Jeudi 28 novembre s’est tenu le procès de l’association Home cinéma, accusée d’“occupation illégale” de l’établissement, où des projections de films ont lieu tous les soirs. Le délibéré sera rendu le 19 décembre.
Un procès “hautement symbolique”, presque “un tournant” selon Laurent, un cinéaste venu soutenir Home Cinéma, tout comme une trentaine de bénévoles mais aussi des élus politiques – Danielle Simonnet de la France insoumise, Laurent Audouin d’EELV. Jeudi 28 novembre, six membres de cette association – dont son président, Derek – comparaissaient au Tribunal de Paris, accusés par le Conseil social et économique de la Caisse d’épargne d’Ile-de-France (CSECEIDF) d' »occupation illégale » du cinéma La Clef, dont l’instance est propriétaire depuis 1981.
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En effet, depuis le 21 septembre, Home cinéma (qui fédère plusieurs collectifs : de spectateurs, d’artistes, de cinéastes…) a pris ses quartiers dans ce cinéma art et essai du Ve arrondissement de Paris, afin de le faire revivre, notamment à travers la projection de films et l’organisation de débats. De fait, en avril 2018, l’établissement avait été vendu par le CSECEIDF – par manque de moyens -, marquant ainsi la fermeture du dernier cinéma associatif de la capitale. Des ex-salariés avaient alors tenté, en vain, de racheter l’établissement. La solution, alors : transformer La Clef en La Clef revival, en occupant illégalement – et pacifiquement – les lieux pour faire perdurer l’esprit de ce cinéma et ainsi “contredire, et joyeusement s’opposer, à son devenir uniquement marchandise”.
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Délibéré le 19 septembre
A l’audience, l’avocate des prévenus sollicite une médiation avec le propriétaire, ainsi qu’un délai de six mois à un an pour que les occupants actuels quittent l’établissement. “On ne peut pas laisser perdurer l’occupation, car il existe un vrai risque”, lance de son côté le conseil de la CSECEIDF, qui demande l’expulsion des occupants, mettant à la fois en exergue le fait que le cinéma “n’est pas aux normes”, mais aussi qu’“on ne peut pas entrer chez autrui, même si on considère notre cause supérieure”. Des arguments que l’avocate des prévenus réfute, en affirmant que, durant la période pendant laquelle le cinéma était fermé, les propriétaires des lieux auraient autorisé plusieurs ateliers artistiques…. sans, dans ces cas-là, “invoquer les normes”. Et d’ajouter : “Ce n’est pas la qualité de l’occupant qui détermine si le lieu est dangereux !”
Elle rappelle aussi comment cette occupation est reconnue comme illégale par les occupants eux-mêmes, mais qu’elle n’aurait pas été faite par effraction. Par ailleurs, “l’occupation n’est en rien habitative” : selon l’avocate, si des matelas ont été installés au sein des locaux, ce serait dans le seul but d’assurer une continuité du mouvement et permettre la projection quotidienne de films. Le délibéré sera rendu le 19 décembre. En attendant, la résistance continue pour les membres de l’association – lesquels ont présenté un projet de reprise à la Ville de Paris – qui, à la sortie de l’audience, affichent un grand sourire. L’un d’eux arbore d’ailleurs un t-shirt avec ce message : “The revolution will not be televised.”
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