A l’occasion de la sortie de son nouveau roman, Seul dans le noir, l’écrivain Paul Auster évoque l’arrivée d’Obama au pouvoir, le conflit au Proche-Orient et Dostoïevski.
Dans votre nouveau roman, Seul dans le noir, vous imaginez les Etats-Unis plongés dans une guerre civile…
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Après les élections de 2000, quand Al Gore a gagné et que les républicains ont volé la victoire par des manipulations politiques, juridiques, j’avais l’impression que je ne vivais plus dans le monde réel, que les Etats- Unis suivaient une voie imaginaire. Si Al Gore était passé, il n’y aurait pas eu la guerre en Irak, et je pense même que le 11 Septembre aurait pu être évité : l’équipe de Bush a ignoré les signes avant-coureurs de cette catastrophe, certains rapports alarmants du FBI. Par ailleurs, je dirais qu’il y a, d’une certaine manière, une guerre civile aux Etats-Unis. On ne lutte pas avec des armes, mais avec des mots et des idées. C’est la droite contre la gauche : les religieux fanatiques qui sont pour l’avortement, la prière dans les écoles, le port d’armes, et la peine capitale, contre ceux qui rejettent toutes ces valeurs. Je pense qu’en France, par exemple, la division culturelle n’est pas aussi profonde.
L’arrivée d’Obama au pouvoir peut-elle selon vous changer les choses, notamment en termes de politique étrangère ?
Totalement. C’est le retour d’une vision politique saine. Nous sortons enfin d’un cycle de pensée conservatrice qui dure depuis quarante ans. La priorité de ces gouvernements successifs était la défense militaire, l’armement. Hier, Hillary Clinton, secrétaire d’Etat, a annoncé, dans son discours devant la commission des Affaires étrangères du Sénat, qu’elle avait l’intention de dialoguer avec les autres pays, même avec l’Iran. Et ça, c’est un vrai changement. Obama est quelqu’un de brillant, qui s’est entouré de gens à son image.
Il pourrait vous inspirer un personnage de roman ?
Non, je n’ai pas l’habitude de créer des personnages aussi extraordinaires !
{"type":"Banniere-Basse"}