France 5 diffuse ce dimanche le documentaire « C’était écrit. Les 10 derniers jours de Marine Le Pen » sur les coulisses du débat d’entre-deux-tours. Yannick Adam de Villiers et Bruce Toussaint sont partis à la rencontre des leaders frontistes qui ont accepté de se livrer à eux.
Dans le documentaire « C’était écrit. Les 10 derniers jours de Marine Le Pen« , la garde rapprochée de Marine Le Pen passe aux aveux, tout en essayant de défendre son chef. « Est-ce qu’on peut juger une personnalité politique, son parcours, je dirais une dizaine d’années, sept à un très haut niveau de responsabilité, sur un seul débat ? », fait mine de s’interroger Nicolas Bay (membre du bureau exécutif du Front national) face à Bruce Toussaint, avant de répondre, « moi je ne le crois pas« . Malgré cette petite manœuvre rhétorique, il y aura sans aucun doute un avant et un après 3 mai 2017 (date du débat du second tour) dans l’histoire du Front national. Divorce avec Florian Philippot, l’homme-à-tout-faire du parti, chute du nombre d’adhérents, dégradation de l’image du parti et de sa présidente, sont autant de conséquences plus ou moins liées à la prestation de la candidate frontiste ce mercredi 3 mai.
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Au long de 92 minutes, Yannick Adam de Villiers et Bruce Toussaint cherchent à expliciter les causes du débat raté de la candidate FN. Comment cette familière des plateaux de télévision, celle dont les talents oratoires sont incontestables, y compris par ses détracteurs, a pu délivrer une prestation si bancale ? On le comprend vite. Marine Le Pen n’a en fait pas préparé son débat. Elle l’a bachoté. A un jour du face à face, Marine Le Pen ne consacre que deux heures à la préparation du débat.
Quelques heures après cette préparation-éclair, Marine Le Pen est interrogée par les journalistes sur ses préparatifs. Trop confiante, la candidate cite le célèbre poète du XVIIe siècle Nicolas Boileau en guise de réponse : « Ce qui se conçoit bien s’énonce clairement et les mots pour le dire viennent aisément« .
Alors qu’Emmanuel Macron a échappé aux radars des médias pour préparer pendant trois jours le débat, la candidate frontiste multiplie les rendez-vous. La veille du débat, elle répond même favorablement à l’invitation du 20 heures de TF1, et enchaine les rendez-vous. « ‘Les Philippot’ l’ont convaincue d’aller visiter une association – je crois – d’Africains totalement inconnue. On lui expliquait que c’était vachement important pour l’image, etc. critique Jean Messiha, avant de conclure, « en réalité, elle aurait mieux fait de se reposer. » Et Gilbert Collard de confirmer : « J’ai pas compris par exemple que la veille du débat on la fasse intervenir dans une réunion tardive où il y avait 50 personnes ».
Le même député du Gard témoigne de l’état de santé de la candidate du parti le lendemain, à savoir le jour du débat. « Elle était frappée par une migraine ophtalmique (…) ce qui est très douloureux, très pénible. On a même envisagé à un moment donné de demander le report du débat » avoue-t-il.
23 avril – 03 : « jusque-là tout va bien »
Pourtant le documentaire montre qu’avant ce débat, la candidate FN avait mené des opérations très réussies. Notamment par rapport à son rival. Au soir du premier tour, Emmanuel Macron s’affiche dans La Rotonde, une célèbre brasserie du 6e arrondissement de Paris aux côtés de nombreuses personnalités politiques et médiatiques. Une large partie des électeurs y ont vu un symbole de l’entre-soi, dont était déjà soupçonné l’ex-banquier.
Mais c’est surtout l' »épisode Whirlpool » qui fut considéré comme une réussite du côté de Le Pen. Le 26 avril, trois jours après le premier tour, Marine Le Pen se rend sur le parking de l’usine Whirlpool où elle est chaleureusement accueillie, et multiplie les selfies. Pendant ce temps-là, Emmanuel Macron rencontre des délégués syndicaux à la Chambre de commerce. Et lorsque le candidat d’En marche se rend à l’usine, il est accueilli par des huées.
On découvre dans le documentaire l’artisan de cette opération frontiste particulièrement réussie : un certain Eric Richermoz, jeune Conseiller régional de Picardie âgé de 24 ans. Le jeune frontiste s’est en effet fait connaître dans un autre contexte. En janvier 2017, le rappeur Gradur l’avait pris en auto-stop et l’a filmé tout au long du trajet.
Quel avenir pour Marine Le Pen ? Jean Marie Le Pen n’exclut rien
En rupture avec sa fille, Jean Marie Le Pen témoigne longuement dans le film. Sur la question de savoir si Marine Le Pen ne s’est pas politiquement suicidée lors de ce débat, le fondateur du Front national estime qu' »en politique rien n’est jamais définitif. Il n’y a que la mort qui rend les choses définitives« .
C’était écrit. Les 10 derniers jours de Marine Le Pen. de Yannick Adam de Villiers et Bruce Toussaint, le 15 avril 2018 à 20h50 sur France 5
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