Pour la première fois, l’OM ouvre les portes de la Commanderie à la presse. Et c’est le milieu de terrain Edouard Cissé qui nous sert de guide.
« Ici c’est un peu comme à Las Vegas : ce qui se passe à la Commanderie reste à la Commanderie.” C’est Edouard Cissé qui parle. Le numéro 6 de l’OM s’est proposé pour nous faire visiter l’antre du club, où les journalistes ne pénètrent jamais. Le bâtiment est situé en plein coeur du centre Robert-Louis-Dreyfus, traditionnellement appelé la Commanderie.
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Construit en huit mois à peine, en 2009, Didier Deschamps, entraîneur du club depuis lors, y a installé son camp de base. C’est ici que s’est gagné le titre de l’an passé, et que se gagnera peut-être celui de 2011. Le bâtiment ne paie pas de mine. Carré, lamé de bois, il évoque de loin une sorte de cube Ikea. A l’entrée, Rose-Hélène, la secrétaire du club, nous accueille. Cissé :
“Rose-Hélène, personne ne la connaît mais c’est un des piliers du club. Elle est là tous les jours. C’est la première personne que l’on voit ici, son sourire est très important pour nous, c’est elle qui donne le ton.”
Premier étage. “C’est notre bureau”, note Edouard Cissé. Salle de kiné pour commencer. On y croise Alain Sultanian, dit “Museau”, 57 ans, kinésithérapeute de l’OM depuis vingt-neuf ans, il est aussi celui des Bleus depuis l’arrivée de Laurent Blanc. Son surnom, “c’est une histoire de connerie de pêche d’un poisson qui avait le museau pointu”, explique l’intéressé. Museau a vu passer tout le monde : de Papin à Bernard Pardo le phénomène, en passant par Cantona, Waddle, Barthez, Drogba et même le Deschamps joueur. Il a vécu le doublé de 1989 qui reste “son meilleur souvenir” et le titre de champion d’Europe de 1993.
“Museau, c’est la mémoire vive, il connaît l’histoire du club, le corps des joueurs, il est incontournable”, raconte Cissé, alors que l’on traverse la “salle des bains”.
Un à 28 degrés pour les joueurs qui récupèrent de blessure ou qui font des exercices. Un autre à 7 degrés à la fin des entraînements. Cissé : “Dans celui-là, on n’y reste jamais très longtemps, sauf les Argentins qui sont habitués et qui peuvent y passer cinq minutes, c’est dingue.” Puis, un rang de douches conduit au vestiaire, bien plus sobre que celui du Stade Vélodrome : des casiers disposés en U autour d’une table où l’on pose le linge sale.
“Chacun gère son casier comme il veut, il y en a qui ont plein de trucs dedans comme Andrade, le deuxième gardien, qui range tous ses shampooings et ses après-shampooings – on a surnommé son casier Sephora, c’est là qu’on vient faire les courses. Lucho, lui, a une bouilloire avec laquelle il fait chauffer son maté. Moi je n’ai pas grand-chose, à part des crèmes et des lettres de fans à qui je dois répondre.”
Des chaussures sont posées tout en haut du casier de Cissé avec “Edu” écrit dessus. Sur un mur, à côté du tableau où sont notés tous les horaires d’entraînements et de matchs, une prise iPod. Elle accueille la programmation de Rod Fanni, DJ officiel du club. “Il a une sélection variée, on lui a laissé les commandes.”
Une rumeur nous annonce que l’un des artistes préférés des Marseillais serait Booba, shocking. Un peu plus loin, les crampons. De toutes les couleurs, des moulés, des vissés. Cissé s’amuse :
“C’est un peu folklorique, les couleurs, pas toujours de très bon goût, je crois que je suis l’un des derniers à jouer avec des crampons noirs”, plaisante le joueur alors que l’on arrive à la salle de musculation.
Un mot au mur nous apprend que Gignac est capable de lever 125 kilos avec ses jambes. C’est peut-être pour ça qu’il a proposé de faire des grillades sur le petit coin de verdure qui sépare le terrain de la salle de muscu. Refusé. Dans le couloir, le bureau de Didier Deschamps, fermé à clé. “Le coach arrive avant nous et repart après nous. On sait qu’il est à côté, et qu’on peut aller le voir à toute heure”, confie Edu. Puis c’est le deuxième étage. La salle de repos, spartiate. Une PS3, deux postes internet, “mais sans Facebook, comme dans toutes les entreprises”, un Baby-foot, un livre sur l’histoire de l’OM. A côté, la pièce où l’on mange des pâtes, du poulet, des pâtes, des carottes rapées, des fruits et des barres de céréales. On peut prendre un expresso quand même.
C’est ici qu’Edouard Cissé se retrouve un peu avant les autres avec les anciens comme Gabriel Heinze.
“Quand ça ne va pas, c’est là que les abcès sont crevés. Il y a des discussions, parfois des disputes, comme dans chaque famille. C’est là que les conflits sont désamorcés.”
A l’opposé, la pièce des fournitures. A l’entrée, des photos de Mohamed Ali et de Mike Tyson au milieu des photos du club. Des fanions de Liverpool. Un maillot de Manchester, celui de Chris Smalling, ramené de la dernière confrontation avec le club.
On entre dans la salle où se trouvent maillots, chaussettes et compagnie. “C’est d’ici que tout part”, s’amuse Toussaint, le responsable des lieux, qui nous montre le dernier maillot brodé pour la finale de la coupe de la Ligue entre l’OM et Montpellier. Tout en haut, un maillot du PSG discrètement accroché. Même pas truffé de flèches. Juste avant de quitter les lieux, on trouve la pièce de collection. Un maillot extérieur bleu marine floqué “33 Dégun”. Dégun signifie “personne” à Marseille. A la Commanderie, l’OM ne “craint dégun”.
Pierre Siankowski
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