Au QG de Nicolas Dupont-Aignan, on navigue entre joie et déception. Si l’affiche du second tour “déprime” les militants de Debout La France, le score de leur champion, 5 %, les réjouit. Avant de déchanter…
« Victoire. » Le mot est sur toutes les lèvres au QG de Nicolas Dupont-Aignan. Très vite suivi des mots « catastrophe ». On entend même un « pays de merde » retentissant.
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Il est 20 h. Les militants de Debout la France prennent un ascenseur émotionnel en cette soirée électorale. Lorsque les visages d’Emmanuel Macron et de Marine Le Pen apparaissent à l’écran, des cris d’horreur éclatent, des noms d’oiseaux résonnent. Comme un seul homme ils se mettent à huer et siffler. Avant d’exulter lorsque leur champion apparaît à l’écran géant. « On est à 5 % », hurle une jeune fille. Applaudissements, cris de joie.
Quand les militants de #DeboutLaFrance apprennent que @dupontaignan est bien à 5% pic.twitter.com/y7NjsqLTbD
— Pierre Bafoil (@BafoilP) April 23, 2017
« La mère Macron ? Une cagole à l’Elysée »
Pour Nadine Nicolas deux objectifs sont atteints. « On a triplé notre score de 2012 et on va se faire rembourser les frais de campagnes », se réjouit cette femme de 66 ans, candidate Debout la France aux législatives à Grenoble.
Mais le visage de la militante s’assombrit quand on lui rappelle l’affiche du second tour. « Ça me dégoûte. » Le Pen ? « Non Macron ! Il s’est positionné avec le fric. Je comprends pas. C’est le pire du pire. » Avant de se retourner pour glisser à une amie. « Et puis la mère Macron… Une cagole à l’Elysée ? »
« On est optimistes et réaliste »
Depuis 18 h, les militants de Debout la France étaient réunis dans un appartement du très chic VIIe arrondissement de Paris, à deux pas de l’Assemblée nationale. Ambiance chips bas de gamme, pistaches et jus d’orange. Sur la plupart des vestes, des petits pins bleu-blanc-rouge. Les visages arborent des sourires confiants. « On est optimiste et réaliste, on vise 5 ou 6 % », confie une militante.
Même objectif chez Martin Barbier-Saint-Hilaire, à la tête des Jeunes de Debout la France à Paris. « Si on talonne Hamon ça serait génial », pense le jeune homme de 23 ans. Affublé d’un sweet shirt à l’effigie de Napoléon Bonaparte – parce qu’aujourd’hui, il s’est habillé « détente » –, le jeune homme se prend même à rêver. « Peut être qu’on peut dépasser le PS. » Avant d’être pragmatique. « Et puis, on se fera rembourser les frais de campagnes, ce n’est pas rien.” En riant, il glisse. « Personnellement, j’ai dépensé plein d’argent dans la colle pour les affiches, comme je suis étudiant, j’aimerai bien me la faire rembourser ! »
Derrière le colleur d’affiches désargenté, la salle, pas très grande, se remplit doucement. On est vite collé, sans être trop serré. C’est plutôt bon enfant. Maxime, 19 ans, est venu soutenir son champion et assister « sa victoire ». Chez Debout la France, la victoire c’est plus de 5 %. Mais il pense à l’après. « Si c’est Mélenchon au second tour, je voterai pour lui ». Ils sont nombreux à affirmer se retourner vers le candidat de la France Insoumise si celui-ci accédait à la finale.
« Si j’avais 20 ans, je voterais Mélenchon », explique en riant Nicolas Laurent, un sympathisant de 57ans. « Mais oui, moi je suis de gauche », affirme un jeune militant. « Moi de droite », rigole un autre. Chez Debout La France, on ratisse large. Enfin, au moins jusqu’à 5 %.
Tous estiment qu’ils ont fait « une bonne campagne » et espèrent voir leur champion atteindre le seuil du remboursement. « Pour un petit parti comme nous, c’est primordial, explique Nadine Nicolas. Il ne faut pas que les déçus s’en aillent, il faut continuer. »
« On est des faiseurs de roi »
Quand l’affiche se dévoile à 20 h, le jeune Max est dépité. Ana, qui se tient à ses côtés, et qui « a un peu les boules », n’affiche pas meilleure mine . « On va voter blanc », annoncent-ils en chœur. « Macron c’est hors de question, et Marine Le Pen n’en parlons pas. »
Max se met à soupirer. « C’est cousu de fils blancs, ça sera Macron président. C’est fini. » Nicolas Lejeune, un Belge venu exprès pour l’occasion ne cache pas sa colère. « Macron, c’est vous les médias qui l’avez fait. Si j’étais français – Dieu merci, je suis belge – je voterais Marine Le Pen sans hésitation. » Jean-Baptiste tient à ‘recentrer’ le débat. « On a quand même fait 5 %. »
Julien Chatel, l’attaché de presse de Nicolas Dupont-Aignan, ne cache pas sa satisfaction. « On est des faiseurs de rois », jubile-t-il. Dès lors, qui couronner ? « Il y a un bureau national demain après-midi, on verra bien. » Quant à de potentielles consignes de votes ? Les militants n’y croient pas. « Nicolas a toujours dit que nos voix ne lui appartenaient pas. »
Pas de consignes de vote de @dupontaignan qui prévient
« Je ne me déroberai pas, je ferai part de mon choix »#Presidentielle2017 pic.twitter.com/Lmpc8a6m8J— Pierre Bafoil (@BafoilP) April 23, 2017
« Je ne me déroberai pas »
À 21 h passées, après le discours de Marine Le Pen, Nicolas Dupont-Aignan se prononce enfin. Il fustige les disproportions de « moyens financiers », de l’influence des sondages.
Avant de prévenir « Je ne me déroberai pas, je ferai part de mon choix. » Il poursuit quelques minutes plus tard sous les acclamations de ses militants, et tient à leur préciser. « Ne prenez pas de décisions d’ici là. »
#Présidentielle2017 Les dernières estimations (Ipsos-Sopra) https://t.co/RZlVAnVJtP pic.twitter.com/RMZdBGcmOe
— Le Monde (@lemondefr) April 23, 2017
Mais entre-temps, les résultats se précisent. Nicolas Dupont-Aignan serait à 4,9 %. « Peut-être même 4,8”, souffle douloureusement un militant. On est tous un peu triste. »
Les conséquences financières pour le parti ? « On verra bien, on garde la motivation. Mais c’est un peu la misère quand même. » Pour Martin Barbier-Saint-Hilaire, le colleur d’affiches, le remboursement des pots de colle s’éloigne un peu plus…
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