Quelle relation entretient chacun d’entre nous avec son genre, sa féminité, sa virilité ? Tel est le point de départ de l’émission Dans le genre de sur Radio Nova. En une heure, deux fois par mois, Géraldine Sarratia, journaliste aux Inrocks, part à la rencontre d’une personnalité qu’elle interroge sur son rapport au genre et […]
Le monsieur culture du PAF, Augustin Trapenard, était l’invité de Géraldine Sarratia dimanche dernier dans l’émission Dans le genre de sur Radio Nova. Pendant une heure, il raconte comment son éducation a modelé sa relation à son genre, ses paradoxes et son engagement féministe.
Quelle relation entretient chacun d’entre nous avec son genre, sa féminité, sa virilité ? Tel est le point de départ de l’émission Dans le genre de sur Radio Nova. En une heure, deux fois par mois, Géraldine Sarratia, journaliste aux Inrocks, part à la rencontre d’une personnalité qu’elle interroge sur son rapport au genre et à l’identité. Augustin Trapenard, animateur de Boomerang sur France Inter, du Cercle et de 21 cm sur Canal +, était son invité dimanche dernier à 19h.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Augustin Trapenard est connu pour les descriptions enjôleuses de ses invités et s’il s’exprime si élégamment sur les ondes de France Inter, c’est qu’il est issu d’une bonne famille.
J’ai grandi dans une famille très bourgeoise, parisienne qui s’est installé en Angleterre très rapidement pendant deux ans. Une famille avec des codes, des traditions qu’il fallait absolument respecter, qu’il fallait absolument suivre et j’étais sans doute l’élément un peu perturbateur de cette famille. Un peu différent.
Une enfance entourée de modèles de virilité
Son père est analyste financier et sa mère est professeur d’histoire-géographie. Il grandit dans une famille nombreuse, avec deux grands frères et une petite sœur. Un milieu très classique, le genre où l’on voit “du serre-tête” lorsque l’on feuillette les vieux albums photos. Alors, bien sûr, dans cet environnement familial, l’idée de la masculinité est conforme aux attentes sociales.
Je pense que la question de la virilité était tellement intégrée, qu’elle ne se posait même plus dans ce type de famille. Moi, j’ai toujours été très surpris d’être le premier à questionner ces archétypes. Et très jeune en réalité par les jeux auxquels je jouais qui surprenaient. Pour autant, tout cela était tellement intégré chez [mon père] que, étrangement, ça ne le choquait pas tant que ça, ce n’était pas un drame en fait.
Ses trois aînés, son père et ses deux frères, qu’il côtoie tous les jours, sont ses “modèles”. Des hommes à la virilité sûre, “fiers de ce qu’ils incarnaient”. Trois virilités différentes mais dans lesquels il ne se reconnaît pas. Le mythe familial voudrait même que, lui, de son côté, joue au Petit Poney rose dès l’âge de trois ans. “Le rose, c’est beau”, analyse-t-il rieur pour défendre ce comportement.
“C’est les filles qui se maquillent”
Élevé avec les codes classiques de la masculinité, entouré de modèles conformes aux attentes sociales de genre, Augustin Trapenard, malgré lui, a du mal à se départir de ces stéréotypes. Inconsciemment, il cherche à coller aux codes de la masculinité, par sa barbe ou sa démarche qu’il contrôle, alors même que c’est quelque chose qu’il dénonce.
La virilité est une construction. Une construction sociale, une construction qui naît dans l’éducation aussi, une fiction qu’on nous a imposée à mon sens à tort et qui fait beaucoup de mal. Une fiction d’une violence quasi indicible qui a conduit beaucoup de jeunes gens, je pense, à se faire du mal et à se sentir toujours en dehors. Moi, si on parle de moi, j’ai toujours l’impression, paradoxalement, d’essayer de la rattraper [cette virilité] mais je rêve de la détruire.
Il raconte une anecdote où, lui-même, s’est surpris par sa réaction :
J’étais avec un amoureux, il y a longtemps, il y a dix ans, et un jour je l’ai surpris en train de se maquiller. Et j’étais horrifié. Et je lui dis : “Mais enfin qu’est-ce que tu es en train de faire ?” Il me dit : “Bah quoi ? Je me maquille.” Je lui dis : “Mais c’est quand même bizarre !” Et il me dit : “Bah pourquoi c’est bizarre ?” Je lui dis : “C’est les filles qui se maquillent.” Et il me dit : “Mais pourquoi ?” Et à l’issu de ce “pourquoi” je me suis posé énormément de questions. C’est vrai “pourquoi” en réalité ? Après tout, quand on a un bouton, on peut très bien le maquiller. Et du coup, un peu par provocation vis-à-vis de moi-même, je me suis mis à maquiller mes boutons parfois.
Des questions il continue à s’en poser encore et encore lui qui n’aime pas “ce qui est figé”. Il se déclare féministe ce qu’il définit en ces termes :
Un homme féministe c’est quelqu’un qui s’interroge sans cesse et tente de ne pas figer la femme dans des stéréotypes. Et de façon général, tente de ne pas figer l’autre dans des stéréotypes parce que le combat féministe, qui est un combat politique, il est à mettre avec le combat contre toutes formes de discriminations y compris les discriminations homosexuelles dont moi j’ai été victime.
Une émission dans laquelle on parle aussi des coming-out que les homosexuels doivent faire tous les jours, de la place des femmes dans la programmation d’émissions culturelles, des dérapages inévitables lors de l’exercice périlleux de l’interview, des blessures laissées par les insultes homophobes, de son nouveau visage s’il pouvait le choisir et beaucoup d’autres choses encore. Si vous souhaitez en entendre plus sur Augustin Trapenard, branchez-vous ici.
{"type":"Banniere-Basse"}