Les procès verbaux des déclarations des membres de l’AFO en révèlent davatange sur les projets terroristes de l’organisation, sa composition et ses moyens : meurtres d’imams, empoisonnement de viande halal, jets de grenades.
« Richelieu« , « Ninon de Lenclos« , « Ferragus« , « de Brissac« , les profils des treize membres de l’organisation « Action des forces opérationnelles » arrêtés entre le 24 juin et le 23 juillet derniers – dix hommes et trois femmes – se dessinent peu à peu alors que Le Monde s’est procuré les premiers procès verbaux de l’enquête. Les opérations envisagées? tuer 200 imams, empoisonner la nourriture halal dans 7 à 8 supermarchés et jeter des grenades sur des cibles musulmanes. Ils sont accusés d' »association de malfaiteurs terroriste criminelle« .
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Ils ont peu de points en communs avec l' »OAS » que le jeune Logan Nisin, arrêté en juin 2017, essayait de constituer dans le but d’abattre Jean-Luc Mélenchon et Christophe Castaner. Le groupe, comme l’avait révélé Marianne était étonnement structuré mais assez jeune. Ici, les mis en examen ont entre 32 et 69 ans, ils viennent de milieux relativement aisés, pour la plupart de région parisienne et forme un groupe aux professions hétéroclites. Son leader Guy Sibra, ayant terminé sa carrière dans la sécurité publique comme brigadier-chef à Marseille, recherchait, pour l’organisation qu’il a fondé, des anciens policiers et militaires : ce sont les cas d' »Achille« , ancien armurier du premier régiment de parachutiste de marine et de « Tommy« , militaire en Afghanistan et artificier du groupe. On trouve aussi une infirmière de 55 ans, un téléopérateur de la compagnie de taxi G7 de 54 ans, un mathématicien de 69 ans…
« J’ai fait ça dans un objectif de protéger ma famille »
Leurs motivations? Les procès-verbaux révèlent un ciment d’attachement à la foi catholique – l’un est adepte de la messe en latin, l’autre l’a découvert lors de sa présence en Afghanistan – et beaucoup en appel au traumatisme des attentats du 13 novembre 2015. Plusieurs avaient des proches au Bataclan ou étaient sur les lieux. Tous se défendent d’islamophobie ou de racisme. Le chef de l’organisation n’est d’ailleurs pas resté longtemps silencieux. En déclarant le 31 juillet au Parisien ne pas être au courant des actions envisagées par le groupe, il se défendait d’être islamophobe se targuant de la présence d’un imam dans l’organisation.
La rhétorique de ce groupe se donnant pour objectif de préparer une « riposte », « massive et imprévue » en cas de nouvelles attaques terroristes sur le territoire national utilise les mêmes excès et éléments de langage que les organisations d’extrême droite des heures sombres de la fin de la guerre d’Algérie : les mis en garde-à-vus avançant l' »autodéfense » et la volonté de « protéger [leurs familles] ». Organisée et précautionneuse, il a fallu que la DGSI, avec l’accord du procureur de la République et en coopération avec le service interministériel d’assistance technique, organise une opération d’infiltration. Le rapport produit de cette mission permet d’analyser les projets du groupe structuré en commanderie à l’échelle nationale et de faire la différence entre les velléités des uns et la volonté de passer à l’acte de certains: deux notamment ont été identifiés comme des menaces réelles.
« Mythos » et « allumés du cerveau »
Des imams dits « intégristes » avaient été repérés mais l’opération avait été annulée du fait de l’amateurisme des membres. Les empoisonnements dans les supermarchés, qui avaient fait reculer certains devant la perspective de s’attaquer à des familles, devaient être menés à bien au mois de septembre 2018 par les femmes de l’organisation: dissimulée par un niqab elles devaient injecter le poison directement dans les barquettes. Les jets de grenades avaient été envisagés par les plus déterminés comme ultime ressort. Nombreuses des réunions de l’organisation lors desquelles étaient abordés ces projets se tenait dans une brasserie à l’angle du Pont Neuf, au coeur de Paris.
Enfin, une dizaine de stage pour « résister à l’islam » ont été organisés à travers la France (self-défense, topographie, usage de la radio…) Un avocat du barreau de Paris, défenseur de Saddam Hussein en 1997 était intervenu lors d’une formation concernant l’attitude à adopter en cas de garde-à-vue. Il recommandait alors le silence. Il avait été désigné « responsable juridique » sous le nom d’Albert de Brissac.
{"type":"Banniere-Basse"}