Le système d’alerte terroriste en Angleterre est passé de « sévère » à “critique” le 23 mai. Alors que moins de 5 % des policiers anglais sont armés, la situation va-t-elle changer après la tragédie de Manchester ?
“Je ne me suis jamais fait fouiller, ni à Manchester, ni à Londres. Même au théâtre, où je me rends souvent, je n’ai jamais eu à ouvrir mon sac”, remarque Amélie, doctorante en French Studies à l’Université de Manchester. Même après l’attaque qui a fait 22 morts lors du concert d’Ariana Grande lundi soir, elle affirme se sentir “plus en sécurité en Angleterre qu’en France”. Pourtant, le niveau d’alerte terroriste en Grande-Bretagne, bloqué sur “sévère” depuis près de trois ans, vient de passer à « critique« .
Au Royaume-Uni, si les caméras de surveillance pullulent, les armes sont rares. Moins de 5% des policiers en sont équipés. Pour les agents, c’est une façon d’entretenir une relation de confiance avec les citoyens. La question de leur équipement se pose régulièrement : en 2012, le débat est relancé après le meurtre de deux officiers à Manchester. En cas de danger, des unités armées spécialisées interviennent : un peu plus de 5 500 membres des forces de l’ordre en faisaient partie en 2015.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Après l’attaque de Westminster du 22 mars dernier, la police londonienne a été renforcée dans les zones stratégiques. “J’ai vu des militaires à Londres autour des gares et lieux touristiques”, se rappelle Amélie. “À Manchester, je croise la police de temps en temps dans le centre, mais depuis l’attentat au Parlement, rien n’a changé.” Professeur de musique dans l’agglomération, Hannah opine : “en temps normal, on ne croise aucune patrouille en ville”. Plus pour longtemps : des renforts armés ont été envoyés pour aider les équipes de la ville à s’organiser en cas d’autre attaque, et à traquer les responsables de l’explosion-suicide.
Un renforcement timide
Dès août 2016, le directeur de la Police métropolitaine de Londres, Bernard Hogan-Howe, avait prévenu qu’il ne fallait pas se demander “si, mais quand” aurait lieu une attaque terroriste sur le sol britannique. Près de 600 spécialistes de l’antiterrorisme viennent alors prêter main-forte aux bobbies. “Il y a besoin de policiers équipés d’armes à feu, qui pourront utiliser la force pour empêcher des assaillants de mener à bien leurs projets.”
Armed officers increased to protect #London against threat of terrorism https://t.co/eoJu1J0x5L pic.twitter.com/hH5MArtD1U
— Metropolitan Police (@metpoliceuk) August 3, 2016
Le maire de Londres Sadiq Khan, à droite, avec un responsable policier « Le nombre de policiers armés a été augmenté pour protéger Londres de la menace du terrorisme. »
À cette même période, un document du National Police Chief Council’s fuitait : il y était question d’augmenter de 5 100 le nombre de policiers armés employés à la sécurité et à la protection. La France en avait alors déployé 10 000 dans ses rues pour l’opération Sentinelle. The Guardian liste les limites d’une telle initiative, notant “la difficulté d’établir le moment où la menace s’est suffisamment estompée pour revenir à la normale”. Le projet est enterré.
Vigipirate à l’anglaise
Créé en 2006, le système d’alerte britannique pour le terrorisme international compte cinq échelons, contre trois en France. La menace peut être “faible” comme “critique”, en cas d’attaque imminente. Le 29 août 2014, le gouvernement avait placé le curseur de la menace sur “sévère” au vu de la situation en Syrie et du danger du retour de djihadistes partis se battre aux côtés de l’Etat Islamique. Mardi 23 mai, pour la première fois, elle a atteint le niveau maximum.
La Première ministre Theresa May s’est prononcée dans la nuit sur cette décision : « Non seulement la possibilité d’une attaque reste probable, mais elle pourrait être imminente. » Pour répondre au danger, une réponse « accrue » est mise en place, avec des « des ressources et un soutien supplémentaires mis à disposition de la police« . Des militaires vont être chargés d’assurer la sécurité de certains sites et événements, et déjà, quelques soldats patrouillent dans les rues de Manchester.
{"type":"Banniere-Basse"}