André Santini a a été élu à la tête de la Société du Grand Paris. Mais le député des Hauts-de-Seine ne compte pas pour autant démissionner de l’Assemblée nationale. Son suppléant, Frédéric Lefebvre va encore devoir attendre.
Comme les Inrocks l’avaient annoncé hier, André Santini a été élu à la présidence de la Société du Grand Paris « avec 14 voix, soit l’unanimité », fanfaronne l’intéressé. Avant de nuancer, « à l’unanimité des présents ». Les élus de gauche avaient quitté la séance en signe de protestation, pour dénoncer « une comédie ».
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« Tout ceci, c’est du sur-mesure. J’ai l’impression que ces nominations sont faites pour gérer le personnel des Hauts-de-Seine », commente Claude Bartolone, président PS du Conseil général de Seine-Saint-Denis. « Les élus socialistes se retirent pour ne pas servir de caution à cette désignation. »
Election ou désignation ?
Il est vrai qu’à 15h15, une collaboratrice de Michel Mercier, le ministre en charge du Grand Paris, annonce une conférence de presse « avec le ministre et le Président Santini ». Les Inrocks s’étonnent : « Mais l’élection doit avoir lieu dans plus d’une heure ! » Pas de réponse, la collaboratrice s’éclipse fissa. A 17h, les journalistes sont conviés à s’installer pour la conférence de presse qui commencera une demi-heure plus tard. Sur la table, une étiquette est déjà prête. On peut y lire: « André Santini, président du Conseil de surveillance de la Société du Grand Paris ».
Pour Michel Berson, président PS du Conseil général de l’Essonne, cette affaire rappelle la polémique de l’Epad. « Nous sommes entrés dans la République des copains », s’agace-t-il.
L’intéressé, lui, ne voit pas où est le problème :
« Je n’ai pas été nommé, j’ai été élu. J’ai accepté cette mission parce que je pense pouvoir rendre service et parce que j’ai des relations avec tous les élus ».
Et le décret du gouvernment qui a fait passer l’âge limite de 65 ans à 70 ans pour le président de la Société du Grand Paris, alors qu’André Santini a 69 et 9 mois ? Un cadeau ?
L’élu s’amuse : « C’est un décret. On est en train de revaloriser les seniors. pourquoi voulez-vous que l’âge soit en cause? » (voir la vidéo)
Santini ne compte pas lâcher son siège à Lefebvre
André Santini fait aussi mine de ne pas saisir pourquoi il démissionnerait de ses fonctions de député des Hauts-de-Seine. Pourtant, selon l’article 145 du Code électoral, « sont incompatibles avec le mandat de député les fonctions de président (…) dans les entreprises nationales et établissements publics nationaux; il en est de même de toute fonction exercée de façon permanente en qualité de conseil auprès de ces entreprises ou établissements. L’incompatibilité édictée au présent article ne s’applique pas aux députés désignés (…) du fait d’un mandat électoral local« .
Le député botte en touche. Pour lui, sa présence au conseil de surveillance de la Société du Grand Paris s’explique en tant que maire d’Issy-les-Moulineaux et non comme député des Hauts-de-Seine. Le problème n’existe donc plus à ses yeux. « Il n’y aura sans doute pas, pour l’instant, de démission », répond-il aux Inrocks.
C’est Frédéric Lefebvre qui va être déçu. L’actuel suppléant d’André Santini, qui avait dû précipitamment lui rendre son siège il y a un an, pouvait espérer son départ de l’Assemblée, ce qui aurait provoqué une élection partielle. Mais l’élu du Nouveau Centre ne compte pas lui faire ce joli cadeau, même si, ajoute-t-il goguenard, « Lefebvre a un vrai talent, il mériterait d’être député ».
« Je travaille, moi ! »
André Santini va néanmoins devoir faire un tri parmi toutes ses fonctions. Désormais Président, il est aussi maire d’Issy-les-Moulineaux, député des Hauts-de-Seine, conseiller régional d’ile-de-France, vice-président de la Communauté d’agglomération Grand Paris Seine Ouest (anciennement Arc-de-Seine), Président du SEDIF (Syndicat des eaux d’Ile-de-France) et Président du comité de bassin de l’Agence de l’eau Seine-Normandie. Beaucoup pour un seul homme.
« J’ai quelques fonctions qu’il va falloir aménager, je vais voir », marmonne Santini en conférence de presse. « Je me sens souvent indispensable », s’amuse-t-il.
Difficile pourtant de tout faire rentrer dans une journée de 24 heures :
« Je travaille moi ! Et je passe pour être assez organisé. »
Encore la faute des journalistes qui cherchent toujours la petite bête…
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