Le site ultradroitier, qui a porté Trump jusqu’à sa victoire à la Maison Blanche, voit ses audiences et ses revenus publicitaires s’effondrer à cause des prises de position du Président élu.
Souvenez-vous, c’était il y a seulement sept mois, Donald Trump venait d’être élu 45e président des Etats-Unis, son directeur de campagne, le gourou de la com Steve Bannon, était salué comme l’artisan de sa victoire, et derrière lui, le site qu’il dirigeait, Breitbart News, cartonnait avec 37 millions de visiteurs uniques par mois.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Le monde découvrait alors cette antichambre médiatique du trumpisme, qui a martelé les idées-forces du candidat républicain en surfant sur les peurs des Américains, quitte à distordre la réalité, faisant entrer dans le vocabulaire courant le terme “fake news”.
“Les publicités sur Breitbart chutent de presque 90% en trois mois”
Ses titres ignominieux contre les femmes, les immigrés ou les musulmans, tout comme ses prises de position en faveur des climatosceptiques, semblaient parodiques : “Comment des immigrés musulmans ont dévasté un village”, “La contraception rend les femmes moches et folles”, “Changement climatique : le canular qui nous coûte 4 milliards par jour”… Mais il n’en était rien.
Le New York Times s’étonnait de sa percée inopinée dans le paysage médiatique : “Ce site d’opinion et d’information, qui était hier encore une curiosité d’extrême droite, est maintenant une voix de plus en plus puissante et un point de rencontre virtuel pour des millions de conservateurs mécontents qui ont propulsé Donald Trump candidat des Républicains à la présidence.” La marge était devenue mainstream outre-Atlantique.
Mais alors que Donald Trump fait face à une levée de boucliers de plus en plus massive, notamment depuis sa décision de sortir des accords de Paris sur le climat, Breitbart vacille, comme un symbole. “Les publicités sur Breitbart chutent de presque 90% en trois mois, alors que les problèmes de Trump se multiplient”, constate le site anglais Digiday.
Des audiences qui baissent de 53%
Les chiffres sont éloquents : entre novembre 2016 et avril 2017, les audiences du site fondé par Andrew Breitbart en 2007 ont chuté de 53% selon l’outil de mesure comScore, et il n’y avait plus que 26 marques qui s’affichaient sur ses pages en mai, contre 242 en mars, d’après le logiciel MediaRadar.
En cause, des campagnes militantes encourageant les annonceurs à boycotter le site, et ainsi à le priver de revenus. Les plus actifs de ces activistes 2.0, baptisés les Sleeping Giants, se sont assignés pour mission d’“arrêter la propagation d’informations racistes, sexistes, homophobes et antisémites, en faisant fuir les annonceurs”. Pour cela, ils interpellent massivement les marques présentes sur Breitbart, et qui ignorent souvent la teneur des contenus publiés. Elles seraient 2200 à avoir obtempéré.
En conséquence, là où de grandes firmes comme Mercedes-Benz, Hewlett-Packard ou encore Kellogg’s s’exposaient à l’audience de Breitbart en début d’année, il n’y a plus désormais que des publicités ciblées, et sensiblement connotées politiquement, comme pour American Patriot Daily.
Les activistes ne crient cependant pas victoire, alors que Google ou Amazon s’accrochent au vaisseau amiral de l’extrême droite américaine, et que le magnat Robert Mercer en reste l’un des principaux mécènes. Un des organisateurs des Sleeping Giants confie ainsi : “Pour nous, la victoire signifierait que des entreprises comme Google et Taboola (…) mettent davantage l’accent sur l’éthique que sur les profits.” En attendant, l’hôte de la Maison Blanche mesure peut-être à l’aune de la déconfiture de Breitbart à quel point les mobilisations populaires peuvent entraver son mandat.
{"type":"Banniere-Basse"}