Le 11 novembre dernier, Alain Soral et Dieudonné lançaient officiellement leur parti politique, Egalité et Réconciliation. Le duo avait cette idée de créer un parti dans lignée de leur “dissidence antisioniste” depuis longtemps. D’un côté, l’ex conseiller de Marine Le Pen et son père, parti du Front National en 2009 ; d’un autre, l’humoriste contesté […]
Le 11 novembre dernier, Alain Soral et Dieudonné lançaient officiellement leur parti politique, Egalité et Réconciliation. Le duo avait cette idée de créer un parti dans lignée de leur « dissidence antisioniste » depuis longtemps. D’un côté, l’ex conseiller de Marine Le Pen et son père, parti du Front National en 2009 ; d’un autre, l’humoriste contesté connu lui aussi pour ses relations avec le FN et pour ses spectacles polémiques. Tous les deux s’étaient présentés sur une « liste antisioniste » aux élections européennes de 2009. S’ils parviennent modérément à rassembler, Libération révèle dans une longue enquête parue ce week-end que même parmi ceux qui les ont un temps soutenus, beaucoup en sont revenus.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Désillusions
Des anciens gardes du corps, Farida Belghoul (à l’initiative des « journées de retrait de l’école »), Marc-Edouard Nabe, Kémi Seba, Etienne Chouard… Tous ont, à un moment ou à un autre, collaboré ou simplement côtoyé Alain Soral ou Dieudonné. Mais depuis quelques temps, ils prennent position pour marquer leurs distances. Etienne Chouard par exemple, économiste militant pour une démocratie directe par tirage au sort, n’a pas cautionné les propos du leader d’Egalité et Réconciliation sur Jean-Pierre Elkabbach et Vladimir Poutine. Dans une interview, Alain Soral qualifiait le journaliste de « sémite » qui s’était « soumis comme une femme » à quelqu’un qui représente « la virilité » et la « race aryenne ». Des propos qu’Etienne Chouard a qualifiés sur son blog de « froidement raciste, sexiste, autoritaire » :
« Je n’avais jamais vu Soral parler comme ça. C’est un peu comme un désaveu, parce que je l’ai entendu maintes fois jurer qu’il n’était pas antisémite. »
L’affaire Binti a également joué en la défaveur de Soral, rapporte Libération. Le militant antisioniste aurait envoyé des messages insultants au mannequin d’origine camerounaise, la traitant de « pute », et s’en prenant dans le même temps aux « juifs » et aux « pédés ». Intolérable pour Kémi Séba, militant radical pour la cause noire.
Dieudonné, bien que plus rassembleur, n’est pas épargné par les critiques.Le rappeur Jérémie Maradas Nado, alias Jo Dalton, qui a un temps assuré son service de sécurité, a lancé « Les Vrais savent », une web TV, sur laquelle il n’hésite pas à tacler son ancien patron :
« Tu passes ton temps à dénoncer mais qu’est-ce que tu as fait concrètement pour les quartiers ? »
« Personne ne connaît réellement Dieudonné et Soral »
Ceux qui ont travaillé avec ou pour eux ont pu voir des faces de leur personnalité que les deux amis tentent aujourd’hui de dissimuler à leurs adhérents. Jo Dalton raconte qu’il n’a jamais été rémunéré pour son travail auprès de l’humoriste. Il évoque aussi des « crânes rasés et des croix gammées » :
« En s’alliant aux fachos, Dieudonné a trahi la cause noire. »
Un autre ex-garde du corps, Jessie, raconte l’envers du décor à la Main d’Or, le théâtre de Dieudonné :
« Des fois, je restais jusqu’à 4 heures du matin pour fermer. Dieudonné et Soral restaient tous les deux à parler : ils racontaient que des conneries sur les juifs. »
Et d’avertir : « Personne ne connaît réellement Dieudonné et Soral ».
Ni l’un ni l’autre, assure Libération, n’a souhaité répondre aux journalistes. Avec leur nouveau parti, ils souhaitent s’écarter du FN. Reste à voir s’ils parviendront à rassembler, ou si au contraire ils provoqueront de nouvelles désillusions. En attendant, Soral comme Dieudonné sont tous deux en proie à la justice : le premier pour incitation à la haine raciale, et le second pour fraude fiscale, blanchiment et abus de bien sociaux.
{"type":"Banniere-Basse"}