Comment avoir son quart de gloire planétaire avec une seule réplique.
Devenue ces jours-ci, par la grâce de l’esprit des réseaux sociaux, un ange maudit de la téléréalité, Nabilla est le visage, nouveau et éternel à la fois, de l’icône télévisuelle. Une icône ironique, modèle radical du kitsch, caricaturée mais forcément adulée, prototype de ces vedettes qu’inventent les émissions de la TNT espérant rallumer les cendres éteintes du Loft, d’où personne n’est vraiment encore sorti.
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Il y a d’ailleurs une Loana dans le corps de Nabilla, star des Anges de la téléréalité sur NRJ 12. Outre la consonance des prénoms (sans nom de famille), elles partagent le même mode de révélation à elles-mêmes et au public : un coït dans une piscine pour l’une, un simple « allô » pour l’autre. Et l’emballement hystérique se déploie de tous côtés, les clics se rajoutant aux clics, les commentaires aux commentaires, les détournements aux détournements ; l’infernale machine à buzz orchestre ses règles absurdes, au-delà de tout esprit de rationalité.
Sur l’échelle des riches terres de la célébrité médiatique, Nabilla a atteint des sommets. Sa confession postrousseauiste – « Non mais allô, quoi ? T’es une fille et t’as pas de shampoing ? Allô ? C’est comme si je te dis, t’es une fille et t’as pas d’cheveux » – vaut presque son autre coup de génie à l’adresse de ses rivales : « Eh là, c’est la guerre mondiale de 78 ! » La « guerre mondiale de 78 » ? Non mais allô, quoi, Nabilla ? Y’a un problème ? Ce mystère créatif de l’énonciation de véritables haïkus comiques se mêle au mystère de sa réception démesurée. Ancienne candidate de L’Amour est aveugle, Nabilla aveugle surtout tout le monde ; dans son halo de lumière, elle a créé son halo de gloire.
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