Avec des tarifs attractifs et des titres sans verrou, Amazon MP3 espère séduire les amateurs de musique. De son côté, Orange table sur l’aspect communautaire de son site.
Le projet de loi Création et Internet, qui se focalise sur le peer to peer et le téléchargement illégal, a aussi pour conséquence de favoriser le développement d’offres légales. Celles-ci n’ont pas attendu la loi pour voir le jour et les solutions légales, payantes ou gratuites, d’achat ou d’écoute en ligne, semblent d’ailleurs attirer de plus en plus d’amateurs. Les ventes de musique numérique ont enregistré en France une croissance de 49 % en 2008 pour atteindre 76 millions d’euros. Ce constat positif a convaincu deux poids lourds de se lancer sur ce créneau avec pour objectif de damer le pion à l’incontournable iTunes d’Apple qui accapare 70 % du marché français : Amazon et Orange. La Fnac vient quant à elle de relifter son offre de téléchargement en intégrant son catalogue MP3 (ex-fnacmusic.com) au coeur de son propre site (fnac.com).
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Quelques mois après son débarquement au Royaume-Uni, le géant américain d’e-commerce s’apprête à lancer en France son service musical Amazon MP3. Cette plateforme dispose de plusieurs atouts pour faire de l’ombre à Apple. Premièrement, son catalogue comprend les artistes de toutes les majors. En janvier, elle a en effet trouvé un accord avec les sociétés de droits d’auteur européens, ainsi qu’avec Universal Music.
“Malgré les incertitudes qui pèsent sur les organismes d’ayants droit et sur les sociétés de perception en Europe, nous sommes heureux d’avoir conclu cet accord avec Amazon Europe. Il est en effet vital de faciliter le développement de nouveaux services en ligne dans un cadre respectueux des auteurs, compositeurs et éditeurs. La Sacem voit en Amazon Europe un acteur clé des médias numériques, une société qui s’attache depuis toujours à respecter les droits des auteurs, des compositeurs et des éditeurs de musique”, a précisé Bernard Miyet, président du directoire de la Sacem. Deuxièmement, son tarif unique serait attractif : 99 centimes le titre. En face, Apple propose des titres à succès à 1,29 euro et les autres entre 69 et 99 centimes. Troisièmement, Amazon afficherait plusieurs millions de morceaux sans DRM (digital rights management, protections anticopies), une décision prise par le site américain dès 2007. Ce n’est peut-être pas un argument déterminant car Apple s’est enfin décidé à supprimer ces verrous numériques qui empoisonnaient la vie des amateurs de musique et qui n’ont pas endigué le fléau du piratage.
Pour contrer l’hégémonie d’iTunes, Orange mise sur un concept différent avec Wor- Mee, une sorte de Deezer et Last.fm avec plus de fonctionnalités. Encore en bêta privé à ce jour (mais son ouverture publique est imminente), ce site permet notamment d’écouter gratuitement de la musique en streaming et d’acheter les morceaux via des services partenaires comme… Music Max d’Orange et iTunes Store. L’aspect communautaire étant à la mode, ce site offre la possibilité aux internautes d’établir leur propre liste d’écoute et de la partager avec des amis ou amateurs du même style de musique. Ces listes pourront être établies à partir du catalogue de quatre millions de chansons de WorMee (qui a passé des accords avec des majors et des indépendants) mais aussi à partir des CD des internautes (à condition que les titres fassent partie des accords signés entre le site et l’industrie musicale). Le financement de la plate-forme s’appuiera sur la publicité et sur la vente de chansons. L’opérateur ne serait pas le seul à se lancer sur ce créneau. MySpace a annoncé il y a quelques mois son intention de proposer un service similaire. Histoire de fidéliser les internautes, Orange proposera aussi un service de radio en ligne. Baptisé Radio- Mee, il permettra d’accéder à près de 4 000 webradios et stations FM en ligne.
Mais le défi sera néanmoins difficile à relever pour Orange et Amazon. Pour deux raisons principales. D’abord, les internautes qui achètent sur iTunes restent fidèles à cette plate-forme quels que soient ses défauts et contraintes. Le quotidien Les Echos cite une étude du NPD Group qui révèle que 10 % seulement des clients d’Amazon MP3 viennent d’iTunes ! Enfin, les Français achètent moins de chansons sur les plates-formes légales que les Anglos-Saxons. L’an passé, il n’y a eu que 25,5 millions de singles et 1,4 million d’albums achetés sur ces sites. Aux Etats-Unis, les différentes offres ont vendu 1,1 milliard de singles et 66 millions d’albums.
Philippe Richard
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