Le Parisien révèle les détails des négociations entre l’homme en noir et le tycoon breton, qui ont rapidement tourné au vinaigre.
« Quoi qu’il arrive, je ne vous oublierai jamais. Pardonnez-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font. Ils ne savent pas qu’ils tuent la télévision. Petit à petit, on crée une télévision bas de gamme, low-cost, qui abrutit les gens au lieu de les élever. » Ce 29 mai, Thierry Ardisson sait qu’il enregistre sa dernière émission des Terriens pour C8. L’homme en noir a appris, il y a quelques jours, qu’il ne figurera pas dans la grille de rentrée de la chaîne cryptée.
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Deux mois après ce coup de tonnerre hertzien, Le Parisien révèle les détails des négociations entre l’animateur et son patron, Vincent Bolloré. Un premier rendez-vous est fixé le 15 mai. Tout commence pourtant bien : les deux hommes se connaissent de longue date. « Ah Thierry ! Mon ami, jamais je n’oublierai que tu m’as reçu dans l’émission Bain de minuit en 1987″, lui glisse l’homme d’affaires dans son bureau, au siège de Vivendi.
Ardisson est catégorique : il ne veut pas baisser son budget de 180 000 euros par émission. Mais les temps sont durs pour la chaîne cryptée, qui prépare un plan de suppression de 500 postes. Bien qu’il se dise attaché à faire une télé de qualité, l’homme en noir semble ouvert à la négociation. La veille de ce rendez-vous du 15, il a proposé aux numéros 2 et 3 de Canal + (dont fait partie la chaîne C8), Gérald-Brice Viret et Frank Cadoret, une formule aménagée : « La déclinaison dominicale des Terriens s’arrête et, en échange, la version du samedi est rallongée (19 heures-22 heures), avec un best of d’une heure le dimanche. Coût de l’opération : 250 000 euros par semaine, soit 20 % de moins que le budget actuel des deux hebdos (10 millions d’euros pour l’ensemble de la saison). Les deux dirigeants acceptent. C’est donc optimiste qu’Ardisson se rend chez Bolloré le lendemain », détaille le quotidien.
“Tu n’es pas dans la grille de rentrée”
Le rendez-vous s’arrête là, Vincent Bolloré explique qu’il doit se renseigner auprès du PDG de Canal +, Maxime Saada sur la faisabilité de l’opération. « Une heure plus tard, Bolloré rappelle Ardisson, poursuit Le Parisien. ‘J’ai eu Michel Sibony (NDLR : le « cost-killer » du groupe) : tu n’es pas dans la grille de rentrée.’ Gloups. Ardisson fulmine, rappelant ce qui a été convenu la veille. Et s’agace contre une décision unilatérale prise par un homme qu’il n’a jamais vu. ‘Je tire ça au clair’, promet Vincent Bolloré, ‘emmerdé’ par ces discussions croisées. »
Mais, en réalité, les dés sont déjà lancés. Vendredi 17 mai, le tycoon breton le rappelle : « On a discuté avec Sibony. Tu as 5 millions pour la saison prochaine. A prendre ou à laisser. » Thierry Ardisson comprend alors que cette offre n’est pas une négociation mais un licenciement détourné. Le lendemain, il prend la décision d’annoncer qu’il est écarté de C8 à la rentrée. Dix jours plus tard, l’homme en noir enregistrera sa dernière émission sur la chaîne de Vincent Bolloré.
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