Antoine Compagnon, professeur au Collège de France, explique au « Figaro » que le déclassement du métier d’enseignant est dû à sa « féminisation massive » et que les femmes se tournent vers ce métier parce qu’il leur offre de « nombreuses vacances », un rythme idéal pour « bien s’occuper de leurs enfants ».
Dans le premier paragraphe d’une interview donnée au Figaro sur le métier d’enseignant, Antoine Compagnon, professeur au Collège de France et écrivain, tient des propos pour le moins alarmants sur la place des femmes dans le corps enseignant et, plus généralement, dans la société:
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« Cette déconsidération [pour les enseignants, ndlr] est liée au déclassement social des professeurs, lui-même lié à la massification de l’enseignement. (…) La féminisation massive de ce métier a achevé de le déclasser, c’est d’ailleurs ce qui est en train de se passer pour la magistrature. C’est inéluctable. Un métier féminin reste encore souvent un emploi d’appoint dans un couple. L’enseignement est choisi par les femmes en raison de la souplesse de l’emploi du temps et des nombreuses vacances qui leur permettent de bien s’occuper de leurs enfants. »
Oui, vous avez bien lu.
Le blog « ça fait genre », tenu par une normalienne agrégée de lettres modernes et militante féministe, et qui, comme son nom l’indique est consacré aux études de genre et au féminisme, s’est fendu d’une lettre ouverte à Antoine Compagnon. Son auteur, A.C. Husson, procède à un démontage en règles des propos de l »enseignant avec une bonne dose d’ironie. Ainsi, à la phrase « un métier féminin reste encore souvent un emploi d’appoint dans un couple« , elle répond:
« Je me dis maintenant que cela aurait été un argument de poids pour convaincre mes parents de me laisser faire une 1ère L : « Mais pensez un peu à mon futur mari, si je ne deviens pas prof de français comment je pourrais apporter un salaire d’appoint pour notre foyer ? Et mes robes, je les achèterais comment ? »
Suite à « L’enseignement est choisi par les femmes en raison de la souplesse de l’emploi du temps et des nombreuses vacances qui leur permettent de bien s’occuper de leurs enfants. » elle écrit :
« Et moi qui croyais que ma passion pour ma discipline et l’envie de l’enseigner étaient des raisons nécessaires et suffisantes pour envisager ce métier. Naïve, je vous dis. »
Et de pousser l’argument à bout : « il y a trop de femmes, dites-vous ? Cela dégrade la profession, dites-vous ? Eh bien, empêchons les femmes d’être profs ! » avant de rappeler que David Cameron, Premier ministre britannique, avait proposé au lendemain des émeutes de Londres d’introduire davantage d’enseignants masculins dans les établissements afin de renforcer l’autorité. Conclusion : « Cameron ne parle pas de « déclassement » lui ; il en reste à l’absence d’autorité, à la perte du respect pour les enseignants. Effectivement, difficile, quand on est un utérus sur pattes, d’en imposer devant une classe. Ah, ces utérus. Très utiles décidément. »
Notons au passage que, contrairement à ce que l’on pouvait attendre- le journaliste du Figaro ne rebondit pas sur les sorties d’Antoine Compagnon, se contentant d’embrayer avec la question suivante (« Pourquoi les jeunes respectent-ils moins les professeurs en France qu’ailleurs ? »).
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