Walid a commencé à toucher aux motos à l’âge de 7 ans dans l’atelier de mécanique de son cousin, professionnel des courses. Depuis il a créé le sien et customise désormais des bécanes sur commande. Baptisé “Bad Winners Cycles”, son travail mêle design, création et technique et initie la tendance du Custom dans la capitale parisienne. […]
Walid a commencé à toucher aux motos à l’âge de 7 ans dans l’atelier de mécanique de son cousin, professionnel des courses. Depuis il a créé le sien et customise désormais des bécanes sur commande. Baptisé “Bad Winners Cycles”, son travail mêle design, création et technique et initie la tendance du Custom dans la capitale parisienne.
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Walid pose son casque et met les mains sur la table. Des mains de baroudeur, marquées par l’huile et la soudure. Comme sorties d’un moteur. Lorsqu’il reçoit une moto, il commence par travailler avec du carton, de la mousse ou du bois pour être sûr de ses proportions. Ensuite, il refait des pièces, les usine, relie des tubes, peint, lime, ajuste la structure, jusqu’au prototype final: 8 à 12 semaines de boulot pour des modèles sur mesure allant de 600 à 1 500 euros pour une restauration complète. Souvent, ses clients (mixtes!) lui laissent carte blanche: “Lorsque je les rencontre, je les questionne sur leur style, leurs goûts, la musique qu’ils écoutent. Je digère le tout et je crée . Il est hors de question de faire du copié-collé”.
C’est ça l’art du Custom. Un phénomène qui prend sa source en Californie dans les années 1950. Au sortir de la deuxième Guerre Mondiale on commence à transformer des voitures comme la Ford-T en y ajoutant de nouveau moteurs, en retapant des carrosseries… Quand la nuit tombe, les “hot rodders” (« ceux qui font des courses de voiture ») sortent en gang interposés pour faire tourner leurs bolides. L’incarnation d’une jeunesse américaine rebelle en plein âge d’or qui cherche à s’émanciper des diktats moraux de l’avant-guerre. C’est dans ce contexte que Wally Parks crée la National Hot Rod Association, désormais célèbre, pour encadrer ces nouvelles courses de rue sur des plateformes plus sûres et mieux organisées. “ On retrouve aussi des artistes incroyables comme Von Dutch (Kenny Howard de son vrai nom)…Tout cela, bouillonne dans le sud de la Californie”, explique Tony Thaker, directeur du musée de la National Hot Rod Association, dans une interview au MotoJournal.Tv. Une culture dont se nourrit parallèlement le monde de la moto et qui se popularise sur la west coast.
Tout doit faire sens de la selle au décor
A l’image des bikers, les passionnés de custom se regroupent entre eux: “ils ont le même logo, la même barbe, le même style”. Walid, lui, travaille tout seul. Ce qui ne l’empêche pas d’avoir des collaborations régulières, avec l’artiste Franck Pellegrino et le tatoueur « Jeykill » de chez Bleu Noir pour les logos notamment et Guillaume Petranto pour les photos. “ Ce n’est pas facile de shooter une moto. Avec Guillaume, on essaie de la mettre en scène, on choisit nos lieux. Dernièrement on est parti dans une ville fantôme belge près d’Anvers, bientôt direction Charleroy sur un site industriel désaffecté”. Tout doit faire sens, de la selle au décor:
» Plus aucune pièce n’est d’origine sur cette moto. Son proprio est un ancien champion de motocross. J’ai donc voulu reprendre des pièces de motocross sur cette machine. »
Walid se nourrit d’influences variées et customise aussi bien des Bobber que des Vespa, des Lambretta, et des modèles plus ou moins récents. Comme cette Honda C50-1977:
« C’est une vieille machine de la fin des années 70 que j’ai préparée cet hiver. Je l’ai laissée dans le jus d’origine (pour la peinture du moins). Pour le reste, j’ai fabriqué le guidon, la selle, les commandes…Changé le phare et le feu arrière, coupé le cadre à l’arrière pour le raccourcir… »
Chiner, troquer, acheter des pièces rares
Lorsque le matériel, dont Walid a besoin, est trop ancien pour se trouver dans le commerce, le jeune homme doit consacrer de nombreuses heures au repérage. Il prend son camion et part à la recherche de la pièce rare: LE vieux réservoir des seventies, où LE branchement en silicone d’une marque bien précise. “Je chine sur les circuits de courses de bécanes anciennes et me suis construit un réseau de collectionneurs, on achète, on troque… Tout ça en restant très confidentiel”. Son but à terme ? Essayer de proposer une nouvelle collection tous les six mois; « créer une ou deux motos avec un même style, dans une zone géographique particulière ». Walid projette de partir au Japon où « le savoir-faire en terme de matos est de haut niveau ». Une inspiration nippone qu’il cultive déjà :
» C’est le cas sur cette motocross des années 70. On a des gros pneus, phare en aluminium que j’ai fabriqué moi-même, un guidon de cross et une selle anguleuse »
Et quand il est plus sur la route, le customizer retourne bricoler dans son atelier. 21h, fin de sa journée. « Alors je file au studio pour faire de l’électro ambiante ». Une seconde passion qui l’accompagne tout le temps pour “rester dans sa bulle”. “La musique et les bécanes sont mes deux exutoires, par lesquels je m’exprime. Quand je n’ai pas le moral, je descends à l’atelier, mes deux grandes enceintes commencent à vibrer, je bosse, j’ai les mains sales, je suis content”.
Marie Monier
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