Beaucoup d’agitation, pas mal d’insultes contre les médias et de batailles de poignées de mains avec des chefs d’Etats. Mais pour quel bilan politique ?
Donald Trump est-il un génie de la communication ? A voir comment ses agitations médiatiques et ses poignées de mains insistantes avec les chefs d’Etats du monde entier couvrent le fait qu’il ne mène à bien que très partiellement les grandes réformes qu’il a promises, on pourrait croire que oui. Alors que le 45e président américain a été élu il y a six mois, son bilan se résume surtout aux affaires qui lui collent à la peau – des soupçons d’ingérence russe dans son élection –, et à ses attaques répétées contre les médias accusés de répandre des « fake news ». D’ailleurs, CNN s’est fendu d’une alerte cinglante et éloquente à ce propos : « En 6 mois, le président Trump a tweeté 991 fois, a passé 40 jours dans les golfs qu’il possède, et a passé 0 réforme majeure ». Voyons tout de même en quelques points ce qu’on peut retenir de ces six mois particulièrement chaotiques pour un début de mandat.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Pretty savage @CNN push alert. pic.twitter.com/xoz9NzKEWo
— Natasha Bertrand (@NatashaBertrand) July 20, 2017
Le ministre de la Justice attaqué
Le milliardaire de 71 ans a tout d’abord eu maille à partir avec la justice, en raison de soupçons de collusion entre des membres de son équipe de campagne et des responsables russes. Ce qui l’a conduit à s’en prendre à son ministre de la Justice, Jeff Sessions, pourtant un de ses fidèles, dans une interview au New York Times le 19 juillet. « Sessions n’aurait jamais dû se récuser, et s’il voulait se récuser, il aurait dû m’en parler avant d’accepter le poste et j’aurai pris quelqu’un d’autre », a déclaré le président, humiliant son ministre. En cause, la décision de Jeff Sessions, en mars dernier, de se retirer de toute enquête sur l’ingérence de la Russie dans la campagne présidentielle (alors que son poste lui permettait de superviser le FBI). Après ce coup de massue, le ministre a annoncé qu’il ne démissionnerait pas pour autant.
Le directeur du FBI, James Comey, limogé
Trump a limogé en mai dernier le directeur du FBI, James Comey. En cause, officiellement, sa mauvaise gestion de l’affaire des e-mails d’Hilary Clinton. “James Comey sera remplacé par quelqu’un qui fera un bien meilleur travail, pour retrouver l’esprit et l’éclat du FBI”, a assuré le président américain sur Twitter.
James Comey will be replaced by someone who will do a far better job, bringing back the spirit and prestige of the FBI.
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) May 10, 2017
Mais James Comey était aussi chargé de l’enquête sur les relations occultes entre des membres de l’administration Trump et la Russie. L’ex-candidat démocrate défait à la primaire pour la présidentielle, Bernie Sanders, a fait part de ses inquiétudes suite à ce licenciement :
« Il est clair que, la personne choisie par le président Trump pour diriger le FBI, quelle qu’elle soit, ne pourra pas mener l’enquête sur la Russie de manière objective. Nous avons besoin d’une enquête indépendante sur les liens entre la campagne de Trump et la Russie.”
We need an independent investigation into the Trump campaign’s ties to Russia.
— Bernie Sanders (@SenSanders) May 9, 2017
>> A lire aussi : FBI vs Trump : en route vers la destitution du président des Etats-Unis
Le fils de Donald Trump interrogé par le Sénat
Autre rebondissement dans cette affaire, le fils aîné de Donald Trump, Donald Trump Junior (ça ne s’invente pas), doit être interrogé par le Sénat la semaine prochaine. En effet, il a avoué avoir participé à une rencontre avec une avocate russe en juin 2016, pour tenter d’obtenir des informations potentiellement compromettantes sur Hillary Clinton.
Des trolls d’extrême droite accrédités à la Maison Blanche
Trump a fait entré dans le vocabulaire courant le terme « fake news ». Et de manière parallèle à ses attaques répétées contre les grands médias, il a fait entrer à la Maison Blanche des trolls d’extrême droite, comme Lucian Wintrich. Leur mission est simple : défendre Trump et déstabiliser la presse traditionnelle, comme nous vous le relations dans notre enquête.
Un comportement cavalier avec le Montenegro, et des batailles de poignées de mains
Sur la forme, le premier semestre du mandat de Trump est évidemment marqué par une gestuelle qui a suscité beaucoup de commentaires. Notamment son fameux « handshake », devenu une arme diplomatique. Longue et humiliante avec le Premier ministre japonais :
Absente avec Angela Merkel :
Retenons également son « tassage » du chef d’Etat du Montenegro lors du sommet de l’Otan à Bruxelles en mai :
Quand Donald #Trump "tasse" cavalièrement un autre chef d'État. pic.twitter.com/ARC9Hi0WrK
— Alexis De Lancer (@AlexisDeLancer) May 25, 2017
Mais peu de réformes sur le fond
Sur le fond, le bilan de Trump est très mitigé, malgré une com’ bien rodée. En effet, le président a essuyé deux camouflets majeurs. La réforme de la santé a échoué pour l’instant, et l’Obamacare n’a pas été abrogé, faute d’avoir convaincu assez de sénateurs (pourtant à majorité républicaine). D’autre part son décret anti-immigration n’a obtenu de la Cour suprême qu’une application partielle, et il n’a pas obtenu d’accord pour financer le mur qu’il veut construire à la frontière avec le Mexique. En revanche, Trump a bel et bien fait passer un décret anti-immigration contre six pays musulmans.
Quelques « succès »
Au nombre des « succès » de Donald Trump, on peut retenir la nomination d’un juge conservateur à la Cour suprême (Neil Gorshuch), et la bonne santé de l’économie. Il relaye d’ailleurs sur Twitter ce graphique de Fox News :
U.S. Markets since election. pic.twitter.com/rlWSt30GUd
— Fox News (@FoxNews) July 15, 2017
« En juste six mois en poste, le président Trump a engagé l’action historique d’éliminer des réglementations inefficaces et coûteuses ayant entravé les Américains travaillant dur », défend l’exécutif.
D’autre part, Trump a annoncé qu’il se retirerait de l’accord de Paris sur le climat. Ce retrait ne sera cependant pas réel avant la prochaine présidentielle, en 2020.
Enfin, en matière de lutte contre l’organisation Etat islamique, le président américain se targue de l’avoir fait reculer. Il s’est d’ailleurs rendu au Pentagone ce 20 juillet pour s’en féliciter. « Nous faisons très bien contre l’EI. L’EI tombe vite, très vite », a-t-il soutenu.
Après six mois, Donald Trump est cependant le président américain le plus impopulaire depuis 70 ans d’après un sondage ABC News-Washington Post : il aurait un taux d’opinions favorables de seulement 36%. Une « fake news », évidemment :
The ABC/Washington Post Poll, even though almost 40% is not bad at this time, was just about the most inaccurate poll around election time!
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) July 16, 2017
Les élections de mi-mandat, qui auront lieu l’année prochaine, diront si la stratégie de M. Trump s’avère payante politiquement…
{"type":"Banniere-Basse"}