Et si l’affaire Woerth-Bettencourt annonçait la fin de la Sarkozie et le retour de la gauche en 2012?
L’affaire Woerth-Bettencourt est peut-être en train de faire exploser, sinon la République, au moins la Sarkozie. Deux remarques quand même. Pourquoi hurler aujourd’hui contre le mélange des fonctions de ministre et de trésorier de l’UMP alors que ce conflit d’intérêt existe depuis trois ans ? Presse, opposition et opinion doivent s’interroger sur leur indignation aussi massive que tardive.
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Secundo, plus les extraits des conversations privées entre Liliane Bettencourt et son gestionnaire de fortune sont distillées par Médiapart, plus il apparaît que M. De Maistre montre sa crainte du fisc : objectivement, cette peur constante du gendarme fiscal serait plutôt un indice de la probité de Eric Woerth. Mais en attendant que sa supposée corruption soit formellement prouvée ou infirmée, celui-ci devrait suivre Blanc et Joyandet et démissionner : ce serait politiquement normal, et cela désamorcerait le sentiment déplaisant d’acharnement sur un seul homme qui teinte de populisme la curiosité et la colère légitimes de l’opinion autour de cette affaire.
Evra et Woerth, même combat en somme : ils sont plutôt les symboles d’un collectif qui dysfonctionne (le foot français de haut niveau ici, le système Sarkozy là) que les seuls ou principaux coupables.
Pendant que le pouvoir vacille, Martine Aubry poursuit sa rénovation du PS et affirme vouloir « réparer une France abîmée ». Sur le plan de l’état d’esprit et du style dans l’exercice du pouvoir, on y croit. La gauche à l’Elysée, que ce soit Aubry ou un(e) autre, c’est l’assurance d’en finir avec la vulgarité, les Rolex, le ministère de l’immigration et de l’identité nationale, les coups de kärcher en banlieue, l’appropriation des grands médias audiovisuels et autres joyeusetés du règne de Nico 1er : oui, la France est bien abîmée et la gauche fera forcément mieux.
Sur le plan économique, on y croit moins. La crise, le chômage, la dette relèvent d’une macro-cuisine internationale et complexe qui dépasse de loin la marge de manœuvre des pouvoirs nationaux. Pendant que la France contemple ses clochemerliens conflits, les bourses dévissent : la faute à des signes inquiétants venant de l’économie chinoise, parait-il. Chacun sent confusément que les pays d’Europe sont exposés pour encore un moment à des risques de « type grec ».
Si la gauche revient aux affaires en 2012, la France sera plus digne, plus respirable. Mais le modèle de prospérité économico-financière durable restera à inventer, au niveau européen plutôt que national. Dans un monde dont le centre de gravité économique se déplace vers les grands pays émergents, les petits états-nations d’Europe ne pèsent plus grand-chose tout seuls. Un gouvernement éthiquement exemplaire, ce sera évidemment indispensable, mais pas suffisant.
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