Mis en place par Nicolas Sarkozy qui en avait fait un jalon fort de sa politique culturelle, le projet de la Maison de l’histoire de France est abandonné. Quatre autre projets culturels sont annulés ou reportés.
Sur France Inter, le 24 août, Aurélie Filippetti avait qualifié le projet de la Maison de l’histoire de France d' »extrêmement coûteux et contestable idéologiquement « . La ministre avait ajouté : « Il n’y a pas une manière de raconter l’Histoire, et vouloir la rassembler en un lieu, au centre de Paris, dans l’ancien bâtiment des Archives, me semblait un peu daté comme vision muséographique ».
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Dans un entretien au Monde, daté du mardi 11 septembre, la ministre de la Culture annonce l’abandon du chantier, comme le prévoyait le programme du candidat Hollande. A la place, Aurélie Filippetti compte aménager une mise en réseaux des musées d’histoire telle qu’elle l’avait annoncé sur France Inter.
« L’idée sera plutôt de travailler sur la mise en réseau de ces établissements à travers un organisme pilote qui pourra s’incarner à travers un site internet, qui aura un comité scientifique et qui travaillera à organiser régulièrement des expositions sur le thème de l’écriture de l’histoire », précise la ministre.
« Une très bonne décision pour les historiens »
Pour Nicolas Offenstadt, historien et auteur de L’Histoire Bling Bling, cette annonce constitue « une très bonne décision pour tous les historiens et citoyens qui souhaitent une action publique au service du développement de la connaissance historique, qui, de plus, a été prise rapidement« .
Ayant participé au mouvement de contestation dont le projet avait fait l’objet, Nicolas Offenstadt explique : « Ce projet était très mal ficelé, proprement dans l’esprit sarkoziste d’une identité nationale, étriqué, partisan, indigne d’une démocratie européenne contemporaine. Je ne crois pas qu’une histoire ouverte et critique consiste, comme dans ce projet, à vendre de la nostalgie, celle d’une France éternelle, et à poser des questions identitaires« .
Un projet controversé
Le projet d’une Maison de l’histoire de France avait été très critiqué. Des historiens de renom s’y étaient opposés. Jacques Le Goff, Roger Chartier et Daniel Roche avaient publié une tribune dans Le Monde mettant en garde contre le risque d’instrumentalisation de l’histoire à des fins politiques. L’académicien Pierre Nora avait publié une lettre ouverte à Frédéric Mitterrand, alors ministre de la Culture, lui demandant une suspension du projet.
L’annonce, en septembre 2010, de l’installation de la Maison de l’histoire de France au sein des Archives nationales en lieu et place de l’Hôtel de Soubise et des Grands dépôts avaient provoqué la colère du personnel. S’en étaient suivis une grève générale, puis une occupation des lieux pendant dix-huit mois. Le projet avait néanmoins été entériné.
Restrictions budgétaires
Aurélie Filippetti a présenté la suppression de ce projet comme appartenant à un mouvement global de réduction des dépenses : « L’exception culturelle, cela ne veut pas dire que la culture est exempte d’efforts« , explique-t-elle.
La ministre indique qu’elle entend faire porter l’effort budgétaire sur « certains projets, annoncés avec légèreté et pour l’essentiel, non budgétés par l’équipe Sarkozy. Le total de ces projets dépasse le milliard d’euros. Nous en arrêtons certains, nous en suspendons ou en reportons d’autres« .
Les quatre autres projets abandonnés sont la création d’un Musée de la Photographie à l’hôtel de Nevers, le Centre d’art pariétal Lascaux 4, la salle supplémentaire de la Comédie-Française à la Bastille et L’hôtel de la Marine.
La ministre a également annoncé son souhait de retravailler le projet de la tour Utrillo à Clichy-Montfermeil, les archives photographiques d’Arles, Le Centre des réserves de Cergy et les schémas directeurs de grands établissements comme le Grand Palais ou Versailles.
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