Rue89 lance J’aime l’info, plate-forme de dons pour la presse en ligne. Le “crowdfunding”, financement collectif d’articles par les internautes, va-t-il enfin émerger dans l’Hexagone ?
Encore 508,87 dollars et les histoires croisées de travailleurs de nuit de Los Angeles à la poursuite du rêve américain pourront être filmées en vidéo par deux journalistes indépendants confirmés. Proposé sur le site de « crowdfunding » spot.us, le projet a déjà récolté près de 500 dollars.
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Fort de son succès, le site – qui a permis de financer, grâce à la participation des internautes, une centaine de reportages locaux pour à peu près autant de milliers de dollars – fait des émules un peu partout sur la planète. Où l’on espère profiter de la manne du « financement collectif » pour doper l’économie en berne des médias.
En France, c’est glifpix.fr qui s’est lancé le premier, à l’automne dernier. La recette est la même : des journalistes proposent des idées de reportage que chacun peut financer à sa mesure. Si le montant fixé est atteint, le projet est réalisé. Mais le triomphe se fait attendre, les propositions ne sont pas légion, et aucun budget n’a été bouclé depuis l’ouverture du site. Des débuts difficiles qui s’expliquent en partie par un manque de visibilité de la plateforme.
« L’idée est bonne, mais on est encore à un stade expérimental, explique Sylvie O’Dy, l’une des deux rédactrices en chef de Glifpix. En France, l’information est un bien largement gratuit sur Internet. Et nous devons apprendre à nous adapter à la culture participative. »
L’une des propositions qui devrait récolter le plus de fonds sur le site est d’ailleurs un reportage sur la loi Hadopi, un sujet propice à l’engouement communautaire des internautes.
Autre explication du démarrage laborieux de Glifpix : une culture française du free lance très différente de celle des Etats-Unis.
« Là-bas, il y a des signatures : des journalistes qui sont suivis par leurs lecteurs comme de véritables médias », analyse Laurent Mauriac, directeur général de Rue89.
D’où l’idée du site aux riverains de créer une plate-forme de crowdfunding où les projets n’émanent pas de journalistes, mais directement de sites d’information.
Lancé ce lundi, jaimelinfo.fr est une plate-forme de dons en ligne qui regroupe une soixantaine de sites (Mediapart, Owni, Terra Eco, Politis…) et devrait rapidement en compter une centaine.
« Ces sites proposeront des sujets, mais aussi de nouveaux services que les internautes pourront choisir de financer, comme le développement d’une nouvelle rubrique que les sites réaliseront ensuite sur leur propre média », explique Laurent Mauriac, qui occupe temporairement la fonction de chef de projet.
Les internautes pourront aussi soutenir directement les journaux de leur choix à travers un système de dons mensualisés. Une manière de permettre à chacun de devenir bienfaiteur de la presse en ligne. A la différence des sites à péage, il ne s’agit pas de payer pour voir, mais de payer pour soutenir.
Hugo Lindenberg
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