Les scientifiques s’interrogent sur la disparition des abeilles et sa conséquence : la rupture de la chaîne alimentaire. Un désastre planétaire est en cours.
Des abeilles disparaissent, des ruches sont désertées et c’est le monde qui est dépeuplé… Depuis cinq ans, des colonies entières meurent partout dans le monde, du jour au lendemain, sans qu’on puisse en expliquer simplement les raisons. Il existe un mystère de la disparition des abeilles, derrière lequel se profile un désastre écologique d’une ampleur insoupçonnée.
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Cette énigme scientifique et ses effets dramatiques sur l’écosystème sont analysés avec rigueur dans une enquête de Mark Daniels, parti butiner durant dix-huit mois au cœur du monde des abeilles. Le documentaire ne survole pas son sujet, il le creuse patiemment pour en révéler tous les points sensibles. Les apiculteurs perdent année après année leurs cheptels ; en 2007, le taux de ruches désertées atteignait 80 % dans certains pays. Ce phénomène est baptisé “syndrome d’effondrement des colonies d’abeilles” ou CCD (Colony Collapse Disorder).
Grâce à de nombreux entretiens avec des chercheurs de l’Inra (Institut national de la recherche agronomique), avec des entomologistes et neurobiologistes américains, canadiens ou allemands, mais aussi avec des apiculteurs désemparés, Mark Daniels pose un diagnostic argumenté sur cette étrange disparition.
Si parasites et virus figurent parmi les causes invoquées, le rôle nocif des pesticides néonicotinoïdes semble avéré, notamment le Gaucho ou le Cruiser. A côté de ces pesticides qui affaiblissent l’immunité des abeilles, la question clé de l’agriculture intensive est posée à travers le cas édifiant de la monoculture californienne : en manque d’abeilles depuis 2005, les apiculteurs américains importent dans leurs immenses champs d’amandiers des milliards d’abeilles d’Australie.
Cette transhumance, associée à un mode de culture artificiel, va contre toutes les lois de la nature : les abeilles résistent mal à cet élevage intensif. “Ce n’est plus de l’apiculture, c’est un champ de ruines”, déplore un apiculteur écossais. Toutes ces nuisances, créées par des objectifs inhumains de production, déstabilisent les abeilles. Certains prédisent qu’il n’y aura même plus d’abeilles domestiques aux Etats-Unis en 2035.
Et Mark Daniels de rappeler la centralité de l’abeille dans la chaîne alimentaire grâce au butinage et à la pollinisation : 35 % de la quantité de notre alimentation et 65 % de sa diversité en dépendent. Ce qui fait dire à un biologiste américain qu’avec la disparition soudaine des abeilles “c’est la première fois que la civilisation humaine risque de s’effondrer”. “Nous allons peut-être disparaître à cause des abeilles” prophétise-t-il. Le mystère de la disparition des abeilles touche aussi au mystère de la fragilité des hommes.
Le Mystère de la disparition des abeilles, enquête sur un désastre écologique Documentaire de Mark Daniels. Mardi 18 mai, 20 h 35, Arte. Sortie en DVD le 20 mai.
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