« Je parle d’une situation dans laquelle un homme arrive avec une valise pleine de diamants et demande protection au Danemark. Ça ne me semble pas injuste. » Voilà comment le ministre de l’Intérieur danois, Sören Pind, a justifié la proposition de loi visant à confisquer aux migrants les biens d’une valeur de plus de 3 000 couronnes danoises (environ 400 euros) à leur arrivée au royaume scandinave.
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Les policiers pourraient donc saisir, dès le mois de février, diamants et autres effets personnels onéreux appartenant aux nouveaux arrivants. Interdiction cependant de toucher aux objets de « valeur sentimentale », tels que les alliances, les montres, les téléphones portables ou encore les jouets des enfants. A moins que la valeur de ceux-ci ne « soit pas spécifiquement jugé raisonnable » par les policiers. La tâche s’annonce ambiguë pour les fonctionnaires, auxquels aucune formation n’a été promise.
Le débat parlementaire a quant à lui accouché de scènes singulières : le Daily Beast rapporte notamment qu’un député a émis l’idée de saisir les bagues avec un diamant de plus d’un carat.
« Si vous avez une fortune, vous vous débrouillez »
A travers cette mesure, présentée la semaine dernière parmi un paquet de 34 propositions, la défiance (déjà très prononcée) des autorités danoises envers l’accueil des migrants atteint des sommets. L’objectif est de dissuader les candidats à l’exil de profiter du modèle social danois. Cet été, le ministère de l’intégration proclamait, à coups de publicité dans les journaux libanais, qu’obtenir une carte de séjour ne serait pas chose aisée.
Le gouvernement libéral estime que les demandeurs d’asile doivent être logés à la même enseigne que les bénéficiaires d’allocations sociales. « Si vous avez une fortune, vous vous débrouillez. Si vous n’en avez pas, la communauté paie », a résumé vendredi le Premier ministre Lars Løkke Rasmussen.
Le nombre de migrants présents au Danemark s’élève fin 2015 à 20 000, et devrait atteindre 25 000 en 2016, selon les pronostics. L’influence croissante du parti d’extrême-droite, Dansk Folkeparti, est un facteur d’explication de cette dérive droitière. Son président, Kristian Thulesen Dahl, juge « normal que les gens qui viennent ici payent eux-mêmes leurs dépenses s’ils en ont les moyens ».
Le Parti du peuple danois, qui fait de l’anti-immigration son cheval de bataille, garantit depuis juin dernier une majorité parlementaire au gouvernement libéral. La formation s’est imposée comme le second parti du pays après les élections législatives.
L’opposition reste muette
Mais ce qui étonne le plus, c’est le silence de l’opposition. Les députés sociaux-démocrates se sont ralliés à ce durcissement des conditions d’accueil des demandeurs d’asile. Une nécessité pour cause de « situation extraordinaire ».
Vont donc être créés, dans les prochains mois, des camps de tentes en zones rurales pour accueillir les hommes seuls. Le regroupement familial sera également interdit aux titulaires d’une carte de séjour pendant les trois premières années passées au Danemark.
Une pétition en ligne « Non à la confiscation des biens des migrants » a recueilli près de 8 000 signatures. « Fuir des régimes brutaux et totalitaires témoigne de l’aspiration des hommes à vivre dans une société plus accueillante, lance l’un de ses auteurs. Refusons que les demandeurs d’asile soient accueillis dans ce même esprit totalitaire ».
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