Oublié le discours sur la sécurité et l’immigration. Nicolas Sarkozy repart à la conquête d’un électorat populaire qui s’est éloigné depuis 2007 du candidat du « travailler plus pour gagner plus« .
Cela faisait longtemps qu’on avait pas vu ces belles images d’un président souriant en compagnie d’ouvriers en bleu de travail. La photo a été prise mardi matin. Nicolas Sarkozy s’est rendu dans les Ardennes, là où en décembre 2006, alors candidat, il avait compati avec « la France qui souffre » et lancé son célèbre slogan « travailler plus pour gagner plus« . Entre temps, a-t-il expliqué mardi lors d’une table ronde avec des élus locaux, il y a eu en 2009 et 2010 « la crise la plus effrayante que le monde ait jamais connue« . « Notre pays s’est retrouvé avec 22% de recettes en moins du jour au lendemain, sans crier gare ! Vous imaginez les conséquences, l’impact« , a-t-il insisté.
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Nicolas Sarkozy a une nouvelle fois expliqué que la France ne pouvait « pas rester à l’écart du changement ».
« Partout dans le monde, les choses changent à une vitesse absolument stupéfiante et les idéologies du XIXe siècle ne sont pas adaptées au XXIe. »
« Les Français ne m’ont pas élu pour que la France tende la main« , a encore lancé un Nicolas Sarkozy très attaché à la défense de sa politique de quasi austérité budgétaire. « Il y a un moment où il faut faire des efforts (…) Le budget de la France est en déficit depuis 35 ans« , a-t-il rappelé.
« On doit le résorber, sous peine de se retrouver dans la situation de la Grèce, du Portugal, de l’Irlande, ou même maintenant des Etats-Unis. »
Mais le chef de l’Etat n’était pas venu avec le seul costume de Père la Rigueur. Depuis plusieurs semaines, l’Elysée et l’UMP ont mis le cap à droite toute, avec un discours musclé sur l’immigration et la sécurité. Cela ne se traduit pas par une amélioration de la cote de Nicolas Sarkozy dans les sondages. Il est même désormais le plus impopulaire des présidents sortants de la Ve République, à un an de l’échéance élyséenne. Le chef de l’Etat a donc replié sa jambe droite – sécuritaire – et déplié sa jambe gauche – sociale – pour tenter de reconquérir les classes populaires et moyennes qui boudent son camp dans les urnes et font peser une très lourde incertitude sur une réélection en 2012.
Par ailleurs, Nicolas Sarkozy n’entend pas laisser le champ social à ses rivaux au sein de la majorité, François Fillon, Jean-Louis Borloo ou Dominique de Villepin.
Lors du déplacement dans les Ardennes, il a donc délivré un message simple :
« Quand il y a la reprise, j’affirme qu’il est normal que les salariés et les ouvriers à qui on a demandé des efforts pendant la crise bénéficient de la reprise, c’est un principe sur lequel je ne céderai pas ».
« Je ne cèderai pas » sur la question du versement de primes aux salariés dans les entreprises distribuant des dividendes à leurs actionnaires, a-t-il précisé. Les modalités relatives à l’octroi de ces primes seront annoncées « d’ici quelques jours. »
Après quelques jours de cafouillages ministériels, le ministre du Budget, François Baroin, a confirmé mardi que le gouvernement s’orientait vers une exonération de charges pour les entreprises qui accompagneraient le versement de dividendes à leurs actionnaires d’une prime pour leurs salariés. Il ne s’est toutefois pas avancé sur un montant précis alors que le chiffre de 1.000 euros avait été évoqué. Pour François Hollande, candidat à la primaire socialiste, cette prime est « un miroir aux alouettes » et une nouvelle « tromperie » de Nicolas Sarkozy, qui n’a de toute façon « pas tenu ses engagements » en matière économique et sociale.
Hélène Fontanaud
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