La réélection de Barack Obama pourrait fragiliser Benyamin Netanyahou en Israël et sur la scène internationale. Après son soutien au républicain Mitt Romney, il craint désormais une possible « vengeance » de Washington.
En Israël, le succès électoral de Barack Obama n’a pas fait que des heureux. Pour l’actuel Premier ministre, Benyamin Netanyahou, c’est même un véritable échec. Outre ses relations personnelles notoirement mauvaises avec le président américain, son soutien officieux à Mitt Romney lui vaut aujourd’hui une défiance profonde des Etats-Unis. « Il est clair qu’il a misé sur le mauvais cheval et qu’Obama s’en souviendra. Le capital de confiance de Netanyahou à la Maison Blanche a été dilapidé », résume un haut diplomate israélien.
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« Netanyahou s’est décrédibilisé en soutenant Romney »
A l’intérieur même de l’Etat hébreu, on a du mal à pardonner à celui qu’on surnomme « Bibi » ce choix très conservateur. Pour une grande partie des Israéliens, les positions de Mitt Romney sur les droits des femmes, des homosexuels et sur l’égalité sociale apparaissent comme particulièrement rétrogrades.
« Je considère véritablement Mitt Romney comme un fou, explique Tal, 25 ans étudiante à l’Université de Tel Aviv. Je suis choquée que Netanyahou ait choisi de soutenir quelqu’un d’aussi conservateur et étroit d’esprit », s’insurge la jeune femme.
Pour Avi, 34 ans, professeur d’anglais, le constat est le même. Il s’inquiète également du manque de discernement du premier ministre actuel. « Il aurait dû appréhender la situation avec un peu plus de subtilité, se désole-t-il. Je me demande ce que cela révèle de lui en tant qu’homme politique. Pour moi, Netanyahou s’est totalement décrédibilisé en soutenant Romney« , ajoute-t-il.
Mais pour les adversaires politiques de « Bibi », ce faux pas pourrait se transformer en véritable aubaine. L’ancien Premier ministre Ehud Olmert et l’ancienne présidente du parti Kadima (centre droit), Tzipi Livni, brandissent la menace de mauvaises relations israélo américaines pour pouvoir se poser en alternative politique à l’actuel premier ministre. En tout cas, ils comptent bien exploiter l’argument selon lequel celui-ci est personnellement responsable de la dégradation des relations avec Obama.
« En ce moment, ils sont tous en campagne, explique Lior, 28 ans. Tous les candidats essayent de tirer leur épingle du jeu. Résultat, ceux qui aimeraient reprendre le poste de Netanyahou sont ravis de ce couac et voudrait porter cette erreur à son bilan, déjà largement décrié », analyse la jeune femme.
Face au scepticisme de l’opinion et aux critiques de ses adversaires politiques, tous les moyens sont bons pour tenter de rattraper ses erreurs diplomatiques. Après avoir chaleureusement félicité Barack Obama pour sa victoire, Benyamin Netanyahou a tenu à se montrer rassurant : « Je vais continuer à travailler avec le président Obama pour assurer les intérêts vitaux de la sécurité des États-Unis et d’Israël », a-t-il promis dans un communiqué.
Signe que Jérusalem et Washington tentent de renouer le dialogue, le conseiller de sécurité nationale américain s’est entretenu dès le début de la semaine avec son homologue israélien sur les dossiers syrien et iranien. Le retour aux négociations semble essentiel pour les deux pays qui comptent régler rapidement deux questions brûlantes : la question de la colonisation israélienne des territoires palestiniens et celle du nucléaire iranien. Sur le premier point, Barack Obama a plié devant l’insistance israélienne. Il s’est aussi opposé à la demande d’adhésion de la Palestine au statut d’Etat non membre de l’Onu. Mais sur la question du nucléaire iranien, pas question de céder. Benyamin Netanyahou a dû accepter de renvoyer au printemps ou à l’été 2013 une éventuelle attaque contre les installations nucléaires iraniennes. But de ces compromis pour le premier ministre israélien ? Éviter la « vengeance » américaine, mais aussi maintenir sa popularité à deux mois des législatives.
« Pour nous, le soutien des Etats-Unis est fondamental, presque sacré. Si Netanyahou mettait à mal cette alliance, personne ne lui pardonnerait en Israël », résume Tal.
Entre pourparlers stratégiques, volonté de retrouver la confiance du président Obama et échéances électorales, les deux mois à venir seront décisifs pour Benyamin Netanyahou et pour l’avenir politique de l’Etat hébreu.
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