Après, on ne fait pas de différence entre les 3000 et le Raincy. » Le premier étant une cité paupérisée d’Aulnay-sous-Bois, le second, l’une des seules villes huppées du 93.
Mais Emmanuelle Piet, gynécologue de formation, qui connait bien le département où elle effectue des consultations médicales assure que depuis octobre 2017, on lui dit souvent « Avec tout ce que j’entends, ça réveille ce que j’ai subi. » Un témoignage qui avalise la théorie d’une parole se libérant dès lors qu’un lieu est identifié.
Nadia Remadna de la Brigade des mères s’interroge sur ce point. Si elle est d’accord avec l’idée, pour elle, il y a un manque des structures. « A qui on va le dire ? Même dans le nombre d’interlocuteurs disponibles, il y a une discrimination. » Son association qu’elle décrit comme « le hall des urgences » ne touche que très peu de femmes. Elle grince. « Le féminisme, ça demande des privilèges. »
« On a raté le coche »
Pour Laëtitia Nonone, aucune initiative n’a pris la balle au bond. « On a raté le coche, soupire-t-elle. Si on avait été dans la dynamique, s’il y avait eu des structures, elles auraient pu parler. On aurait pu construire quelque chose de fort. » Cette femme de 36 ans est à la tête de Zonzon 93, une association implantée à Villepinte, qui lutte contre la primodélinquance.
En septembre 2018, Laëtitia Nonone espère ouvrir Génération Avisée, un espace d’accueil pour les filles de 12 à 25 ans. « Une structure sécurisante pour libérer la parole. » Selon elle, le souci est le manque d’informations. Il y aurait beaucoup d’associations mais peu de communication. « On veut être ce lien entre les femmes et les associations. »
Elle avoue regretter de ne pas avoir lancé Génération Avisée un an plus tôt, en septembre 2017. « Je ne pense pas qu’il y aura d’autres mouvement comme ça. C’est redescendu comme un soufflet. C’est bien que ça ait libéré les paroles, mais on n’a pas été assez réactifs. » Elle secoue la tête, déçue. « Si on avait tendu la main, elles auraient parlé. »
Pour elle Balance Ton Porc a eu cette particularité de prouver que même « des femmes réunissant tous les critères valorisants, blanches, d’un bon milieu social » peuvent ne pas réussir à parler. « Ça a montré que si t’es une femme, c’est toujours un problème. » Le mouvement aurait pu casser les barrières si « il y avait eu un espace pour parler ».
« Elles savaient qu’elles pouvaient parler »
D’autant plus rageant qu’à l’inverse de jeunes pousses pleines d’espoir comme Génération Avisée, des vieilles associations sont obligées de fermer par manque de moyens.
Voix d’Elles Rebelles, une association de Saint-Denis, reconnue depuis vingt ans pour son travail de terrain auprès des femmes a dû mettre la clef sous la porte. « On était la seule association dans ce quartier. Les femmes venaient des cités alentours, se souvient Sarah Oussekine, à la tête de Voix d’Elles Rebelles pendant deux décennies. On était un lieu reconnu. On attirait les femmes pour des démarches administratives et elles savaient qu’elles pouvaient parler de tout. »
Les femmes s’y confiaient jusqu’à l’année passée. « On a eu des baisses de subventions, la fin des contrats aidés, tout ça. » Très remontée, elle s’explique. « On a comme ressenti que parce qu’il n’y a que des Noirs et des Arabes, ils s’en foutent. »
« Nous sommes très fortes et très courageuses »
Pleine d’amertume, Sarah Oussekine a l’avis de bien d’autres sur Balance Ton Porc. « Au mieux, ça leur fera un peu de lecture dans le métro. Mais ça ne facilitera pas leur parole ou leur dépôt de plainte. » Avec le départ de son association, elle en est sûre, elle a laissé un peu plus de place aux dealers et aux rigoristes religieux. « Les femmes préfèrent s’enfermer dans ces quartiers. Elles sont dans leurs merdier et essaient de s’en sortir. »
Gabrielle tient à souligner. « Attention, il ne faut pas misérabiliser les femmes de quartiers. Nous sommes très fortes et très courageuses. Mais on paye toujours les pots cassés. Dans la famille, dans le travail, on subit toujours ».
Elle redresse la tête et hausse le ton. « Il y a des choses magnifiques dans les quartiers, comme la solidarité. Et il n’y a pas de femmes ou de mères démissionnaires dans nos quartiers. Il n’y a que des femmes fatiguées de tout gérer. »
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