Au-delà de la seule primaire, c’est l’avenir de la gauche qui est en jeu. Mais pour battre la droite, elle doit se rassembler.
Nous avions largement évoqué le sujet dans notre numéro précédent : à l’issue de la primaire de la gauche, le grand perdant serait très certainement le Parti socialiste. C’est désormais une réalité. La première place de Benoît Hamon et le désaveu de Manuel Valls font aujourd’hui éclater au grand jour la déliquescence avancée du parti du président Hollande (qui, en voyage officiel au Chili, n’a pas semblé bouleversé par les résultats de ce premier tour).
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En tête donc, Benoît Hamon, un “frondeur” qui aura quitté le gouvernement pour s’opposer très vite à la vision réaliste et parfois très éloignée des valeurs de gauche impulsée par l’ex-Premier ministre Manuel Valls. Qui est lui-même désavoué par les électeurs et va devoir partir à la soupe pour tenter de l’emporter au second tour. Ne parlons même pas de la troisième place d’Arnaud Montebourg qui vient, elle, conclure une campagne catastrophique et une stagnation crasse par rapport à la primaire de 2011. Et Peillon dans tout ça ? Qui ça ? Peillon ?
Hamon est-il plus qu’un simple apparatchik socialiste ?
Bref, un désastre pour toute une génération qui, si elle ne veut pas marginaliser encore plus la gauche, va devoir composer avec les outsiders que sont Macron sur sa droite et Mélenchon sur sa gauche. Et même pas sûr que ces derniers aient envie de faire un geste, vraiment pas sûr du tout. Mélenchon rêve de la fin du PS, et Macron commence déjà à recevoir quelques soutiens pleins d’opportunisme (Royal est déjà “en marche”).
Autre question : Valls a-t-il réellement les épaules pour faire plus ? L’hystérisation de sa campagne, au soir du 22 janvier – il serait le seul capable d’exercer les plus hautes responsabilités –, semble démontrer le contraire. Hamon, lui, est-il plus qu’un simple apparatchik socialiste qui aurait dépassé son niveau de compétence ? Tout reste à prouver, et sa percée pourrait vite ressembler à une victoire à la Pyrrhus.
Que faire, sinon songer dans les plus brefs délais à une recomposition qui pourrait impliquer Aubry, Taubira, les Verts, et pourquoi pas Mélenchon ? La gauche française sera-t-elle ruinée par les ego et les voitures de fonction ? Faut-il la croire assez stupide pour se présenter à la présidentielle en ordre totalement dispersé ? Certains sont-ils assez cyniques pour déjà jouer le coup d’après ? Tout cela ressemble étrangement à une impasse. Il est pourtant encore temps d’en sortir.
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