Depuis ce dimanche 2 août, des tweets par milliers ont repris le mot-dièse #EtreTransCest donnant l’opportunité aux personnes trans de se raconter.
En lançant le hashtag, Oscar, sous son pseudo Canapé Queer, ne se doutait pas qu’il aurait autant de succès. « C’est la première fois que je crée un hashtag », raconte-t-il aux Inrockuptibles. En seulement quelques heures des milliers de personnes témoignaient avec le mot-dièse #EtreTransCest. « A mon sens, il est utile et essentiel, ajoute-t-il. S’il est devenu viral, c’est qu’il y a un besoin de s’exprimer et de partager sur la thématique.
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Je voudrais lancer le # #EtreTransCest#EtreTransCest toujours choisir si on veut passer ou être à l'aise dans nos habits
— ⚢ Canapé en queer || Ossiam 🍉🇵🇸 (@sry_fr_nthg) August 2, 2020
Le jeune serveur en restauration de 21 ans a lui même raconté son expérience de « personne non binaire transmasculine » en une vingtaine de tweets racontant les discriminations et la transphobie, ou le fait d’« être considéré comme un sous humain avec des sous droits ».
Pour lui, être trans c’est « se faire rejeter par sa famille, devoir se cacher souvent pour ne pas finir à la rue, frappé voire tué par cette famille ». C’est aussi « toujours avoir moins de droit que les personnes cis, encore aujourd’hui (PMA, filiation) » ou encore « avoir continuellement des questions intrusives sur nos corps, comme si notre transidentité nous ramenait au rang de bêtes curieuses ».
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Des violences verbales, physiques et institutionnelles
Il explique avoir relancé ce mot-dièse, quatre ans après sa première apparition sur la toile, « pour visibiliser et permettre aux personnes trans de s’exprimer et de partager leur vécu individuel de leur transidentité ». Et les réponses ne se sont pas fait attendre. Beaucoup dénoncent les violences subies, qu’elles soient verbales, physiques ou institutionnelles.
La reconnaissance de son identité par l’État peut être un véritable parcours du combattant. Pour un internaute, « #EtreTransCest devoir prouver son existence à un juge en montant un dossier avec des PREUVES comme un-e criminel-le ». C’est aussi, comme l’ont montré les récents débats sur la PMA pour toutes, « ne pas pouvoir fonder sa famille et devoir supporter les discours transphobes de l’Assemblée Nationale ». Une autre raconte sa peur « permanente de se faire agresser, violer, ou tuer ».
https://twitter.com/RoxaeCrash/status/1290301306842656772
De nombreux tweets rapportent les souffrances psychologiques causées par la transphobie, et notamment la violence du mégenrage, c’est à dire le fait de désigner une personne par un genre dans lequel elle ne se reconnaît pas. Les tweets sur le sujet abondent. Comme celui de cette personne qui confie « angoisser à l’idée d’aller en soirée avec des nouvelles personnes » de peur d’être mégenré.
https://twitter.com/eDenkYaaa/status/1290008726619828225
Pour Oscar, le créateur du hashtag, sa viralité « est bien le marqueur du fait qu’il y ait besoin de telles initiatives » alors même que des choses aussi triviales qu’aller aux toilettes ou à la piscine peuvent être un calvaire pour les personnes trans.
https://twitter.com/evanestunananas/status/1289972275563790338
“Affronter mille épreuves et être fière”
Si ces nombreux tweets dressent le portrait d’une société qui discrimine encore largement les personnes trans, certain·es internautes ont aussi tenu à rappeler qu’ils et elles étaient heureux·ses. C’est le cas de Lucie pour qui « #EtreTransCest affronter mille épreuves et être fière de la personne que tu es devenue » ou de Yasmine, qui explique qu’« #EtreTransCest c’est devoir affronter la société tous les jours mais quand même avoir les épaules de s’accepter ».
#ÊtreTransCest une fierté ! C'est beaucoup de frayeurs, de difficultés, de discriminations. Mais c'est aussi un bonheur indescriptible de de reprendre le contrôle de son corps et de sa vie !
Un peu de positif svp, pensez aux bébés trans dans le placard, iels vont avoir peur 🥺
— Riley 🏳️⚧️ Le chat de gouttière 😼 (@Riley_EnbyKat) August 2, 2020
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Oscar, « très engagé pour les droits des personnes trans mais aussi LGBT en général », affirme être « très content que le hashtag ait été repris par d’autres personnes trans dont le vécu diffère parfois du [sien]. C’est normal, il y a autant de parcours que de personnes transgenres ». Il se dit tout de même « déçu, mais pas surpris, de voir que certaines personnes transphobes s’en sont servi pour aller insulter à tout va ». En effet, bon nombre de tweets ont donné lieu à des réponses insultantes ou des moqueries.
Pour autant, Oscar compte bien continuer à militer. « Je suis féministe et je fais mon possible pour soutenir toutes les minorités. Je pense en ce moment aux personnes intersexes, puisque l’arrêt des mutilations sur les enfants a, encore une fois, été refusé. »
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