Après The Da Vinci Code, la nouvelle adaptation d’un roman de Dan Brown par Ron Howard s’est heurtée à la politique du Vatican, particulièrement stricte en matière d’images, de Jesus et d’images de Jesus.
L’Église catholique n’avait pas oublié le ramdam causé par Dan Brown et son Da Vinci Code. Elle avait assisté, impuissante à la transformation d’un roman à succès en blockbuster suggérant que le messie, en plus de s’être marié avec Marie Madeleine, avait probablement eu des enfants. Pendant l’été 2008, quand le réalisateur Ron Howard avait officiellement demandé au Vatican l’autorisation de filmer Anges & Démons dans les églises de Santa Maria del Popolo et Santa Maria della Vittoria, le diocèse de Rome s’était empressé de lui refuser l’entrée en mode oeil pour oeil, dent pour dent.
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Un veto qui n’a pas empêché l’équipe du film de reconstituer entièrement les lieux en question. Le Guardian vient en effet de révéler les méthodes plutôt chafouines utilisées pour le tournage. Pour récréer les décors, la solution imaginée par Ron Howard et son crew était ambitieuse : envoyer des dizaines de cameramen déguisés en touristes pour prendre plus de 250 000 photos et filmer des dizaines heures de bâtiments. Avec l’aide du digital et des images réunies, les techniciens sont ensuite parvenus à reproduire le Vatican sans l’aval des autorités religieuses.
Ryan Cook, le directeur des effets spéciaux, raconte au magazine italien Ciak comment refaire la place Saint Pierre et les immeubles papaux : « L’interdiction de filmer nous avez mis en face de sérieuses difficultés. Nous n’avions pas pu effectuer les recherches iconographiques nécessaires pour reconstruire le set en studio. Pendant plusieurs semaines nous avons donc envoyé une équipe chargée d’accumuler les informations, au milieu de groupes de touristes. » Normal. Des propos relayés par un Ron Howard faisant le malin dans l’émission américaine Shootout : « Nous n’avons pas tourné ‘officiellement’ à l’intérieur du Vatican. Mais aujourd’hui, on peut faire des caméras vraiment toutes petites.«
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Ces révélations s’ajoutent au climat de controverse qui entoure la nouvelle adaptation d’un roman de Dan Brown. L’Église catholique semble s’être trouvée une nouvelle Gomorrhe en la personne des studios Hollywoodiens prompts à la polémique et habiles en stratégie marketing. « Comportement amoral« , « atteinte aux respect des croyants« , les critiques fusent et semblent faire écho à celles énoncées lors de la sortie de The Da Vinci Code. Le premier film avait néanmoins accumulé en 2006 un total de 758 millions de dollars au box office mondial.
Le diocèse de Rome avait donc fermé ses portes aux producteurs à l’été 2006, le père Marco Fibbi, attaché de presse du Vatican déclarait non sans une certaine rancœur : « En temps normal, nous lisons les scénarii qui nous sont proposés. Là, ce n’était pas nécessaire. Le nom de Dan Brown nous a suffit. La plupart des films reçoivent des autorisations tant qu’ils respectent la tradition de l’Église. Anges & Démons est le vecteur de nombreux fantasmes qui risquent de nuire aux croyances religieuses les plus simples. Comme cela a été le cas pour The Da Vinci Code. »
Il n’était pas le seul à appréhender la sortie du long métrage. Le président de la Ligue Catholique pour les Droits Civils et Religieux, William Donohue, s’est emporté dans une tribune sur le New York Daily News. « Un défi en particulier attend notre nouvel évêque. Dan Brown et Ron Howard ont une nouvelle fois collaboré pour s’attaquer à l’Église catholique avec des fabulations méprisantes. Le message véhiculé est diffamatoire : l’Église catholique qui a combattu pour l’ouverture des Universités au Moyen Âge plus que n’importe quelle institution y est décrite comme le chantre de l’obscurantisme. » Il a ajouté ensuite : « Ron Howard est fou de penser que le Vatican pourrait aimer son travail. Un prêtre canadien en civil s’est infiltré dans l’équipe pendant le tournage à Rome et nous a rapporté combien ils détestaient le catholicisme. Il est temps d’arrêter de raconter des bobards. » Carrément.
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Le Vatican n’est pas en reste et pourrait appeler à un boycott du film. En mars dernier, le journal officiel du Vatican Avvenire écrivait que l’Église ne pouvait pas approuver ce genre de film. Le quotidien La Stampa rapporte les propos de l’évêque Velasio De Paolis qui, lucide, met en garde contre un « effet boomerang » qui donnerait beaucoup trop d’attention à Anges & Démons. Il rappelle le peu d’effet qu’un tel appel avait eu sur la précédente adaptation. Le cardinal Tarcisio Bertone, secrétaire d’Etat du Vatican a lui déclaré que le film était « un pot pourri de mensonges, un cocktail d’inventions fantasmagoriques. » Autre personne concernée, le cardinal de Boston, Sean P. O’Malley, titulaire de l’église Santa Maria della Vittoria à Rome qui est particulièrement surpris de voir ce genre de scène se dérouler dans sa propre paroisse.
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Ron Howard s’est empressé de répondre à ces attaques. Dans un texte posté sur le site du Huffington Post intitulé C’est un thriller, pas une croisade. « Pour 5$ de donation à son organisation, Donohue vous envoie son nouveau pamphlet, Anges & Demons : plus démoniaque qu’angélique. (…) Il nous accuse de mensonges quand, dans la bande annonce, nous mentionnons le massacre des Illuminati, il y a plusieurs siècles de cela. Ce serait mentir que de dire que le film est autre chose qu’un travail de fiction. Si c’était un documentaire, nous aurions parlé volontiers de massacres concernant l’Inquisition. (…) Je crois que M. Donohue et moi avons une chose en commun : nous aimons raconté des histoires fictionnelles, comme il l’a fait dans son livre de propagande mesquin et stupide. (…)Je sais que la foi se construit sur la croyance sans l’observation tangible et qu’un boycott serait l’équivalent d’un déni sans vision préalable. »
Bande annonce :
Alors que le film sera visible en France à partir du 13 mai prochain, Dan Brown vient d’annoncer la sortie d’une nouvelle enquête de l’espiègle professeur Langdon. Intitulé The Lost Symbol, le livre atterrit six ans après le succès de The Da Vinci Code, au moment où Brown apparaît comme le possible « plan de relance » d’un marché du livre au diapason des autres secteurs touchés par la récession. Le roman devrait être disponible dans la langue de Shakespeare courant septembre. Il truste déjà les premières places des commandes chez Barnes & Nobles et Amazon.com.
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