Le parti politique « Avenir 2010 » se lance le 10 mai 2011. Inédit en France, il met une candidate transsexuelle à sa tête pour l’élection présidentielle de 2012. Présidente du Trans-Europe (collectif LGBT : Lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres), Brigitte Goldberg appelle à une politique de tolérance. Créant le buzz, le parti politique se veut classique avec une candidate atypique.
Le lancement de votre parti Avenir 2012 se fait officiellement le 10 mai, à l’occasion de l’anniversaire de l’élection de François Mitterrand. Que représente cette date pour vous ?
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Le 10 mai 1981, j’étais place de la Bastille avec plus de 100 000 personnes avec l’espoir que le monde change réellement. Trente ans plus tard, il y a bel et bien eu des changements, mais en pire. On a donc profité de cette date anniversaire pour exprimer notre volonté d’évolution vers quelque chose de meilleur.
Vous parlez d’évolution. Peut-on qualifier votre parti de révolutionnaire ?
Il est révolutionnaire parce que sa candidate est transsexuelle et que ça n’est jamais arrivé dans l’histoire de la République française. Jusqu’alors, aucun parti n’a été ni créé ni présidé par une personne transsexuelle. Sinon, nous proposons un programme tout à fait classique.
Quelles en sont les grandes lignes ?
Nous sommes dans la lignée centre-gauche. L’idée est de relancer l’économie par la consommation, par l’exportation et par des mesures extrêmement concrètes. Nous préconisons également une meilleure justice sociale, une augmentation du pouvoir d’achat (notamment des classes moyennes) ainsi qu’une relance de l’activité des PME.
Vous êtes à la tête d’un collectif LGBT (Lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres). Y a-t-il une grande demande en France ?
Le PS et l’UMP ont déjà créé des sections LGBT dans leur programme pour ramasser des voix auprès d’un plus large public. Mais ça n’a pas abouti à grand-chose. Au niveau de cette communauté, la France en est encore au Moyen Age !
De notre côté, nous nous sommes aperçus qu’il y avait une attente depuis un certain temps déjà. Les gens sont assez mécontents de la politique actuelle et en même temps, l’opposition est plus préoccupée par des querelles de personnes, des problèmes de candidature que par son programme. On s’est dit qu’on n’était pas plus bête que les autres.
« Avenir 2012 », un parti contre contre l’intolérance ?
Je déplore toute incompréhension ou intolérance. J’ai beaucoup connu ces réactions à mon égard. C’est pour cette raison que nous sommes ouverts à tout le monde.
N’avez-vous pas peur d’être catalogués comme communautaires ?
Nous ne sommes pas communautaristes. Nous souhaitons juste défendre les valeurs de la communauté LGBT, le respect de la liberté et la tolérance, selon la constitution de 1793. Nous souhaitons d’autre part répondre à la demande de toutes les catégories sociales, toutes les cultures, les religions.
Il y a une attente qui se traduit assez paradoxalement par une montée du FN. Les gens se tournent de ce côté-là parce qu’ils ne trouvent plus, au sein du PS notamment, la réponse aux aspirations qu’il y avait avant 1981. Pourtant, elles existent toujours.
Avant de créer « Avenir 2012 », quels étaient vos engagements politiques ?
Je suis devenue musicienne et je suis partie en Province où j’ai animé dans différentes petites radios locales. J’y interviewais des personnalités politiques. Mes connaissances sont donc d’abord liées à la fonction journalistique.
Vous vous présentez en tant que femme…
Aux yeux de la loi, je suis une femme. Sur ma carte d’identité, il est écrit « de sexe féminin » depuis 2007. Ce droit m’a été reconnu après un long combat.
Vous admirez des personnalités comme Simone Veil ou Martin Hirsch. En quoi sont-elles des sources d’inspiration pour vous ?
J’admire beaucoup Simone Veil à cause de son courageux combat pour l’IVG. J’ai une grande admiration pour Golda Meir car elle voulait instaurer la paix entre Israël et l’Egypte. Quant à Martin Hirsch, je considère qu’il est très symbolique de ce que nous sommes. Les gens en ont assez de voir tout le temps les mêmes têtes. La politique ne devrait pas être une profession mais une vocation. Or, il y a une espèce de ronronnement, un manque d’audace, de prise de position et de risque.
A long terme, pensez-vous pouvoir obtenir les 500 signatures ?
Je suis totalement inconnue et je ne bénéficie pas de la moindre notoriété. Notre parti est classique malgré certains aspects modernistes qui vont très certainement susciter de la curiosité. On est à un an des élections. Je pense que nous pouvons obtenir 500 signatures. Ce n’est pas chose impossible. Nous pouvons reposer sur des réseaux de collectifs LGBT, ce qui représente une communauté importante. Nous sommes aussi très présents sur les réseaux sociaux qui permettent un échange direct avec les adhérents potentiels. Mais on ne peut pas prédire le futur. Il se peut que l’on trouve pour la première fois dans l’histoire de la République française une transsexuelle au premier tour de la Présidentielle. Ce serait assez amusant.
Laura Adolphe
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