Métisse, androgyne, activiste, en proie à ses émotions, l’Anglaise était au Bread and Butter, à Berlin, pour présenter Gurls Talk, plate-forme participative qu’elle a créée pour échanger sur la place des femmes dans la société.
Qu’est-ce qu’un top model ? Une très belle fille ? Souvent. Quelqu’un qui porte bien les vêtements ? Presque toujours. Mais c’est surtout et avant tout quelqu’un qui concentre dans son visage, son allure, son identité quelques-uns des idéaux et des normes de son époque. Les années 1960 ont eu la maigreur filiforme et androgyne de Twiggy, les années 1980 la moue de Linda Evangelista, les années 1990 et 2000 la dégaine grungy et trash de Kate Moss.
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Si l’on cherchait un visage capable de résumer la fin 2010, il prendrait sûrement les traits d’Adwoa Aboah. Un mannequin anglais, un peu moins grande que la moyenne (1,72 cm, comme Kate), métisse et au style boyish, qui squatte les couvertures des magazines influents (on l’a récemment vue en une du Vogue américain) et les défilés les plus cotés.
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A 25 ans, cette proche d’Edward Enninful, le nouveau rédacteur en chef de Vogue UK, incarne un besoin de diversité croissant dans la mode actuelle, qui, sous la poussée de la génération Z remet en question les normes de beauté traditionnelle et caucasienne, et ouvre ses pages à des sujets sur les minorités, le genre, le féminisme.
“Etre la plus ‘vraie’ possible”
“Cette génération repère l’inauthenticité à des kilomètres. Ils savent ce qu’ils voient et ne se font pas avoir. Tu ne peux pas leur vendre n’importe quoi. J’essaie d’être la plus ‘vraie’ possible”, explique Adwoa. Et peu importe que le mot concentre un des storytellings les plus puissants de l’époque, le nouveau graal, avec la notion d’expérience, que les marques tentent toutes aujourd’hui d’atteindre.
A l’inverse d’une Kate Moss qui forgeait sa légende à force de mystère et de silence, Adwoa parle. De sa voix magnifique, grave, presque voilée, l’Anglaise raconte. Sa naissance dans le Londres huppé et l’aristocratie fashion (sa mère est dénicheuse de talents et son père, agent de photographes), ses addictions dès l’âge de 14 ans, sa tentative de suicide, sa fragilité psychique.
“Je crois que je suis née triste, confie-t-elle. Mais ce n’est pas forcément une mauvaise chose. C’est grâce à ma capacité à autant ressentir les choses que j’ai pu faire Gurls Talk”, poursuit-elle. A sa sortie de cure, Adwoa crée cette plate-forme participative. Elle organise des débats, part à la rencontre de stripteaseuses à L.A. ou échange lors de rencontres bondées, comme au Bread & Butter, à Berlin, où on la rencontre.
Dans ce festival d’un nouveau genre, qui mixe mode et musique, Adwoa est venue parler une heure. Accompagnée d’une thérapeute qui collabore à sa plate-forme et de Maxime, un mannequin trans, elle prêche l’amour et l’acceptation de soi – avec parfois un peu de naïveté.
Mais qu’importe. L’essentiel est finalement de déconstruire une conception de la féminité figée, confinante, et d’“ouvrir les portes à toutes les filles et femmes de toutes couleurs, corpulences, origines, genres. Un espace de parole. C’est ce qui m’a manqué pendant mon adolescence.”
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