Le 13 mars, Jack Parker, blogueuse féministe et ancienne rédactrice en chef adjointe du site Madmoizelle, raconte l’agression sexuelle qu’elle a subie dans une rame de métro à Paris, et se voit accuser par des internautes d’avoir porté une jupe.
L’histoire de Jack Parker est un bel exemple de culpabilisation des victimes d’agression sexuelle. Le 13 mars, la blogueuse, ex-rédactrice en chef adjointe du site féminin et féministe Madmoizelle, raconte son voyage dans le métro la veille au soir « après une (trop) longue journée« . La rame est bondée et la jeune femme se retrouve collée à « un quadra lambda« . Soudain, l’homme se baisse comme s’il allait ramasser quelque chose par terre. « J’ai senti ses doigts se faufiler sous ma jupe et s’enfoncer dans mon entrejambe, à travers mes collants”, raconte-t-elle.
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Ni une ni deux, elle se retourne, l’attrape par les cheveux et lui assène des coups. En témoigne la photo de ses doigts abîmés postée sur son blog. « Je me suis époumonée pour expliquer rapidement la situation, l’homme a tenté de placer quelques coups, en vain, et je l’ai recadré une dernière fois, juste avant que les portes ne s’ouvrent sur le quai et que deux gentilles paires de bras m’aident à le balancer hors de la rame, où il a dû passer quelques minutes à chercher ses dents avant de ramper jusqu’à son trou pour ne plus jamais en sortir (du moins, c’est tout ce que j’espère). » Elle conclut en lâchant :
« J’en ai ma claque que notre existence soit ponctuée d’événements de ce genre, j’en ai marre de devoir tirer sur ma robe alors que je me trouvais super belle en sortant de chez moi parce qu’un connard m’a fait une remarque ou passe de longues minutes à me dévisager, j’en ai marre de culpabiliser, j’en ai marre de flipper, j’en ai marre de me méfier, j’en ai marre de répondre “ouais, c’est la vie”, j’en ai marre de regarder sans cesse derrière moi quand je rentre tard, j’en ai marre de devoir penser à tous les détails à la con qui pourraient éventuellement m’éviter de me faire agresser ou violer dès que je fous un pied dehors, j’en ai marre de devoir marcher avec de la musique à fond dans les oreilles pour éviter d’entendre les remarques de tous les mecs qui ouvrent leur gueule quand je marche dans la rue, j’en ai marre de me dire que ouais, j’suis prête à me prendre une patate dans la gueule s’il le faut mais que merde, je me laisserai plus faire, c’est fini, parce que bordel de merde je devrais pas avoir à faire tout ça et je devrais pas avoir à accepter le fait que se prendre une mandale est une conséquence normale et qu’après tout, j’aurais mieux fait de laisser couler. Ça me gonfle. »
« Sayait, il fait plus de 20 degrés et sa sort la jupe »
Sauf que, loin de ne susciter que la compassion et/ou la colère, son histoire déchaîne des commentaires haineux qui visent, pour la plupart, à la culpabiliser. La blogueuse répond en publiant des captures d’écran des messages les plus violents dans un nouveau post de blog daté du 14 mars. Tous les stéréotypes sexistes y passent (les messages sont reproduits tels quels):
– Jack Parker ment : « Je ne crois pas du tout à cette histoire »
– Elle fait preuve d’hystérie : « Et puis quand j’ai lu un des derniers paragraphes, j’ai eu la confirmation que c’était de la merde d’hystérique féministe”
– Elle est moche et frustrée : « Vu la gueule de tox que t’as tu devrais te compter chanceuse d’avoir des types comme ça qui enfilent leurs mains dans ta chatte »
– Elle porte une jupe : « Mais après faut pas venir te plaindre si tu te fringues comme une catin, et que tu fous ta jupe dès les premiers rayons de soleil en mode chiennasse » ou « en même temps les meufs vous êtes de plus en plus des putes, sayait il fait plus de 20 degrés et sa sort la jupe tsais.”
La réaction de Jack Parker rappelle celle de Lindsay Bottos. Cette étudiante américaine en arts s’amusait à poster des photos d’elle sur son site, jusqu’au jour où, dégoûtée par la somme de commentaires haineux qui lui étaient adressés, elle a décidé de les coller sur ses photos et de publier le tout sur un nouveau site baptisé Anonymous.
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