La championne du monde de boxe française et anglaise loue le courage d’Assa, qui “rend leur dignité à de nombreuses personnes dans les quartiers populaires”.
“L’année dernière, Assa m’a proposé d’intervenir à Beaumont-sur-Oise, en animant un cours avec des volontaires du club de boxe du XXe arrondissement de Paris, lors d’une après-midi festive. Je me suis rapidement sentie à l’aise auprès de ces hommes, de ces femmes et de ces enfants et j’ai donc été très surprise de voir la présence de militaires sur place, avec leur 4×4 et leur Famas.
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C’était surréaliste. On s’est demandé dans quoi on était en train de basculer. L’intimidation nécessite-t-elle la présence de militaires ? Vouloir faire taire Assa Traoré et le mouvement pour la vérité pour Adama nécessite-t-il de faire régner l’intimidation et la peur ?
Tous les gens présents cet après-midi-là étaient parfaitement pacifistes. En réalité, Assa rend leur dignité à de nombreuses personnes. Jusqu’à présent, dans les quartiers populaires, les gens se taisaient, subissaient, n’osaient pas s’opposer à l’injustice. Le fait qu’elle dise “non”, qu’elle ne cédera pas tant que justice ne sera pas rendue pour son frère et que nous n’aurons pas le droit de jouir d’une justice équitable, est juste extraordinaire.
Elle est héroïque dans cette affaire. Elle vit en apnée, attendant chaque décision de justice comme une épée de Damoclès au-dessus de sa tête. Si Assa n’occupe pas le terrain médiatique, cette affaire va être enterrée. C’est épuisant pour elle, et pour son entourage ; il ne faut pas oublier qu’elle est aussi maman.
On fait aujourd’hui face, selon moi, à une nouvelle affaire Dreyfus, dans le sens où une machine s’est mise en place pour salir la mémoire de cet homme qui a été tué dans des conditions atroces. Derrière la machine juridique et médiatique, on se rend compte, petit à petit qu’il y a eu beaucoup de mensonges. Cela veut aussi dire beaucoup de notre démocratie. Jusqu’où est allé le mensonge d’Etat ?”
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