Après avoir confirmé l’authenticité de la vidéo, qui date en réalité de décembre 2017, l’armée israélienne présente ses justifications.
Mardi 10 avril, le gouvernement israélien a réagi à la publication d’une nouvelle vidéo polémique, montrant des soldats tirer sur un Palestinien non armé près de la bande de Gaza, et se féliciter vulgairement de l’avoir touché. La séquence a été diffusée lundi sur la 10, une chaîne de télévision privée, qui n’a pas révélé comment elle l’avait obtenue. La vidéo a ensuite été massivement partagée sur les réseaux sociaux et dans les médias locaux.
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“Bien sûr que j’ai filmé !”
Selon l’Agence France Presse, les images montrent un Palestinien immobile à proximité de la frontière entre Israël et la bande de Gaza. C’est alors qu’il devient la cible de tirs de soldats postés sur le territoire israélien, et est touché par les balles. Dès que le Palestinien tombe au sol, les tireurs s’exclament: « Quelle vidéo, fils de pute, quelle vidéo, bien sûr que j’ai filmé ! » Il est impossible à l’heure actuelle de savoir si le Palestinien atteint par les tirs sur cette séquence est décédé.
Dans la foulée, l’armée israélienne a annoncé l’ouverture d’une « enquête approfondie », après avoir confirmé l’authenticité de la vidéo en question. Selon eux, elle daterait en réalité de décembre 2017. « Après avoir tenté de disperser les émeutiers (…) une balle a été tirée en direction d’un des Palestiniens soupçonné d’être le meneur des émeutiers. Il a été touché à la jambe », peut-on lire dans un communiqué de Tsahal, l’armé israélienne.
« Le sniper devrait recevoir une médaille »
« Le sniper devrait recevoir une médaille et celui qui a filmé être rétrogradé », a de son côté déclaré le ministre de la Défense israélien, Avigdor Lieberman. « On en fait beaucoup trop avec cette vidéo. Il ne s’agit pas de tirs sur n’importe qui, mais sur un terroriste qui s’approche de la barrière dans une zone interdite d’accès et en provenance d’une région contrôlée par les terroristes du Hamas », a affirmé à ce propos Gilad Erdan, le ministre de la Sécurité intérieure.
Même son de cloche pour Naftali Bennett, ministre de l’Education et dirigeant du parti nationaliste religieux Foyer juif. « Juger les soldats parce qu’ils ne se sont pas exprimés de façon élégante alors qu’ils sont en train de défendre nos frontières, ce n’est pas sérieux. Je soutiens tous les soldats », a-t-il fait savoir.
Israël dans la tourmente
Mais ce dérapage risque bien de dégrader encore plus les relations – déjà déplorables – entre Israël et Palestine. « Depuis des lustres, personne ne nous écoute ou ne nous croit à moins que l’on ne présente un document d’origine israélienne », déplore la dirigeante palestinienne Hanane Achraoui, membre du comité exécutif de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP). « La question des tireurs d’élite n’est pas nouvelle et il est temps que le monde croit ce que nous ne cessons de dire », développe-t-elle.
Surtout que le timing ne pouvait guère être plus mauvais pour Israël, qui est accusé d’utilisation abusive de la force par des organisations de défense des droits de l’homme, et est au cœur d’un conflit diplomatique après que 31 Palestiniens aient été tués par des soldats lors de récentes manifestations à la frontière de Gaza. Pourtant, selon Tsahal, les tireurs installés à la frontière n’ont le droit d’ouvrir le feu que si les manifestants sont armés, menacent la vie de soldats, tentent de s’infiltrer en territoire israélien ou de saboter la barrière de sécurité.
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