Après l’assaut de l’armée algérienne, le 17 janvier, contre le groupe islamiste armé qui retenait une centaine d’otages, algériens et étrangers, dans le sud-est de l’Algérie, les critiques ont été vives dans la communauté internationale. Sauf des autorités françaises.
Plusieurs voix se sont fait entendre après l’assaut de l’armée algérienne. Les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et le Japon ont ainsi vivement critiqué l’attaque. David Cameron affirmant le plus clairement à son homologue algérien qu’il aurait souhaité être prévenu en amont. Rien à voir en France.
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Ce 18 janvier, interrogé sur RTL, le ministre de l’Intérieur Manuel Valls se veut lui beaucoup plus conciliant et refuse de partager les critiques des pays occidentaux. « Non. Non d’abord, parce que ce sont des Algériens qui sont concernés avec évidemment des Occidentaux« , répond-il en avançant un premier argument, le passé de l’Algérie. « Ce sont d’abord les Algériens qui ont connu des dizaines de milliers de morts pendant la guerre civile dans les années noires, dans les années 90″. Et d’ajouter un deuxième argument : l’unité de vues entre les deux pays. « Et quand on est confronté au terrorisme, quand en plus on le combat ensemble, j’invite à la prudence quant aux commentaires et aux critiques« , glisse-t-il encore au micro de Jean-Michel Apathie comme pour souligner qu’il n’y a pas une feuille à cigarette entre l’Algérie et la France :
« En matière de lutte contre le terrorisme, il y a évidemment, une solidarité. Vous savez, la lutte contre le terrorisme, ce n’est pas le Nord contre le Sud. Ce n’est pas le monde occidental contre le Maghreb ou l’Afrique. Ce sont toute une série de pays aujourd’hui qui ont souvent les mêmes valeurs qui sont les victimes de ces terrorismes qui doivent combattre ensemble ce terrorisme. »
Solidarité, ensemble… Le champ lexical ne laisse pas de doutes. En somme, Algérie et France, même combat, main dans la main. Quatre heures plus tard, le message est martelé devant les caméras par Jean-Marc Ayrault, au cours de ses vœux à la presse. Premier argument, celui du terrorisme qu’a connu l’Algérie il y a une dizaine d’années. « Depuis le début, je suis avec les ministres concernés en contact régulier avec les autorités de l’Algérie, pays durement éprouvé dans le passé par le terrorisme. » Deuxième argument : une complicité parfaite entre les deux pays : « Et je viens à l’instant de m’entretenir avec le Premier ministre algérien, qui m’a confirmé que l’opération se poursuivait« , ajoute Jean-Marc Ayrault.
Un ministre qui reconnaît la prudence langagière des autorités françaises explique : « On n’a pas intérêt à ouvrir un front avec les algérien en ce moment alors qu’on a mis du temps à essayer de le refermer« . François Hollande s’étant rendu le 19 décembre pour un premier voyage officiel très préparé avec notamment un discours très attendu sur place portant la reconnaissance officielle des souffrances infligées au peuple algérien pendant la colonisation. D’où la volonté aujourd’hui de ne pas mettre en pièces le travail diplomatique mené ces derniers mois. Et puis « ça ne marche pas quand vous arrivez en donnant aux autorités algériennes des leçons sur ce sujet ou sur un autre », poursuit ce membre du gouvernement. Une façon aussi pour la France de se faire entendre sans fermer la porte. « Je pense qu’on a la bonne stratégie », conclut ce ministre.
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