Entre admiration et regard critique, le fondateur de la Ligue communiste révolutionnaire explicite le rapport de son courant politique au castrisme.
Pour notre génération de militants révolutionnaires, Fidel Castro a représenté, avec Che Guevara, la victoire de la Révolution cubaine contre la dictature de Batista. Ils incarnaient à l’époque un socialisme non bureaucratique, différent de sa caricature soviétique, et une forme d’internationalisme qui n’existaient pas ailleurs. Ce sont les grands thèmes qui nous ont mobilisés derrière eux.
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Pour les peuples des pays pauvres, la Révolution cubaine a constitué un exemple particulièrement enthousiasmant. Aussi bien au niveau de l’Afrique que de l’Amérique latine, Fidel a joué un rôle évident dans les luttes de libération. C’était un modèle d’anti-impérialisme, à un moment où il n’y en avait pas.
Absence de liberté et vagues intolérables de répression
On considère cependant de façon critique les dernières années de son règne à Cuba. Rapidement, Fidel Castro, contraint par le blocus américain, s’est rallié à l’Union soviétique et a mis en place un système bureaucratique qui s’est traduit par l’absence de liberté et des vagues intolérables de répression.
Il y a donc deux aspects bien distincts pour nous, chez Fidel Castro. D’un côté, c’est le représentant de l’internationalisme, de la révolution, d’un socialisme populaire ; et de l’autre, c’est celui qui a condamné l’insurrection de Prague en 1968, et a donc approuvé l’intervention des chars soviétiques, et qui a ensuite limité la liberté d’expression, le journalisme, le droit de tendance dans les congrès, etc., à Cuba même.
Les vieux sont plus castristes que les jeunes
Je suis allé à Cuba en 1992. J’ai été invité à venir parler de la IVe Internationale et de ses activités, devant une commission spécialisée sur l’Europe du Parti communiste cubain. Ils m’ont interrogé et je me suis aperçu qu’ils étaient hyper bien informés sur les multiples scissions du mouvement trotskiste, ils étaient très politisés. L’image de Fidel Castro était très forte, mais les vieux sont plus castristes que les jeunes, et je comprends pourquoi.
A la Ligue communiste, on nous appelait les “trotsko-castro-guévaristes”, mais on se définissait plus comme des guévaristes. D’autant que Fidel Castro a plus ou moins condamné le Che Guevara, expulsé de fait de Cuba, avant d’aller en Bolivie constituer un maquis plus que discutable. Ils n’étaient pas d’accord sur le rapport à l’URSS.
Pour nous, la Révolution cubaine a été un espoir très important. Dans un premier temps, nous avons cru à sa “démocratie humaniste”, avant de constater que la réalité était bien différente. Mais nous ne sommes pas près d’oublier tous les acquis, sous le pouvoir de Fidel Castro, en matière de santé, d’enseignement et, notamment, de niveau de vie des habitants. Les Cubains s’en souviennent.
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