Les voitures volantes, ces objets de science-fiction, ne feront bientôt plus seulement partie de notre imaginaire collectif. Plusieurs entreprises ont annoncé se lancer dans la conception de ces engins futuristes, dont la très sérieuse compagnie d’aéronautique Airbus.
La célèbre voiture volante du professeur Marty McFly de Retour vers le futur pourrait bientôt remplacer les vieux taxis de la capitale. Ce projet qu’on croirait sorti d’un film de science-fiction fait partie d’annonces très sérieuses réalisées par le groupe d’aéronautique Airbus dans son magazine interne Forum, en août 2016. Deux engins, aux noms énigmatiques de Vahana et CityAirbus, pourraient arriver plus vite que prévu sur le marché.
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Si Airbus se lance dans ce business un peu particulier, c’est pour faire face aux problèmes liés à la circulation urbaine, qui se révèlent de plus en plus nombreux. Le groupe s’appuie sur l’exemple de la métropole brésilienne Sao Paulo « qui a établi un nouveau record en 2014″. Le trafic sur les routes autour de la ville s’étendait sur 344 kilomètres pendant les heures de pointe. Ce type de blocage couterait 31 milliards de dollars à l’économie brésilienne.
Un taxi volant
Une filiale du constructeur aéronautique spécialisée dans l’innovation, A3, planche sur un « véhicule volant autonome », nommé Vahana, qui pourrait accueillir un passager ou servir pour le transport de marchandise. Les premiers essais de vol sont prévus pour la fin de l’année 2017. Et ce projet n’est pas aussi délirant qu’il en a l’air.
Rodin Lyasoff, son responsable, précise ainsi que « la plupart des technologies nécessaires, comme les batteries, les moteurs et l’avionique (ndlr : système électronique des avions) sont là ». Le seul problème qu’il reste à surmonter est l’implantation d’un système de détection et d’évitement des obstacles, qui commence tout juste à être installé sur les voitures. Le petit véhicule pourrait être commandé à partir d’une application.
Un deuxième projet, qui porte le nom temporaire de CityAirbus, est développé par la filiale Airbus Helicopters depuis deux ans. Il ressemblerait à une sorte de taxi volant qui pourrait accueillir de multiples passagers, contrairement au Vahana. L’idée est pour l’instant secret-défense, mais Marius Bebesel, le responsable du programme Recherche & Innovation de la filiale, a dévoilé le scénario d’utilisation du taxi volant : les clients se serviront d’une application type Uber pour réserver leur place dans un CityAirbus, se déplaceront vers l’héliport le plus proche et s’envoleront vers leur destination.
Le trajet ne coûterait pas plus cher qu’un voyage en taxi, grâce au principe de l’économie de partage. « Un trajet en taxi dans une nouvelle ville est une belle expérience, mais voler au-dessus de cette ville serait beaucoup plus excitant », imagine Marius Bebesel.
Une multitude de projets
Ces projets font déjà grand bruit au sein de la communauté des technophiles, même s’ils ne sont qu’en gestation. Personne n’a encore vu un de ces drones géants voler avec un passager à l’intérieur, ce qui alimente un certain mystère autour de ces voitures volantes.
« Ce serait mentir que de dire que ce n’est pas étonnant, annonce Corentin Durand, journaliste à Numerama et spécialiste des nouvelles technologies. C’est effectivement étonnant déjà parce qu’on en a jamais vu voler, et en plus c’est un motif propre à la science-fiction. Ces espèces de drones qui transportent des humains sont une invention qui reste à réaliser. Il est même difficile de les nommer « drone » car dans sa définition le drone ne transporte pas de passagers. »
Pourtant, aussi étonnant que cela puisse paraître, une multitude d’entreprises ont déjà annoncé avant Airbus la création de véhicules similaires, comme la start-up américaine Zee-Aero, la société slovaque Aeromobil et la compagnie chinoise Ehang. Cette dernière a dévoilé une machine volante, lors du CES, un salon des nouvelles technologies qui s’est tenu à Las Vegas en janvier 2016. L’Ehang 184 ressemble au mélange d’un hélicoptère avec un drone, capable de transporter un passager et un bagage, soit un poids d’une centaine de kilos. Une vidéo présente l’appareil en train de voler mais aucune démonstration n’a été effectuée pendant le salon.
Là où Airbus se démarque de ses concurrents est qu’il est « un groupe industriel réputé sérieux » selon Corentin Durand, ce qui fait donc de lui un « pionnier ». Le journaliste explique que si les prototypes de voitures volantes sont foisonnants, c’est en raison du développement des voitures sans chauffeur et des drones, qui ne sont plus seulement utilisés à des fins de loisir :
« Nous n’avons jamais été aussi proches des premières commercialisations des taxis volants, car un marché est en train de s’ouvrir avec les voitures qui se conduisent seules ou les drones. Aujourd’hui des entreprises comme Amazon et Google s’intéressent à la livraison par drone. En somme ce sont des technologies qui arrivent à un aboutissement grâce à l’amélioration des batteries, de leur autonomie, et de fait on libère l’imagination de chacun. »
Une législation encore absente
Mais avant de voir le ciel sillonné de voitures volantes en tout genre, plusieurs questions se posent, notamment sur la juridiction autour de ces véhicules : seront-ils vraiment autorisés à se déplacer dans le ciel ? Comme ils n’ont pas encore été commercialisés, aucune loi ne les encadre pour l’instant, et tout reste donc à faire. Compte tenu de leur ressemblance avec les drones, ils connaîtront peut-être des restrictions similaires, comme l’interdiction de voler au-dessus de certains endroits, à savoir un parc, un stade ou une plage.
Une autre question se pose pour les chauffeurs, supposés absents des taxis volants. Leur présence sera probablement nécessaire pour que ces véhicules respectent la convention de Vienne, le texte qui régit la circulation routière au niveau mondial. Celui-ci a récemment été modifié, et stipule désormais que pour les voitures sans chauffeur, une personne doit être présente pour contrôler voire désactiver le système de pilotage automatique.
Airbus a précisé qu’un conducteur sera présent pour conduire les premiers taxi volants, mais qu’il laissera rapidement la place au pilote automatique en raison des probables évolutions législatives. A en croire la compagnie d’aéronautique, voler dans une voiture tel Harry Potter et Ron Weasley dans la Chambre des secrets ne sera bientôt plus un rêve.
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