Ce matin, la ville de Bruxelles a été la cible de plusieurs attaques. Le bilan provisoire fait état de plus de 30 morts morts. Nous avons pu contacter une jeune Française qui vit dans la capitale belge.
Ce matin, un peu avant 8 heures, deux explosions ont retenti à l’aéroport Zaventem, à quelques kilomètres du centre de Bruxelles. A 9 h 11, une autre explosion a eu lieu à l’arrêt de métro Maelbeek, au cœur du quartier européen de la capitale belge. Les bilans font pour l’heure état de plus de 30 morts et de 35 blessés causés par l’attaque qui a visé l’aéroport.
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Suzanne, étudiante française en illustration à Bruxelles, n’est pas au courant de ce qui vient de se passer lorsqu’elle part de chez elle à 9 h. “J’ai pris le tram 81 à partir de Ixelles, jusqu’à la gare du Midi, j’y suis arrivé à 9h20, pour faire un changement et prendre le métro 3« . Elle a alors vu quelque chose de « bizarre« .
« Tous les portiques pour accéder aux quais étaient ouverts. Je n’ai pas fait attention, j’y suis allée. Une fois sur le quai, à peine arrivée, un homme avec un gilet jaune nous a demandé de sortir, des gens couraient, d’autre ont soupiré. Moi j’avais mes écouteurs, j’ai juste entendu « Police » et « Evacuez la station ». »
Evacuation et fermeture du métro
Les passagers évacués ont appris peu à peu ce qui venait de se passer. « ‘C’est en envoyant un message à une amie pour dire que je serai en retard en cours que j’ai appris pour les explosions« . D’après elle, les gens autour d’elle étaient perdus et ne savaient pas quoi faire. « Il n’y avait étonnamment aucun taxi, alors que d’habitude il y en a beaucoup. Les seuls que j’ai aperçus, je les ai vu partir sans voyageur. Ils ont peur aussi« .
Suzanne n’est pas retournée chez elle. “J’habite trop loin. Je savais que tous les transports étaient arrêtés, j’ai hésité à prendre le bus, aller en cours quand même ou rejoindre une amie chez elle”. Elle a finalement fait le choix de ne pas se rendre à son école: “Une fois arrivée chez mon amie, je me suis fait harceler de messages par ma famille et mes amis.”
Un climat de peur
L’étudiante semble avoir du mal à réaliser. « Le contraste entre ce matin quand je suis partie en croisant mes colocs et en faisant des blagues, puis quand j’ai compris ce qui s’est passé 20 minutes plus tard… l’horreur« . Elle explique qu’après l’arrestation de Salah Abdeslam il y a quelques jours, l’ambiance n’était pas joyeuse pour autant. “On se doutait qu’il allait se passer quelque chose, on en parlait entre nous. On se disait qu’ils avaient des noms, qu’ils avaient encore des actions à faire à Bruxelles, que son arrestation allait accélérer les choses. Enfin peut-être.”
A l’abri chez son amie, Suzanne suit les instructions du gouvernement relayées par les médias. « On écoute les infos, on nous a dit de rester là où nous étions, de ne pas utiliser les téléphones, et le don du sang fait appel à la population« .
Un sentiment d’impuissance
« Le souci c’est que nous sommes surtout fatigués que ça recommence, que tout se bloque » détaille-t-elle. « On a aussi peur que ça se normalise, qu’on se dise « ah, encore, c’était sûr, fallait bien que ça arrive, on peut rien faire« . On se sent impuissants. » Déjà à Bruxelles au moment des attentats de novembre à Paris, elle explique qu’elle ne ressent pas la même chose. « En novembre, j’avais ce sentiment d’être loin, de savoir que des gens qu’on aime peuvent être en danger, et qu’on ne peut rien faire. Là c’est un peu différent, c’est même l’inverse. On sait qu’il y a toujours une menace… Nous sommes tous paranos, là« .
Suzanne va attendre que les transports fonctionnent de nouveau et reste attentive aux annonces faites à la télévision. Elle a tenté de contacter plusieurs amis, mais certains n’ont pas encore répondu: « Personne ne sait où donner de la tête« .
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