Le ministère de la Santé brésilien a créé de faux profils sur des applications de rencontres. Objectif : sensibiliser les jeunes à l’usage du préservatif dans un pays où le virus gagne du terrain.
A partir d’aujourd’hui, et jusqu’à la fin du mois de février, les festivités du carnaval vont rythmer la vie des Brésiliens. Un événement durant lequel beaucoup vont se lâcher, quitte à ne pas se protéger lors de rapports sexuels. Pour sensibiliser les plus jeunes au port du préservatif, le ministère de la Santé brésilien a décidé de surfer sur la mode Tinder et autres applications de rencontres rapides.
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http://www.youtube.com/watch?v=mrG5KKYsqT4
Dans cette vidéo, le ministère explique qu’il a créé cinq faux profils d’utilisateurs aux pratiques à risques pour faire passer un message aux personnes qui se laisseraient tenter. Sur le profil d’Alana, on peut lire que la jeune utilisatrice de Tinder « cherche à rencontrer hommes et femmes pour relations sans engagement, de préférence sans préservatifs« . Idem pour Gustavo, sur l’application de drague gay Hornet cette fois, qui proclame lui : « Sexe sans pudeur. Sexe sans limites. J’aime le sexe sans protection. » Mais une fois la proposition indécente acceptée, c’est un tout autre message qui apparaît sur l’écran de l’utilisateur : « Il est difficile de savoir qui est porteur du VIH. Amuse-toi, mais protège-toi. » La mise en garde est accompagnée du hashtag #partiuteste, « C’est parti pour le test », slogan de cette grande campagne de prévention.
Une autre vidéo a également été diffusée avant le carnaval pour faire passer le message.
L’année dernière, avant la coupe du monde de football, une campagne publicitaire avait également mis l’accent sur l’importance du préservatif dans la lutte contre le sida. Avec près de 39 000 nouveaux cas détectés chaque année, le Brésil est particulièrement touché par la maladie, mais c’est également l’un des pays les plus actifs en matière de prévention et de traitement; toute personne atteinte du sida au Brésil bénéficie gratuitement d’un traitement antirétroviral, et la distribution gratuite de préservatifs est constamment en hausse (610 millions distribués en 2013, 104 millions rien que pour le mondial en 2014). A cela s’ajoute la commercialisation pour moins de 4 dollars d’un test de dépistage rapide.
Tinder supprime les comptes fictifs
Alors que les cas de contamination ont augmenté de 32% chez les 15-24 ans sur les dix dernières années, le ministère de la Santé brésilien a donc décidé de se servir des applications de rencontres, particulièrement utilisée par les jeunes, pour sensibiliser son public sur la prévention. Une méthode déjà testée en février dernier par l’agence de pub israélienne GREAT interactive qui avait mis en ligne un spot nommé « The Tinder AIDS Project » destiné à alerter sur les dangers des rapports sexuels non protégés.
Plutôt bien accueilli par les jeunes ayant reçu le message de prévention du ministère, le procédé a en revanche moins plu à Tinder. Le site internet G1 du quotidien brésilien O Globo rapportait ainsi mardi que Rosette Pambakian, responsable de la communication de Tinder, avait averti le ministère de la Santé que les comptes fictifs allaient être supprimés en raison de la violation des conditions d’utilisation. Le tout via Twitter.
Le ministère s’est défendu en expliquant que la campagne n’avait pas vocation à faire de la publicité commerciale, également interdite sur Tinder, mais qu’il s’agissait bien de prévention et de questions de santé d’utilité publique. De son côté, le porte-parole de Hornet Armand du Plessis a confié à The Verge que les comptes n’allaient pas être supprimés, même s’ils enfreignaient les conditions d’utilisation. Il s’agit selon lui d’une « très bonne initiative » et il se dit prêt « à travailler avec le gouvernement brésilien pour améliorer encore la campagne de prévention« .
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