Pour commémorer Mai 68, le festival transdisciplinaire « Mondes possibles », orchestré par le théâtre Nanterre-Amandiers, fait entendre les voix porteuses de nouvelles utopies.
Mai 68. Qu’ils aient des rides sur les joues, soient dans la fleur de l’âge ou même absents à cette époque, difficile pour certains d’évoquer l’évènement sans qu’une larme ne perle aux coins des yeux, qu’un sourire ne moque les espérances déchues ou encore que quelques-uns ne laissent échapper un « dommage, bien essayé » plein d’amertume.
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O combien fantasmé ou mythifié par ceux qui y ont participé, Mai 68, 50 ans après, anime encore des débats houleux quant à son héritage, quant à ce qu’il a permis (libération sexuelle …), invalidé (un renversement du régime) ou a ou non confirmé (l’essor du néolibéralisme). Tout cela forme un bruit d’arrière-fond agité avec lequel les acteurs de la culture ont dû composer pour imaginer une programmation événementielle à l’occasion de l’anniversaire de cet épisode historique, épisode qui suscite autant de crispations que d’enthousiasmes.
Défricher des territoires utopiques
Comment commémorer Mai 68 ? Pour le Théâtre des Amandiers à Nanterre, haut lieu de la transdisciplinarité, il n’est pas question de se complaire dans une restitution pédagogique de l’événement ou d’être nostalgique. Installations, performances, débats, concerts, spectacles, en intérieur et en plein air, le centre dramatique national a choisi d’inviter « différentes créations artistiques dont le point commun est d’interroger et de défricher des territoires utopiques. » Déployé sur avril et mai, l’évènement met en avant des projets qui revisitent l’héritage de Mai 68 à l’aune de notre époque ou esquissent de nouveaux modèles et attitudes.
A l’heure où les alternatives au système économique actuel sont peu entendues, à l’heure où réalisme et pragmatisme résonnent comme les maîtres mots des conduites, l’enjeu est ici, aux Amandiers, de s’inspirer du souffle soixante-huitard, pour penser des nouvelles perspectives, pour ne pas se laisser abattre, pour imaginer des « mondes possibles ». Pour aujourd’hui, pour demain.
L’événement est rythmé par plusieurs temps forts, dont l’exposition 1968 / 2018, des métamorphoses à l’œuvre dans l’espace d’expo La Terrasse, une installation monumentale des frères Chapuisat et deux prises de parole essentielles. Le 3 mai, s’entretiendront l’historien, écrivain et dénonciateur du néo-impérialisme, Tariq Ali, et Angela Davis, militante mythique des Blacks Panthers, mais aussi et surtout théoricienne féministe, portée sur la Théorie Critique, le marxisme et le black feminism.
En mai, des “ateliers de politiques terriennes”, imaginés par Bruno Latour, Frédérique Aït-Touati, Emanuele Coccia, Camille Louis et Speap, invitent tout un chacun à imaginer des cosmogrammes pour aller d’un « monde humain vers un monde plus-qu’humain” et repenser les conditions d’un dialogue fructueux entre humains et non humains. Afin d’imaginer des « mondes possibles ».
Festival Mondes possibles, avril-mai 2018, Nanterre-Amandiers. Le programme complet de l’évènement est ici.
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