Le portrait du photographe américain Terry Richardson par le New York Magazine de cette semaine continue de faire couler beaucoup d’encre. Après la réaction générale face au choix de couverture de l’hebdomadaire, les critiques fusent quant au contenu du portrait, rédigé par le journaliste Benjamin Wallace. Depuis plusieurs années, le photographe à succès Terry Richardson […]
Le portrait du photographe américain Terry Richardson par le New York Magazine de cette semaine continue de faire couler beaucoup d’encre. Après la réaction générale face au choix de couverture de l’hebdomadaire, les critiques fusent quant au contenu du portrait, rédigé par le journaliste Benjamin Wallace.
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Depuis plusieurs années, le photographe à succès Terry Richardson est accusé de comportements inappropriés d’ordre sexuel envers les jeunes mannequins qu’il photographie. En connaissance des témoignages de victimes présumées ainsi que de la réputation sulfureuse du photographe, le New York Magazine s’attache à dresser le portrait du photographe controversé. L’annonce de la publication du portrait, mis en une du journal, a suscité une pluie de réactions négatives : « Je ne veux même pas recevoir cette merde demain », érupte un internaute; « mon exemplaire ira direct à la poubelle, » renchérit un autre. « Article répugnant de consensus » selon le site Pajiba, « portrait sinistre » pour Pedestrian, la polémique est annoncée dès le titre : « Terry Richardson est il-un artiste ou un prédateur? »
Suivant la première partie du portrait explorant la jeunesse et les débuts de carrière de Terry Richardson – ancien héroïnomane, sa prédisposition à prendre des photos entièrement nu viendrait du fait qu’il considère la nudité comme une « catharsis de ses problèmes » – le photographe se défend des accusations émises par ses anciens sujets.
« Je n’ai absolument pas de regrets à propos de mon oeuvre […] mais bien évidemment je ne veux pas que quelqu’un soit dans ce cas là. Ça n’a jamais été mon intention. Cependant les gens font des choses, puis ils les regrettent, et tout ça n’a rien à voir avec moi. Qu’ils ne refassent pas ce genre de photos… J’assume complètement tout ce que j’ai accompli, et c’est pour moi la chose la plus importante. »
Il souligne par ailleurs qu’il n’a jamais travaillé seul-à-seul avec un mannequin.
« Ce n’était jamais juste moi et une fille. Il y avait toujours des assistants, ou d’autres gens autour, ou les filles ramenaient des copines. […] C’était un happening, il y avait de l’énergie, c’était fun, c’était excitant de créer ces images fortes. […] C’était juste ça : des gens qui travaillaient ensemble, exploraient leur sexualité et prenaient des photos. »
Mais l’entourage est peut-être un des problèmes majeurs. D’emblée, la puissance du personnage et de ses connections est un facteur disuasif. Mais le sentiment d’être entouré par une équipe tordue renforce conséquemment l’intimidation ressenti par les jeunes mannequins. Jamie Peck, dans sa confession publiée par le webzine Jezebel, décrit une équipe enthousiaste, joyeuse, l’encourageant à se rapprocher de Richardson et se comportant comme si accepter les requêtes sexuelles d’un photographe était la chose la plus naturelle du monde. Le webzine met en avant la différence conséquente de pouvoir qu’il existe entre Richardson – âgé, respecté, influent et fortuné – et la plupart des mannequins qu’il choisit de shooter : l’intimidation et la peur des représailles de la part de l’agence prend alors une place importante lors de la prise de décision, comme l’a souligné la mannequin Rie Rassmussen.
Euphémismes et omissions
Et les écueils du portrait d’être recensés par les médias les plus remontés, les sites Pajiba et Jezebel en tête. Une des supportrices les plus ferventes du style trash du photographe est son ancienne assistante, Alex Bolotow. La jeune fille prend la pose à de nombreuses reprises, dont un cliché marquant où elle délivre une fellation au photographe, le mot « traînée » (slut) écrit au rouge à lèvres sur son front. Le New York Magazine rapporte ses propos : « Je pense qu’une femme forte doit assumer les décisions qu’elle prend au cours de sa vie. Considérer quelqu’un d’autre que soi responsable de ses propres décisions est vraiment lâche et malhonnête. » Cependant, le journaliste omet de préciser que la jeune fille est depuis février la copine officielle du photographe, un détail qui renforce considérablement l’appréciation subjective des faits.
Autre point sujet à caution, le choix de vocabulaire. Ce n’est qu’au sixième paragraphe qu’émergent les premières allusions aux accusations envers le photographe :
« Ces dernières années, un certain nombre de mannequins ont indiqué qu’elles n’étaient pas à l’aise [lors des shootings] »
Comme le souligne Jezebel, « ne pas être à l’aise » sonne comme un euphémisme mal masqué. A la lecture des témoignages, il apparaît que les jeunes mannequins se sentaient respectivement “nerveuse et paralysée”, « comme j’étais brusquement extérieure à la scène », ne voulant pas « se comporter de façon outrée ou inquiète parce que j’étais dans l’appartement d’un mec avec personne d’autre sauf son assistante aussi tarée que lui ». Le jugement tombe dans un article du site Fashionista : « Si le portrait était censé prouver l’innocence de Richardson, on n’est pas trop convaincus. »
Le portrait du New York Magazine sous entend qu’en dépit du rejet de Vogue, Richardson continue ses collaborations avec d’autres publications de renom, dont Harper’s Bazaar. De son côté, le site Buzfeed recense les mannequins ayant eu recours à la justice contre le photographe. Et un tumblr, No More Terry, vient renforcer le rejet institutionnalisé par la pétition diffusée en octobre 2013, qui compte à ce jour presque 34 000 signataires.
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