C’est au Carrousel du Louvre qu’Emmanuel Macron a fêté sa victoire à l’élection présidentielle. Parmi la foule, si beaucoup ont salué une belle victoire, les attentes sont nombreuses. Le travail commence pour le huitième président de la Ve République.
Bien entendu, il est arrivé en marche, sur L’Hymne à la Joie, aux alentours de 22 h 30. Comme Emmanuel Macron, des milliers de marcheurs ont décidé de s’arrêter quelques minutes face à la Pyramide du Louvre, pour saluer celui qui, à 39 ans, est devenu le plus jeune président de la République française. « Merci mes amis, merci à vous d’être là ce soir. Ce soir la France l’a emporté », ont été ses premiers mots. Dès 19 h 15, une foule d’impatients s’est mise à courir vers l’imposante scène installée entre les Pavillon Mollien et Turgot. Chacun cherchant la meilleure place pour apercevoir le champion du soir. Il n’y a jamais vraiment eu d’incertitude lors de cette fin de journée électorale. Malgré un début de campagne d’entre-deux tours poussif, la performance de l’ancien ministre de l’Economie lors du débat du 3 mai – ou plutôt la contre-performance de sa concurrente, Marine Le Pen – a effacé les dernières inquiétudes sur les visages des militants. A 20 heures c’est l’explosion :
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5…4…3…2…1…. #Macron pic.twitter.com/0XyA0ErxEq
— Julien Rebucci (@julienrbcc) May 7, 2017
Beaucoup d’interrogations
L’euphorie retombe vite pour laisser place à une multitude d’interrogations. Le premier discours d’Emmanuel Macron, très général, laisse perplexe dans les rangs. Son air grave et solennel tranche avec sa prise de parole deux semaines plus tôt. Comme s’il avait interverti les deux événements – soirée à la Rotonde comprise. « Il est de ma responsabilité de vous entendre en luttant contre tous les formes d’inégalités, en assurant votre sécurité, en garantissant l’unité de la nation », a déclaré le nouveau président de la République française, en direct de son QG. Cela tombe bien, car les gens présents ce soir attendent désormais des actes.
Ma responsabilité sera de rassembler. pic.twitter.com/dTFtUvxGLG
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) May 7, 2017
« J’ai voté pour lui car il veut mettre un terme au clivage gauche/droite dans notre pays, indique Olivier, quadra venu avec son ami Frédéric. J’attends maintenant qu’il fasse ce qu’il dise et qu’il renouvelle réellement la classe politique actuelle. » Frédéric, lui, émet une inquiétude, lorsque que les écrans géants affichent le visage de François Bayrou, invité sur le plateau de France 2 et annoncé comme un possible Premier ministre : « Surtout pas lui ! S’il le nommait après avoir été élu, c’est comme s’il faisait trois pas en arrière après deux en avant. » Tous les deux militent pour la nomination à Matignon de la députée européenne Sylvie Goulard, venue du MoDem.
Ce n’est pas le cas de Matthieu, qui aurait voté pour François Bayrou s’il avait été candidat. Pour lui, le centriste est l’homme idoine : « C’est derrière Emmanuel Macron celui qui incarne mieux la fin du clivage gauche/droite et une certaine idée du centrisme, à laquelle j’adhère. » Le maire de Pau a eu de mots forts à l’égard de M. Macron, dès l’annonce des résultats, évoquant un « résultat magnifique et incroyablement significatif ».
Des marcheurs, des fillonistes et des insoumis
Il n’y a pas que des marcheurs qui ont décidé de venir au coeur de Paris. Il y a tout ceux qui ont voté avant tout contre Marine Le Pen et le Front national. Comme Aude et Gwladys qui revendiquent leur présence comme l’application d’un « exercice citoyen ». Ces deux amies ont profité d’un week-end dans la capitale pour venir écouter le nouveau président élu. Aude a voté Macron au premier tour mais aurait souhaité voir Benoît Hamon mieux représenté : « J’ai cédé aux sirènes du ‘vote utile’, aujourd’hui je le regrette ». Même regret pour Gwladys, qui a voté pour Jean-Luc Mélenchon et qui a en ligne de mire les législatives. En attendant, toutes les deux attendent des signes forts d’Emmanuel Macron et l’ouverture promise à la société civile et aux femmes, dans son futur gouvernement.
Alors que Stanislas Guérini prend la parole pour commencer à chauffer le public, on croise Gérard, retraité de 66 ans, venu de Versailles. C’est la première fois de sa vie qu’il ne vote pas à droite. S’il n’a pas donné sa voix à François Fillon, ce n’est pas parce à cause de son programme économique, « le plus réfléchi » selon lui, mais à cause de sa radicalisation : « L’irruption de Sens Commun au sein des Républicains m’a sonné. La religion doit rester dans la sphère privée, Fillon a fait un grave erreur en les mettant en avant. » Derrière lui, Agathe et Inès, 16 ans toutes les deux, se mettent à danser sur la musique envoyée par le DJ. Elles auraient voté pour Macron car « ça change d’avoir un président jeune ».
Convaincre après avoir rassemblé
Des fillonistes, des insoumis, des marcheurs, des hommes, des femmes, des jeunes et des moins jeunes ; Emmanuel Macron a réussi son premier pari, celui de rassembler derrière lui une majorité de Français. Toutefois, sur les cendres du PS, il lui reste maintenant à transformer l’essai ; que ce vaste mouvement populaire ne reste pas comme une simple réponse à une montée rampante et inquiétante de l’extrême droite, mais que se soit un tremplin pour gouverner. Les records observés de l’abstention et des votes blancs au cours de ce scrutin, le score de Jean-Luc Mélenchon qui a d’ores et déjà mobilisé ses « gens » en vue des législatives face au programme « du nouveau monarque », prouvent l’ampleur de sa tâche. « Tout le monde nous disait que c’est impossible », a rappelé Emmanuel Macron dans son discours au Carrousel. Il reste beaucoup de chemin à accomplir au premier des marcheurs.
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