Parmi les innombrables événements médiatiques qui illustrent le 70e anniversaire de la libération d’Auschwitz, les témoignages de rescapés restent les plus émouvants, sans doute aussi car ils deviennent, du fait de l’âge, de plus en en plus rares. Libération publie ainsi les souvenirs poignants d’Henri Borlant, ex-médecin généraliste de 88 ans, déporté à 15 ans, […]
Parmi les innombrables événements médiatiques qui illustrent le 70e anniversaire de la libération d’Auschwitz, les témoignages de rescapés restent les plus émouvants, sans doute aussi car ils deviennent, du fait de l’âge, de plus en en plus rares. Libération publie ainsi les souvenirs poignants d’Henri Borlant, ex-médecin généraliste de 88 ans, déporté à 15 ans, dont le père, la sœur et le frère ont disparu dans le camp.
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« Ceux qu’on appelait les ‘musulmans’”
Émouvant, le témoignage l’est d’autant plus par son aspect trivial, sa simple humanité, parce qu’il vient d’un personnage discret qui a attendu 1992 avant de dépasser sa “trouille pas possible”, de “prendre la parole en public” pour délivrer sa terrible expérience, afin de lutter contre un antisémitisme toujours renaissant.
Henri Borlant raconte les souvenirs d’un gamin de 15 ans, “toujours dans les jupes de sa mère”, plongé dans l’abomination de Birkenau, avec les appels interminables dans le froid et la neige. Avec, aussi, « ceux qu’on appelait les ‘musulmans’, qui n’avaient plus que la peau sur les os, qui erraient comme des fantômes” et qu’il « fallait retrouver et ramener dans la baraque dont ils dépendaient”.
Car une forme de solidarité a existé dans les camps, au-delà du sadisme des gardiens et des kapos. En effet « il n’y a pas de survivants sans solidarité”. Quand il faut faire des kilomètres pour rentrer au camp après le travail, « il n’y a pas deux types pour vous tenir sous les bras à droite et à gauche”.
Alors, depuis vingt ans, Henri Borlant raconte. Il témoigne aussi devant des délinquants qui doivent passer deux jours au Mémorial de la Shoah. Il se souvient ainsi d’un jeune homme de 20 ans qui avait filmé et mis sur Internet une « quenelle » et qui, après deux heures de témoignage, s’était jeté dans ses bras en sanglotant. « On ne pouvait plus l’arrêter.”
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